HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

APPIEN d'Alexandrie, Histoire romaine - Les guerres civiles, livre I

Chapitre 97-98

  Chapitre 97-98

[1,97] 97. δ', ἐπεί οἱ πάντα, ὡς ἐβούλετο, ἐπὶ τοῖς ἐχθροῖς διῴκητο καὶ πολέμιον οὐδὲν ἦν ἔτι πλὴν Σερτωρίου μακρὰν ὄντος, Μέτελλον μὲν ἐπὶ τοῦτον ἐξέπεμπεν ἐς Ἰβηρίαν, τὰ δ' ἐν τῇ πόλει καθίστατο ἅπαντα ἐφ' ἑαυτοῦ, καθ' ὃν ἐβούλετο τρόπον. Νόμου γὰρ χειροτονίας κλήρου λόγος οὐκ ἦν ἔτι, πεφρικότων ὑπὸ δέους πάντων καὶ κρυπτομένων σιωπώντων· οἳ καὶ πάντα, ὅσα διῴκησεν Σύλλας ὑπατεύων τε καὶ ἀνθυπατεύων, βέβαια καὶ ἀνεύθυνα ἐψηφίζοντο εἶναι εἰκόνα τε αὐτοῦ ἐπίχρυσον ἐπὶ ἵππου πρὸ τῶν ἐμβόλων ἀνέθεσαν καὶ ὑπέγραψαν Κορνηλίου Σύλλα ἡγεμόνος Εὐτυχοῦς. ὧδε γὰρ αὐτὸν οἱ κόλακες, διευτυχοῦντα ἐπὶ τοῖς ἐχθροῖς, ὠνόμαζον· καὶ προῆλθεν ἐς βέβαιον ὄνομα κολακεία. Ἤδη δέ που γραφῇ περιέτυχον ἡγουμένῃ τὸν Σύλλαν Ἐπαφρόδιτον ἐν τῷδε τῷ ψηφίσματι ἀναγραφῆναι, καὶ οὐκ ἀπεικὸς ἐφαίνετό μοι καὶ τόδε, ἐπεὶ καὶ Φαῦστος ἐπωνομάζετο· δύναται δὲ τοῦ αἰσίου καὶ ἐπαφροδίτου ἀγχοτάτω μάλιστα εἶναι τὸ ὄνομα. Ἔστι δ' ὅπου καὶ χρησμὸς αὐτῷ δοθεὶς ἐβεβαίου τάδε σκεπτομένῳ τὰ μέλλοντα. Πείθεὸ μοι, Ῥωμαῖε. Κράτος μέγα Κύπρις ἔδωκεν Αἰνείου γενεῇ μεμελημένη. Ἀλλὰ σὺ πᾶσιν ἀθανάτοις ἐπέτεια τίθει. Μὴ λήθεο τῶνδε· Δελφοῖς δῶρα κόμιζε. Καὶ ἔστι τις ἀμβαίνουσι Ταύρου ὑπὸ νιφόεντος, ὅπου περιμήκετον ἄστυ Καρῶν, οἳ ναίουσιν ἐπώνυμον ἐξ Ἀφροδίτης· πέλεκυν θέμενος λήψῃ κράτος ἀμφιλαφές σοι. Ὁπότερα δ' αὐτῶν ἐψηφίσαντο Ῥωμαῖοι τὴν εἰκόνα τιθέντες, δοκοῦσί μοι παρασκώπτοντες ἐκμειλισσόμενοι τὸν ἄνδρα ἐπιγράψαι. Ἔπεμψε δὲ καὶ στέφανον χρύσεον καὶ πέλεκυν, ἐπιγράψας τάδε· Τόνδε σοι αὐτοκράτωρ Σύλλας ἀνέθηκ', Ἀφροδίτη, σ' εἶδον κατ' ὄνειρον ἀνὰ στρατιὴν διέπουσαν τεύχεσι τοῖς Ἄρεος μαρναμένην ἔνοπλον. [1,97] 97. Après avoir obtenu contre tous ses ennemis le succès de tout ce qu'il avait pu désirer, et lorsqu'il ne lui en resta plus d'autre que Sertorius, qui était très éloigné, il chargea Métellus d'aller le combattre en Ibérie. Quant à l'administration intérieure de la république, il la régla pleinement à son gré. Il ne fut plus question ni de loi, ni d'élection, ni de sort. La terreur glaçant tout le monde, la moitié se cachait, l'autre moitié gardait le silence. Tout ce que Sylla avait fait en qualité de consul ou de proconsul fut déclaré valide et parfaitement légal. On lui décerna une statue équestre en or, qui fut placée en face des rostres. On appliqua à cette statue cette inscription : « Cornélius Sylla, l'heureux général. » C'était le surnom que ses flatteurs lui avaient donné, par allusion à ses succès contre ses ennemis ; et l'adulation le perpétua. J'ai vu un document qui rapportait que le sénatus-consulte qui fut rendu à cette occasion l'avait désigné sous le nom de Sylla Epaphrodite ; ce qui me paraît d'autant plus probable qu'on lui donne aussi l'épithète de Faustus, surnom qui se rapproche singulièrement de aisios (heureux), et de épaphroditos (favori d'Aphrodite). À l'appui de ces surnoms, j'ai vu quelque part un oracle qui avait été rendu pour lui, lorsqu'il eut la curiosité de lire dans l'avenir : « Romain, ajoute foi à ce que je vais te dire. Cypris, qui s'intéresse aux descendants d'Enée, leur a donné une grande puissance. Mais ne laisse pas d'offrir des sacrifices annuels à tous les immortels. N'en oublie aucun. Envoie des offrandes à Delphes. Il est un lieu, pour qui monte, sous le Taurus neigeux, où est située la longue ville des Cariens, qui porte le même nom qu'Aphrodite ; consacres-y une hache, et tu seras rendu invincible. » Au surplus, quel que soit celui de ces surnoms que les Romains aient donné à Sylla dans l'inscription dont il s'agit, ils me paraissent avoir voulu, ou lui lancer une pointe, ou le flagorner. En conséquence de cet oracle, Sylla envoya en effet une couronne d'or et une hache, avec cette inscription : « Aphrodite, voici l'offrande que je t'adresse, moi, Sylla, imperator, puisque je t'ai vue, en songe, combattre à la tête de tes légions, revêtue des armes de Mars. »
[1,98] 98. δὲ ἔργῳ βασιλεὺς ὢν τύραννος, οὐχ αἱρετός, ἀλλὰ δυνάμει καὶ βίᾳ, δεόμενος δ' ἄρα καὶ τοῦ προσποιήματος αἱρετὸς εἶναι δοκεῖν, ὧδε καὶ τόδε ἐμηχανήσατο. Ῥωμαίοις πάλαι κατ' ἀρετὴν ἦσαν οἱ βασιλέες· καὶ ὁπότε τις αὐτῶν ἀποθάνοι, βουλευτὴς ἕτερος παρ' ἕτερον ἐπὶ πέντε ἡμέρας ἦρχεν, ἕως τινὰ ἄλλον δῆμος δοκιμάσειε βασιλεύειν. Καὶ τόνδε τὸν πενθήμερον ἄρχοντα ἰντέρρηγα ἐκάλουν· εἴη δ' ἂν ἐν τοσῷδε βασιλεύς. Ἀρχαιρέσια δ' ὑπάτων οἱ λήγοντες τῆς ἀρχῆς ἀεὶ προυτίθεσαν· καὶ εἴ ποτε κατὰ συντυχίαν ὕπατος οὐκ εἴη, ὅδε ἐν τοσῷδε βασιλεὺς καὶ τότε ἐγίγνετο ἐς τὴν τῶν ὑπάτων χειροτονίαν. Τούτου δὴ τοῦ ἔθους ἐπιβαίνων Σύλλας, ὑπάτων οὐκ ὄντων, ἐπεὶ καὶ Κάρβων ἐν Σικελίᾳ καὶ Μάριος κατὰ Πραινεστὸν ἐτεθνήκεσαν, αὐτὸς μέν που τῆς πόλεως ὑπεξῆλθε, τῇ δὲ βουλῇ προσέταξεν ἑλέσθαι τὸν καλούμενον μεταξὺ βασιλέα. μὲν δὴ Οὐαλέριον Φλάκκον εἵλετο, ἐλπίσασα ὑπάτων προτεθήσεσθαι χειροτονίαν· δὲ Σύλλας ἐπέστελλε τῷ Φλάκκῳ γνώμην ἐς τὸν δῆμον ἐσενεγκεῖν, ὅτι χρήσιμον ἡγοῖτο Σύλλας ἐν τῷ παρόντι ἔσεσθαι τῇ πόλει τὴν ἀρχήν, οὓς ἐκάλουν δικτάτορας, παυσάμενον ἔθος ἐκ τετρακοσίων ἐτῶν· ὃν δὲ ἕλοιντο, ἐκέλευεν ἄρχειν οὐκ ἐς χρόνον ῥητόν, ἀλλὰ μέχρι τὴν πόλιν καὶ τὴν Ἰταλίαν καὶ τὴν ἀρχὴν ὅλην στάσεσι καὶ πολέμοις σεσαλευμένην στηρίσειεν. μὲν δὴ νοῦς τὴν γνώμην ἐς αὐτὸν ἔφερε τὸν Σύλλαν, καὶ οὐδ' ἀμφίβολον ἦν· δὲ Σύλλας οὐ κατασχὼν αὑτοῦ καὶ τοῦτ' ἐν τέλει τῆς ἐπιστολῆς ἀνεκάλυπτεν, ὅτι οἱ δοκοίη μάλιστ' ἂν αὐτὸς τῇ πόλει καὶ ἐν τῷδε γενέσθαι χρήσιμος. [1,98] 98. Cependant Sylla, effectivement roi ou tyran, non pas par élection, mais par force et par violence, sentit qu'il avait besoin de mettre les apparences électives de son côté ; et voici ce qu'il imagina. C'était la vertu qui donnait anciennement des rois aux Romains ; et lorsque le roi régnant venait à mourir, les rênes de l'État passaient successivement, de cinq en cinq jours, entre les mains d'un des membres du sénat, jusqu'à ce que le peuple eût donné un successeur au roi défunt ; et celui qui portait ainsi le sceptre pendant cinq jours, ils l’appelaient interroi, car il était roi pendant cet intervalle. Ensuite, c'étaient toujours les consuls dont la magistrature expirait qui présidaient aux comices pour l'élection des nouveaux consuls ; et lorsque, par événement, il n'y avait pas de consul, on nommait alors aussi un interroi pour tenir les comices consulaires. En conséquence de cet usage, et de la circonstance présente qu'il n'y avait point de consuls, puisque Carbon avait péri en Sicile, et Marius à Préneste, Sylla, étant allé quelque part hors de Rome, envoya ordre au sénat d'élire un interroi. Le sénat élut Valérius Flaccus, espérant qu'il présiderait en effet les comices consulaires. Mais Sylla adressa un messager à Flaccus, pour le charger de dire au peuple que Sylla était d'avis et croyait utile que, dans les circonstances présentes, on conférât à l'un de ceux que l'on appelait dictateurs le gouvernement de la république, chose qu'on n'avait point vue depuis quatre cents ans. Il ajoutait que celui qu'on choisirait devrait exercer le pouvoir non pour un temps déterminé, mais jusqu'à ce que Rome, l'Italie et tout l'empire romain auraient cessé d'être agités par les séditions et les guerres et auraient repris une assiette fixe. On sentit bien que cette suggestion faisait allusion à Sylla lui-même. Il n'y avait pas le moindre doute, car Sylla, se mettant à découvert sans nulle dissimulation, avait marqué à Flaccus, à la fin de sa lettre, qu'il pensait être lui-même le plus apte à rendre service à la république dans cette situation.


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Dernière mise à jour : 13/04/2006