HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

APPIEN d'Alexandrie, Histoire romaine - Les guerres civiles, livre I

Chapitre 95-96

  Chapitre 95-96

[1,95] XI. 95. Καὶ οἵδε μὲν οὕτως ἐγκρατῶς ἀπέθανον· ἠνυσμένων δὲ τῶν ἀμφὶ τὴν Ἰταλίαν πολέμοις καὶ πυρὶ καὶ φόνῳ πολλῷ, οἱ μὲν τοῦ Σύλλα στρατηγοὶ τὰς πόλεις ἐπιόντες τὰ ὕποπτα ἐφρούρουν, καὶ Πομπήιος ἔς τε Λιβύην ἐπὶ Κάρβωνα καὶ ἐς Σικελίαν ἐπὶ τοὺς ἐκεῖ Κάρβωνος φίλους ἐστέλλετο· αὐτὸς δὲ Σύλλας Ῥωμαίους ἐς ἐκκλησίαν συναγαγὼν πολλὰ ἐμεγαληγόρησεν ἐφ' ἑαυτῷ καὶ φοβερὰ ἐς κατάπληξιν εἶπεν ἕτερα καὶ ἐπήνεγκεν, ὅτι τὸν μὲν δῆμον ἐς χρηστὴν ἄξει μεταβολήν, εἰ πείθοιντό οἱ, τῶν δ' ἐχθρῶν οὐδενὸς ἐς ἔσχατον κακοῦ φείσεται, ἀλλὰ καὶ τοὺς στρατηγοὺς ταμίας χιλιάρχους ὅσοι τι συνέπραξαν ἄλλοι τοῖς πολεμίοις, μεθ' ἣν ἡμέραν Σκιπίων ὕπατος οὐκ ἐνέμεινε τοῖς πρὸς αὐτὸν ὡμολογημένοις, μετελεύσεσθαι κατὰ κράτος. Ταῦτα δ' εἰπὼν αὐτίκα βουλευτὰς ἐς τεσσαράκοντα καὶ τῶν καλουμένων ἱππέων ἀμφὶ χιλίους καὶ ἑξακοσίους ἐπὶ θανάτῳ προύγραφεν. Οὗτος γὰρ δοκεῖ πρῶτος, οὓς ἐκόλασε θανάτῳ, προγράψαι καὶ γέρα τοῖς ἀναιροῦσι καὶ μήνυτρα τοῖς ἐλέγχουσι καὶ κολάσεις τοῖς κρύπτουσιν ἐπιγράψαι. Μετ' οὐ πολὺ δὲ βουλευτὰς ἄλλους αὐτοῖς προσετίθει. Καὶ τῶνδε οἱ μὲν ἀδοκήτως καταλαμβανόμενοι διεφθείροντο, ἔνθα συνελαμβάνοντο, ἐν οἰκίαις στενωποῖς ἱεροῖς, οἱ δὲ μετέωροι πρὸς τὸν Σύλλαν φερόμενοί τε καὶ πρὸ ποδῶν αὐτοῦ ῥιπτούμενοι· οἱ δὲ καὶ ἐσύροντο καὶ κατεπατοῦντο, οὐδὲ φωνὴν ἔτι τῶν θεωμένων οὐδενὸς ἐπὶ τοσοῖσδε κακοῖς ἔχοντος ὑπ' ἐκπλήξεως. Ἐξέλασίς τε ἑτέρων ἦν καὶ δήμευσις τῶν ἑτέροις ὄντων. Ἐπὶ δὲ τοὺς τῆς πόλεως ἐκφυγόντας ζητηταὶ πάντα μαστεύοντες διέθεον καὶ ὅσους αὐτῶν λάβοιεν ἀνῄρουν. [1,95] 95. Ce fut ainsi qu'ils eurent le courage de se dévouer à la mort. Lorsque, après tant de guerres, tant d'incendies et tant de torrents de sang répandu, la question eut été réglée en Italie, les chefs du parti de Sylla en parcoururent les villes l'une après l'autre, établissant des garnisons dans celles qui paraissaient suspectes. Pompée fut envoyé en Afrique contre Carbon, et ensuite en Sicile, contre ceux de ses partisans qui s'y étaient réfugiés. Cependant Sylla convoqua lui-même les comices. Il s'y donna à lui-même de très grands éloges, et dit beaucoup d'autres choses propres à inspirer la terreur. Il annonça qu'il avait l'intention d'améliorer la condition du peuple, s'il voulait suivre son impulsion ; mais qu'il n'épargnerait aucun de ses ennemis et les destinait aux pires des maux, et qu'il déploierait tout le pouvoir dont il était armé contre tous préteurs, questeurs, chefs de corps, ou autres qui avaient servi ses ennemis depuis le jour que le consul Scipion viola le traité qu'il avait fait avec lui. Immédiatement après ce discours, il prononça la proscriptions de quarante sénateurs et d'environ seize cents chevaliers. Il paraît qu'il fut le premier à établir une liste avec le nom de ceux qu'il condamnait à mort, et le premier aussi qui assura des honneurs à ceux qui égorgeraient les proscrits, des récompenses à ceux qui révéleraient leurs asiles, et qui prononça des peines contre ceux qui les aideraient à se dérober à sa vengeance. À peu de temps de là, il proscrivit encore d'autres sénateurs ; et plusieurs de ces derniers, pris à l'improviste, furent immolés dans les lieux mêmes où ils furent trouvés, dans leurs maisons, dans les rues, dans les temples. D'autres furent soulevés pour être portés jusqu'à Sylla, et jetés à ses pieds. D'autres furent traînés et outragés de toutes les manières, sans qu'aucun de ceux dont les yeux rencontraient ces spectacles épouvantables osât dire un mot, tant la terreur était profonde. D'autres furent condamnés à l'exil. D'autres eurent leurs biens confisqués. Des perquisiteurs furent mis en campagne, et se répandirent de tous les côtés, pour déterrer ceux qui s'étaient sauvés par la fuite, et ils égorgèrent tous ceux qui leur tombèrent entre les mains.
[1,96] 96. Πολλὴ δὲ καὶ τῶν Ἰταλιωτῶν ἀναίρεσίς τε καὶ ἐξέλασις καὶ δήμευσις ἦν, ὅσοι τι Κάρβωνος Νωρβανοῦ Μαρίου τῶν ὑπ' ἐκείνοις στρατηγούντων ὑπήκουσαν. Κρίσεις τε ἦσαν ἐπὶ τούτοις ἀνὰ τὴν Ἰταλίαν ὅλην πικραὶ καὶ ἐγκλήματα ποικίλα, στρατηγίας στρατείας ἐσφορᾶς χρημάτων ἄλλης ὑπηρεσίας βουλεύσεως ὅλως κατὰ Σύλλα. Ἐγκλήματα δ' ἦν καὶ ξενία καὶ φιλία καὶ δάνεισμα, λαβόντος δόντος, ἤδη δέ τις καὶ προθυμίας μόνης συνοδίας ἡλίσκετο. Καὶ ταῦτ' ἤκμαζε μάλιστα κατὰ τῶν πλουσίων. Ὡς δ' ἐξέλιπε τὰ καθ' ἕνα ἄνδρα ἐγκλήματα, ἐπὶ τὰς πόλεις Σύλλας μετῄει καὶ ἐκόλαζε καὶ τάσδε, τῶν μὲν ἀκροπόλεις κατασκάπτων τείχη καθαιρῶν κοινὰς ζημίας ἐπιτιθεὶς εἰσφοραῖς ἐκτρύχων βαρυτάταις· ταῖς δὲ πλείοσι τοὺς ἑαυτῷ στρατευσαμένους ἐπῴκιζεν ὡς ἕξων φρούρια κατὰ τῆς Ἰταλίας τήν τε γῆν αὐτῶν καὶ τὰ οἰκήματα ἐς τούσδε μεταφέρων διεμέριζεν· καὶ μάλιστ' αὐτοὺς εὔνους αὐτῷ καὶ τελευτήσαντι ἐποίησεν· ὡς γὰρ οὐχ ἕξοντες αὐτὰ βεβαίως, εἰ μὴ πάντ' εἴη τὰ Σύλλα βέβαια, ὑπερηγωνίζοντο αὐτοῦ και μεταστάντος. Καὶ τάδε μὲν ἦν ἀμφὶ τὴν Ἰταλίαν, Κάρβωνα δ' ἐκ Λιβύης ἐς Σικελίαν μετὰ πολλῶν ἐπιφανῶν καὶ ἀπ' αὐτῆς ἐς Κοσσύραν νῆσον ὑποφεύγοντα πέμψας τινὰς Πομπήιος συνέλαβε. Καὶ τοὺς μὲν ἄλλους τοῖς ἄγουσιν ἐκέλευσεν οὐδ' ἐς ὄψιν οἱ προσαχθέντας ἀνελεῖν, Κάρβωνα δὲ παραστησάμενος αὑτοῦ τοῖς ποσὶ δεσμώτην τρὶς ὕπατον ἐπεδημηγόρησε καὶ κατέκανε καὶ τὴν κεφαλὴν ἐς Σύλλαν ἔπεμψεν. [1,96] 96. Ces mesures furent étendues sur les villes de l'Italie. On y égorgea, on y bannit, on y dépouilla de leurs biens tous ceux qui avaient agi sous les ordres de Carbon, de Norbanus, de Marius, et des chefs qui leur étaient subordonnés. On jugea rigoureusement, d'un bout de l'Italie à l'autre, ceux à qui on imputa les diverses actions qui furent traitées de crime, comme d'avoir commandé quelque opération, porté les armes, fourni des contributions, rendu tout autre service, ou même de s'être montrés, par leurs sentiments, contraires au parti de Sylla. Avoir donné ou reçu l'hospitalité, avoir eu des liaisons d'amitié, avoir prêté ou emprunté de l'argent, devinrent des titres d'accusation. On pouvait désormais être arrêté pour avoir témoigné de l'affection, ou simplement pour avoir été compagnon de voyage. C'était principalement contre les riches que ces fureurs étaient dirigées. Lorsqu'elles cessèrent de frapper les individus, elles furent dirigées contre les cités. Sylla étendit sur elles le fléau de sa vengeance. Ici, il fit démolir les citadelles ; là, il fit raser les murailles. Tantôt il imposa des amendes publiques, tantôt il exigea de très onéreuses contributions. Dans la plupart, il établit, en guise de colons, ceux qui avaient combattu pour sa cause, comme pour se ménager des points d'appui par toute l'Italie. Il leur distribua les propriétés foncières et les maisons des proscrits ; aussi lui restèrent-ils attachés même après sa mort. Ils sentirent que la perpétuité de leur possession dépendait du maintien de tout ce qui était l'ouvrage de Sylla ; et ce fut pour cette raison qu'ils lui conservèrent leur dévouement même au-delà du tombeau. Pendant que les choses se passaient ainsi en Italie, Pompée s'empara, par ses émissaires, de la personne de Carbon, qui s'était sauvé d'Afrique en Sicile, et de la Sicile dans l'île de Cossyra , avec plusieurs citoyens de marque. D'après l'ordre qu'il en avait donné, tous les compagnons de Carbon furent égorgés, sans qu'on les lui amenât. Quant à Carbon, il le fit traîner à ses pieds, chargé de chaînes, quoiqu'il eût été trois fois consul ; il prononça une harangue à son propos, le fit égorger, et envoya sa tête à Sylla.


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Dernière mise à jour : 13/04/2006