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[1,77] 77. Σύλλας δ' ἐπὶ φρονήματος ἐπέστέλλε τῇ βουλῇ περί τε αὑτοῦ
καταλέγων, ὅσα περὶ Λιβύην ἐς Ἰογόρθαν τὸν Νομάδα ἔτι ταμιεύων ἢ
ἐπὶ τοῖς Κιμβρικοῖς πρεσβεύων ἢ Κιλικίας ἡγούμενος ἢ ἐν τοῖς
συμμαχικοῖς ἢ ὑπατεύων ἔπραξε, τὰ δ' ἔναγχος ἐς Μιθριδάτην
ὑπερεπαίρων τε μάλιστα καὶ καταλογιζόμενος αὐτοῖς ἀθρόως ἔθνη
πολλά, ὅσα Μιθριδάτου γενόμενα Ῥωμαιοις ἀναλάβοι, καὶ οὐδενὸς
ἧττον, ὅτι τοὺς ἐξελαθέντας ἐκ Ῥώμης ὑπὸ Κίννα καταφυγόντας ἐς
αὑτὸν ὑποδέξαιτο ἀπορουμένους καὶ ἐπικουφίζοι τὰς συμφορὰς αὐτοῖς.
Ἀνθ' ὧν ἔφη τοὺς ἐχθροὺς πολέμιον αὑτὸν ἀναγράψαι καὶ τὴν οἰκίαν
ἀνασκάψαι καὶ τοὺς φίλους ἀνελεῖν, τὴν δὲ γυναῖκα καὶ τέκνα μόλις
πρὸς ἑαυτὸν διαφυγεῖν. Ἀλλ' αὐτίκα καὶ τοῖσδε καὶ τῇ πόλει πάσῃ
τιμωρὸς ἥξειν ἐπὶ τοὺς εἰργασμένους. Τοῖς δ' ἄλλοις πολίταις τε καὶ
νεοπολίταις προύλεγεν οὐδενὶ μέμψεσθαι περὶ οὐδενός.
Ὧν ἀναγινωσκομένων δέος ἅπαντας ἐπεῖχε, καὶ πρέσβεις ἔπεμπον, οἳ
συναλλάξειν αὐτὸν τοῖς ἐχθροῖς ἔμελλον καὶ προερεῖν, εἴ τινος
ἀσφαλείας δέοιτο, τῇ βουλῇ τάχιστα ἐπιστεῖλαι· τοῖς δ' ἀμφὶ τὸν Κίνναν
εἴρητο μὴ στρατολογεῖν, ἕστε ἐκεῖνον ἀποκρίνασθαι. Οἱ δ' ὑπέσχοντο
μὲν ὧδε πράξειν, οἰχομένων δὲ τῶν πρέσβεων ἐς τὸ μέλλον ἑαυτοὺς
ἀνεῖπον ὑπάτους αὐτίκα, τοῦ μὴ διὰ τὰ ἀρχαιρέσια θᾶττον ἐπανήκειν,
καὶ τὴν Ἰταλίαν περιιόντες στρατιὰν συνῆγον, ἣν ἐς Λιβυρνίαν, ὡς
ἐκεῖθεν ἀπαντήσοντες τῷ Σύλλᾳ, κατὰ μέρος ἐπὶ νεῶν διεβίβαζον.
| [1,77] 77. Cependant Sylla adressa au sénat un message écrit d'un ton de
fierté et d'assurance, où il ne parla que de lui. Il y rappela ce qu'il avait
fait, et en Afrique, dans la guerre contre Jugurtha, roi de Numidie,
lorsqu'il n'était encore que questeur, et comme légat, dans la guerre
contre les Cimbres, et durant sa préture en Cilicie, et dans le cours de
la Guerre Sociale, et pendant son consulat. Il fit ensuite le tableau de
ce qu'il venait d'exécuter contre Mithridate. Il en fit sonner haut les
résultats, au milieu de la nomenclature des nations diverses qu'il avait
fait passer de la domination de ce prince sous celle du peuple romain.
Il fit valoir surtout que son camp avait servi de refuge aux malheureux
que Cinna avait exilés, et qu'il avait allégé le poids de leur infortune. Il
ajouta qu'en récompense de toutes ces choses, ses ennemis l'avaient
déclaré ennemi public ; qu'ils avaient fait raser sa maison et donner la
mort à tous ceux qui lui étaient attachés ; que sa femme même et ses
enfants avaient eu beaucoup de peine à venir chercher leur salut
auprès de lui. Il termina en disant qu'incessamment il arriverait pour
venger les victimes individuelles, ainsi que la république entière, des
auteurs de ces attentats, et en promettant d'avance que nul
ressentiment ne serait d'ailleurs exercé ni contre les anciens, ni contre
les nouveaux citoyens. Une terreur universelle suivit la lecture de ce
message. Le sénat envoya à Sylla des députés chargés de négocier
un raccommodement avec ses ennemis, et de lui dire que, s'il croyait
avoir besoin de l'intervention du sénat pour quelque mesure de sûreté
personnelle, il pouvait la lui faire demander au plus tôt. Il fit dire en
même temps à Cinna et à ses partisans de cesser de lever des
troupes, jusqu'à la réponse de Sylla. Ils promirent de cesser en effet.
Mais, après le départ des députés, ils se désignèrent eux-mêmes
comme consuls pour l'année à venir, afin de se dispenser de se rendre
bientôt à Rome à ce sujet ; et cependant, en parcourant l'Italie, ils
levèrent une armée qu'ils embarquèrent par détachements pour la Liburnie,
d'où ils devaient se mettre en marche pour aller à la rencontre de Sylla.
| [1,78] 78. Τὸ μὲν δὴ πρῶτον μέρος εὐσταθῶς διέπλευσε· τῷ δ' ἑξῆς χειμὼν
ἐπέπεσε, καὶ ὅσοι τῆς γῆς ἐλαμβάνοντο, εὐθὺς ἐς τὰς πατρίδας
διεδίδρασκον ὡς οὐ στρατεύσοντες ἑκόντες κατὰ πολιτῶν· οἵ τε λοιποὶ
πυνθανόμενοι ταῦτ' οὐδ' αὐτοὶ περάσειν ἔτι ἔλεγον ἐς τὴν Λιβυρνίαν.
Κίννας δ' ἀγανακτῶν ἐς ἐκκλησίαν αὐτοὺς ὡς ἐπιπλήξων συνεκάλει· καὶ
οἱ σὺν ὀργῇ παρῄεσαν ὡς ἀμυνούμενοι. Τῶν δὲ ῥαβδοφόρων τινὸς
ὁδοποιοῦντος τῷ Κίννᾳ καί τινα τῶν ἐν ποσὶ πατάξαντος, ἕτερος ἐκ τοῦ
στρατοῦ τὸν ῥαβδοῦχον ἐπάταξε. Καὶ Κίννα κελεύσαντος αὐτὸν
συλλαβεῖν βοὴ παρὰ πάντων ἀνέστη, καὶ λίθων ἦσαν ἐπ' αὐτὸν
ἀφέσεις· οἱ δ' ἐγγὺς καὶ τὰ ξιφίδια ἐπισπάσαντες συνεκέντησαν αὐτόν.
Οὕτω μὲν δὴ καὶ Κίννας ὑπατεύων ἀπέθανε· Κάρβων δ' ἔκ τε Λιβυρνίας
τοὺς διαπεπλευκότας ἐς αὐτὴν μετεκάλει καὶ τὰ γιγνόμενα δεδιὼς ἐς τὴν
πόλιν οὐ κατῄει, καὶ πάνυ τῶν δημάρχων αὐτὸν καλούντων ἐπὶ
συνάρχου χειροτονίαν. Ἀπειλησάντων δὲ ἰδιώτην ἀποφανεῖν, ἐπανῆλθε
μὲν καὶ χειροτονίαν προύθηκεν ὑπάτου, ἀπαισίου δὲ τῆς ἡμέρας
γενομένης ἑτέραν προύγραφε· κἀν ταύτῃ κεραυνοῦ πεσόντος ἐς τὸ τῆς
Σελήνης καὶ τὸ τῆς Δήμητρος ἱερὸν οἱ μάντεις ὑπὲρ τὰς θερινὰς τροπὰς
ἀνετίθεντο τὰς χειροτονίας, καὶ μόνος ἦρχεν ὁ Κάρβων.
| [1,78] 78. La première division de leurs troupes fit le trajet avec succès. La
seconde fut arrêtée par une tempête, et tous ceux des soldats déjà
embarqués qui retournèrent à terre s'enfuirent chacun dans son pays,
sous prétexte qu'ils répugnaient à aller combattre contre leurs
concitoyens. Les autres divisions, ayant appris cette défection,
refusèrent également de s'embarquer pour la Liburnie. Cinna, indigné,
assembla les troupes pour les haranguer avec le ton de la menace.
Les troupes, irritées de leur côté, obéirent à la convocation, avec
l'intention de montrer de la résistance. Un des licteurs de Cinna, qui
marchait au-devant de lui pour lui ouvrir le passage, frappa un individu
qui se trouvait sur son chemin. Un des soldats de l'armée frappa de
son côté le licteur. Cinna ordonna que le soldat fût saisi ; une clameur
universelle répondit à cet ordre, et Cinna se vit assaillir à coups de
pierres. Alors les soldats qui l'entouraient mirent le glaive à la main, et
le massacrèrent. Ce fut ainsi que, à son tour, périt Cinna, au milieu de
son consulat. Carbon rappela les troupes qui étaient passées en
Liburnie ; et, craignant les suites de ce qui s'était passé, il ne voulait
pas retourner à Rome, quoique les tribuns du peuple l'y invitassent
avec insistance, pour faire nommer un autre consul en remplacement
de Cinna. Sur la menace qu'ils lui firent de le destituer, il se rendit, et
convoqua les comices pour l'élection d'un consul. Les auspices ne
s'étant pas trouvés favorables au jour marqué pour l'élection, il en
assigna un autre. Mais cet autre jour-là, le feu du ciel étant tombé dans
les enceintes sacrées du temple de la Lune et de celui de Cérès, les
augures reculèrent l'élection jusqu'après le solstice d'été, et Carbon
demeura seul.
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