|
[15] ἵνα τὸν οἶκον τὸν Ἱππονίκου κατάσχοι, ὡς ἐναντίον
πάντων ὑμῶν ἐν τῇ ἐκκλησίᾳ κατηγόρει· καὶ τὰ χρήματα τῷ
δήμῳ ἔδωκεν, εἴ πως τελευτήσειεν ἄπαις, φοβούμενος μὴ
διὰ τὴν οὐσίαν ἀπόλοιτο. Ἀλλὰ μὴν οὐδ' ἔρημος οὐδ'
εὐαδίκητός ἐστιν, ἐπεὶ διὰ τὸν πλοῦτον ἔχει πολλοὺς
τοὺς βοηθήσοντας. Καίτοι ὅστις ὑβρίζει γυναῖκα τὴν
ἑαυτοῦ καὶ τῷ κηδεστῇ θάνατον ἐπιβουλεύει, τί χρὴ
προσδοκᾶν τοῦτον περὶ τοὺς ἐντυχόντας τῶν πολιτῶν
διαπράττεσθαι; Πάντες γὰρ ἄνθρωποι τοὺς οἰκείους
τῶν ἀλλοτρίων ποιοῦνται περὶ πλείονος.
| [15] il médita, pour rester maître de la fortune d'Hipponicos, de
faire périr traîtreusement Callias, comme, celui-ci l'en accusa dans
l'assemblée devant vous tous. Et Callias donna tous ses
biens au peuple s'il venait à mourir sans enfants, car il
craignait que ses richesses ne fussent cause de sa perte.
Eh bien, de celui qui outrage sa femme et médite le
meurtre de son beau-frère, quels procédés faut-il
attendre contre ceux de ses concitoyens qui se trouvent
sur sa route? Car tous les hommes ont plus d'égards
pour leurs parents que pour les étrangers. Et certes
Callias n'est pas un malheureux qu'il soit facile
d'attaquer impunément; sa fortune lui assure de
nombreux défenseurs.
| [16] Ὃ δὲ πάντων δεινότατόν ἐστι, τοιοῦτος ὢν ὡς εὔνους τῷ
δήμῳ τοὺς λόγους ποιεῖται, καὶ τοὺς ἄλλους
ὀλιγαρχικοὺς καὶ μισοδήμους ἀποκαλεῖ. Καὶ ὃν ἔδει
τεθνάναι διὰ τὰ ἐπιτηδεύματα, κατήγορος τῶν
διαβεβλημένων ὑφ' ὑμῶν αἱρεῖται, καί φησι φύλαξ
εἶναι τῆς πολιτείας, οὐδενὶ τῶν ἄλλων Ἀθηναίων οὔτ'
ὅσον ὀλίγῳ πλέον ἀξιῶν ἔχειν· ἀλλ' οὕτω σφόδρα
καταπεφρόνηκεν ὥστε διατετέλεκεν ἁθρόους μὲν ὑμᾶς
κολακεύων, ἕνα δ' ἕκαστον προπηλακίζων.
| [16] Mais ce qu'il y a de plus triste c'est qu'avec de tels sentiments,
Alcibiade se donne, dans ses discours comme un ami de la
démocratie, appelant les autres aristocrates et ennemis
du peuple, et lui qui mériterait la mort pour ses menées,
il est chargé par vous de soutenir les accusations contre
les citoyens suspects; il se prétend le gardien de la
constitution, lui qui ne consent à être l'égal d'aucun
Athénien et qui ne se contente même pas d'une modeste
supériorité; il vous méprise si fort, au contraire, que, s'il
ne cesse pas de vous courtiser en masse, il vous outrage
individuellement.
| | |