[1,18] Ἀναστρέψαντες δὲ ἀπὸ τῆς διώξεως δύο τρόπαια ἐστήσαμεν,
τὸ μὲν ἐπὶ τῶν ἀραχνίων τῆς πεζομαχίας, τὸ δὲ τῆς ἀερομαχίας
ἐπὶ τῶν νεφῶν. ἄρτι δὲ τούτων γινομένων ἠγγέλλοντο ὑπὸ τῶν
σκοπῶν οἱ Νεφελοκένταυροι προσελαύνοντες, οὓς ἔδει πρὸ τῆς
μάχης ἐλθεῖν τῷ Φαέθοντι. καὶ δὴ ἐφαίνοντο προσιόντες, θέαμα
παραδοξότατον, ἐξ ἵππων πτερωτῶν καὶ ἀνθρώπων συγκείμενοι?
μέγεθος δὲ τῶν μὲν ἀνθρώπων ὅσον τοῦ Ῥοδίων κολοσσοῦ ἐξ
ἡμισείας ἐς τὸ ἄνω, τῶν δὲ ἵππων ὅσον νεὼς μεγάλης φορτίδος.
τὸ μέντοι πλῆθος αὐτῶν οὐκ ἀνέγραψα, μή τῳ καὶ ἄπιστον δόξῃ—
τοσοῦτον ἦν. ἡγεῖτο δὲ αὐτῶν ὁ ἐκ τοῦ ζῳδιακοῦ τοξότης. ἐπεὶ
δὲ ᾔσθοντο τοὺς φίλους νενικημένους, ἐπὶ μὲν τὸν Φαέθοντα ἔπεμπον
ἀγγελίαν αὖθις ἐπιέναι, αὐτοὶ δὲ διαταξάμενοι τεταραγμένοις
ἐπιπίπτουσι τοῖς Σεληνίταις, ἀτάκτως περὶ τὴν δίωξιν καὶ
τὰ λάφυρα διεσκεδασμένοις? καὶ πάντας μὲν τρέπουσιν, αὐτὸν δὲ
τὸν βασιλέα καταδιώκουσι πρὸς τὴν πόλιν καὶ τὰ πλεῖστα τῶν
ὀρνέων αὐτοῦ κτείνουσιν? ἀνέσπασαν δὲ καὶ τὰ τρόπαια καὶ
κατέδραμον ἅπαν τὸ ὑπὸ τῶν ἀραχνῶν πεδίον ὑφασμένον, ἐμὲ δὲ
καὶ δύο τινὰς τῶν ἑταίρων ἐζώγρησαν. ἤδη δὲ παρῆν καὶ ὁ
Φαέθων καὶ αὖθις ἄλλα τρόπαια ὑπ´ ἐκείνων ἵστατο.
Ἡμεῖς μὲν οὖν ἀπηγόμεθα ἐς τὸν ἥλιον αὐθημερὸν τὼ χεῖρε
ὀπίσω δεθέντες ἀραχνίου ἀποκόμματι.
| [1,18] Au retour de la poursuite des ennemis, nous dressons deux trophées, l'un sur
la toile d'araignée, pour célébrer le succès de l'infanterie, l'autre sur les
nuées, à cause de notre victoire en l'air. Nous achevions, lorsque des espions
vinrent nous annoncer l'arrivée des Néphélocentaures, qui auraient dû venir
auprès de Phaéthon avant le combat. Nous les voyons arriver, spectacle étrange
d'êtres moitié hommes, moitié chevaux ailés : leur grosseur est telle, que
l'homme qui compose la partie supérieure égale la moitié du colosse de Rhodes,
et les chevaux un gros vaisseau marchand. Leur nombre était si considérable que
je ne l'ai pas écrit, de peur qu'on ne refusât de me croire. Ils avaient à leur
tête le Sagittaire du Zodiaque. Dès qu'ils se furent aperçus de la défaite de
leurs alliés, ils envoyèrent dire à Phaéthon qu'il revint à la charge ;
eux-mêmes s'étant formés en bataille, tombent sur les Sélénites, débandés,
errants, dispersés à la poursuite de leurs ennemis et à la dépouille des morts.
Ils les renversent, donnent la chasse au roi jusqu'à la ville, lui tuent la
meilleure partie de ses vautours, arrachent les trophées, parcourent toute la
plaine qu'avaient tissée les araignées, et me font prisonnier avec deux de mes
compagnons. Phaéthon arrive en ce moment, et nos ennemis, après avoir érigé de
nouveaux trophées, nous emmenèrent prisonniers le même jour dans l'empire du Soleil,
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