[6,3,10] Ταῦτα εἰπὼν σιωπὴν μὲν παρὰ πάντων ἐποίησεν, ἡδομένους δὲ τοὺς
ἀχθομένους τοῖς Λακεδαιμονίοις ἐποίησε. μετὰ τοῦτον Καλλίστρατος ἔλεξεν· «
Ἀλλ᾽ ὅπως μέν, ὦ ἄνδρες Λακεδαιμόνιοι, οὐκ ἐγγεγένηται ἁμαρτήματα καὶ ἀφ᾽
ἡμῶν καὶ ἀφ᾽ ὑμῶν ἐγὼ μὲν οὐκ ἂν ἔχειν μοι δοκῶ εἰπεῖν· οὐ μέντοι οὕτω
γιγνώσκω ὡς τοῖς ἁμαρτάνουσιν οὐδέποτε ἔτι χρηστέον· ὁρῶ γὰρ τῶν
ἀνθρώπων οὐδένα ἀναμάρτητον διατελοῦντα. δοκοῦσι δέ μοι καὶ εὐπορώτεροι
ἐνίοτε γίγνεσθαι ἅνθρωποι ἁμαρτάνοντες, ἄλλως τε καὶ ἐὰν κολασθῶσιν ὑπὸ
τῶν ἁμαρτημάτων, ὡς ἡμεῖς.
(11) Καὶ ὑμῖν δὲ ἔγωγε ὁρῶ διὰ τὰ ἀγνωμόνως πραχθέντα ἔστιν ὅτε πολλὰ
ἀντίτυπα γιγνόμενα· ὧν ἦν καὶ ἡ καταληφθεῖσα ἐν Θήβαις Καδμεία: νῦν γοῦν, ὡς
ἐσπουδάσατε αὐτονόμους τὰς πόλεις γενέσθαι, πᾶσαι πάλιν, ἐπεὶ ἠδικήθησαν
οἱ Θηβαῖοι, ἐπ᾽ ἐκείνοις γεγένηνται. Ὥστε πεπαιδευμένους ἡμᾶς ὡς τὸ
πλεονεκτεῖν ἀκερδές ἐστι νῦν ἐλπίζω πάλιν μετρίους ἐν τῇ πρὸς ἀλλήλους φιλίᾳ
ἔσεσθαι.
(12) Ἂ δὲ βουλόμενοί τινες ἀποτρέπειν τὴν εἰρήνην διαβάλλουσιν, ὡς ἡμεῖς οὐ
φιλίας δεόμενοι, ἀλλὰ φοβούμενοι μὴ Ἀνταλκίδας ἔλθῃ ἔχων παρὰ βασιλέως
χρήματα, διὰ τοῦθ᾽ ἥκομεν, ἐνθυμήθητε ὡς φλυαροῦσι. Βασιλεὺς μὲν γὰρ
δήπου ἔγραψε πάσας τὰς ἐν τῇ Ἑλλάδι πόλεις αὐτονόμους εἶναι· ἡμεῖς δὲ ταὐτὰ
ἐκείνῳ λέγοντές τε καὶ πράττοντες τί ἂν φοβοίμεθα βασιλέα; Ἢ τοῦτο οἴεταί τις,
ὡς ἐκεῖνος βούλεται χρήματα ἀναλώσας ἄλλους μεγάλους ποιῆσαι μᾶλλον ἢ
ἄνευ δαπάνης ἃ ἔγνω ἄριστα εἶναι, ταῦτα ἑαυτῷ πεπρᾶχθαι;
(13) Εἶεν. Τί μὴν ἥκομεν; Ὅτι μὲν οὖν οὐκ ἀποροῦντες, γνοίητε ἄν, εἰ μὲν
βούλεσθε, πρὸς τὰ κατὰ θάλατταν ἰδόντες, εἰ δὲ βούλεσθε, πρὸς τὰ κατὰ γῆν ἐν
τῷ παρόντι. †τί μήν ἐστιν; Εὔδηλον ὅτι εἰ τῶν συμμάχων τινὲς οὐκ ἀρεστὰ
πράττουσιν ἡμῖν ἢ ὑμῖν ἀρεστά. Ἴσως δὲ καὶ βουλοίμεθ᾽ ἂν ὧν ἕνεκα
περιεσώσατε ἡμᾶς ἃ ὀρθῶς ἔγνωμεν ὑμῖν ἐπιδεῖξαι.
(14) Ἵνα δὲ καὶ τοῦ συμφόρου ἔτι ἐπιμνησθῶ, εἰσὶ μὲν δήπου πασῶν τῶν
πόλεων αἱ μὲν τὰ ὑμέτερα, αἱ δὲ τὰ ἡμέτερα φρονοῦσαι, καὶ ἐν ἑκάστῃ πόλει οἱ
μὲν λακωνίζουσιν, οἱ δὲ ἀττικίζουσιν. Εἰ οὖν ἡμεῖς φίλοι γενοίμεθα, πόθεν ἂν
εἰκότως χαλεπόν τι προσδοκήσαιμεν; Καὶ γὰρ δὴ κατὰ γῆν μὲν τίς ἂν ὑμῶν
φίλων ὄντων ἱκανὸς γένοιτο ἡμᾶς λυπῆσαι; Κατὰ θάλαττάν γε μὴν τίς ἂν ὑμᾶς
βλάψαι τι ἡμῶν ὑμῖν ἐπιτηδείων ὄντων;
(15) Ἀλλὰ μέντοι ὅτι μὲν πόλεμοι ἀεί ποτε γίγνονται καὶ ὅτι καταλύονται πάντες
ἐπιστάμεθα, καὶ ὅτι ἡμεῖς, ἂν μὴ νῦν, ἀλλ᾽ αὖθίς ποτε εἰρήνης ἐπιθυμήσομεν. Τί
οὖν δεῖ ἐκεῖνον τὸν χρόνον ἀναμένειν, ἕως ἂν ὑπὸ πλήθους κακῶν ἀπείπωμεν,
μᾶλλον ἢ οὐχ ὡς τάχιστα πρίν τι ἀνήκεστον γενέσθαι τὴν εἰρήνην ποιήσασθαι;
(16) Ἀλλὰ μὴν οὐδ᾽ ἐκείνους ἔγωγε ἐπαινῶ οἵτινες ἀγωνισταὶ γενόμενοι καὶ
νενικηκότες ἤδη πολλάκις καὶ δόξαν ἔχοντες οὕτω φιλονεικοῦσιν ὥστε οὐ
πρότερον παύονται, πρὶν ἂν ἡττηθέντες τὴν ἄσκησιν καταλύσωσιν, οὐδέ γε τῶν
κυβευτῶν οἵτινες αὖ ἐὰν ἕν τι ἐπιτύχωσι, περὶ διπλασίων κυβεύουσιν· ὁρῶ γὰρ
καὶ τῶν τοιούτων τοὺς πλείους ἀπόρους παντάπασι γιγνομένους.
(17) Ἂ χρὴ καὶ ἡμᾶς ὁρῶντας εἰς μὲν τοιοῦτον ἀγῶνα μηδέποτε καταστῆναι, ὥστ᾽
ἢ πάντα λαβεῖν ἢ πάντ᾽ ἀποβαλεῖν, ἕως δὲ καὶ ἐρρώμεθα καὶ εὐτυχοῦμεν, φίλους
ἀλλήλοις γενέσθαι. Οὕτω γὰρ ἡμεῖς τ᾽ ἂν δι᾽ ὑμᾶς καὶ ὑμεῖς δι᾽ ἡμᾶς ἔτι μείζους ἢ
τὸν παρελθόντα χρόνον ἐν τῇ Ἑλλάδι ἀναστρεφοίμεθα. »
(18) Δοξάντων δὲ τούτων καλῶς εἰπεῖν, ἐψηφίσαντο καὶ οἱ Λακεδαιμόνιοι
δέχεσθαι τὴν εἰρήνην, ἐφ᾽ ᾧ τούς τε ἁρμοστὰς ἐκ τῶν πόλεων ἐξάγειν, τά τε
στρατόπεδα διαλύειν καὶ τὰ ναυτικὰ καὶ τὰ πεζικά, τάς τε πόλεις αὐτονόμους
ἐᾶν. Εἰ δέ τις παρὰ ταῦτα ποιοίη, τὸν μὲν βουλόμενον βοηθεῖν ταῖς ἀδικουμέναις
πόλεσι, τῷ δὲ μὴ βουλομένῳ μὴ εἶναι ἔνορκον συμμαχεῖν τοῖς ἀδικουμένοις.
(19) Ἐπὶ τούτοις ὤμοσαν Λακεδαιμόνιοι μὲν ὑπὲρ αὑτῶν καὶ τῶν συμμάχων,
Ἀθηναῖοι δὲ καὶ οἱ σύμμαχοι κατὰ πόλεις ἕκαστοι. ἀπογραψάμενοι δ᾽ ἐν ταῖς
ὀμωμοκυίαις πόλεσι καὶ οἱ Θηβαῖοι, προσελθόντες πάλιν τῇ ὑστεραίᾳ οἱ
πρέσβεις αὐτῶν ἐκέλευον μεταγράφειν ἀντὶ Θηβαίων Βοιωτοὺς ὀμωμοκότας. Ὁ
δὲ Ἀγησίλαος ἀπεκρίνατο ὅτι μεταγράψει μὲν οὐδὲν ὧν τὸ πρῶτον ὤμοσάν τε
καὶ ἀπεγράψαντο· εἰ μέντοι μὴ βούλοιντο ἐν ταῖς σπονδαῖς εἶναι, ἐξαλείφειν ἂν
ἔφη, εἰ κελεύοιεν.
(20) Οὕτω δὴ εἰρήνην τῶν ἄλλων πεποιημένων, πρὸς δὲ Θηβαίους μόνους
ἀντιλογίας οὔσης, οἱ μὲν Ἀθηναῖοι οὕτως εἶχον τὴν γνώμην ὡς νῦν Θηβαίους τὸ
λεγόμενον δὴ δεκατευθῆναι ἐλπὶς εἴη, αὐτοὶ δὲ οἱ Θηβαῖοι παντελῶς ἀθύμως
ἔχοντες ἀπῆλθον.
| [6,3,10] Ce discours fut suivi d'un silence général et fit plaisir à ceux qui étaient fâchés contre les
Lacédémoniens. Après Autoclès, Callistratos prit la parole et dit : « Qu'il y ait eu,
Lacédémoniens, des fautes et de notre côté et du vôtre, je ne saurais le nier; mais je ne pense
pas pour cela qu'il ne faille jamais plus avoir de rapport avec les gens qui en ont commis; car je
ne vois pas d'homme au monde qui n'ait jamais failli. Je crois même que, lorsqu'on commet des
fautes, on n'en devient parfois que plus traitable, surtout si l'on est puni par ses fautes mêmes,
comme nous l'avons été.
11. Je vois que vous aussi, vous avec subi plus d'une fois le contre-coup d'actions
inconsidérées; telles que fut la prise de la Cadmée à Thèbes. En tout cas: à présent, les villes
que vous étiez si jaloux de voir indépendantes sont toutes retombées au pouvoir des Thébains;
à la suite de votre attentat contre leur liberté. Maintenant que nous avons appris qu'il ne sert à
rien de chercher son avantage aux dépens d'autrui, nous serons plus raisonnables dans nos
rapports amicaux.
12. Quand aux calomnies de certaines gens, désireux de vous détourner de la paix, et qui
disent que, si nous sommes ici, ce n'est point parce que nous désirons votre amitié, mais parce
que nous craignons qu'Antalcidas ne revienne avec de l'argent du roi, considérez
combien leur allégation est frivole. Le roi, vous le savez, a exigé dans sa lettre que toutes les
cités de la Grèce fussent indépendantes. Dès lors, nous qui parlons et agissons comme le roi,
que pouvons-nous craindre de lui ? Peut-on croire qu'il préfère dépenser son argent pour
agrandir certains États, quand il voit la soumission avec laquelle on exécute ce qu'il a jugé être
le meilleur ?
13. En voilà assez sur ce point. Alors, pourquoi sommes-nous venus ? Ce n'est pas parce que
nous sommes dans l'embarras; vous pouvez vous en rendre compte, s'il vous plaît, en
considérant la situation sur mer, et, s'il vous plaît aussi, la situation sur terre à l'heure actuelle.
Alors pourquoi donc ? C'est évidemment que certains de nos alliés font des choses qui nous
déplaisent autant qu'à vous-mêmes. Sans doute aussi nous désirons vous témoigner notre
juste reconnaissance pour nous avoir sauvés.
14. Mais je veux aborder aussi la question d'intérêt. Vous savez que toutes les villes de la
Grèce sont, les unes de votre parti, les autres du nôtre, et que, dans chaque ville, les uns sont
pour les Lacédémoniens, les autres pour les Athéniens. Si donc nous devenions amis, de quel
côté pourrions-nous raisonnablement redouter quelque surprise fâcheuse ? Sur terre, forts de
votre amitié, qui serait en état de nous molester, et, sur mer, qui pourrait vous faire du mal, si
nous étions liés avec vous ?
15. Nous savons tous que les guerres ont toujours un commencement et une fin et que nous-
mêmes, si nous ne désirons pas la paix aujourd'hui, nous la désirerons un jour. Pourquoi donc
attendre jusqu'à ce que nous soyons épuisés par une multitude de maux plutôt que de faire la
paix le plus vite possible, avant qu'il arrive quelque chose d'irrémédiable ?
16. Pour ma part, je n'approuve pas ces athlètes qui, après avoir souvent remporté la palme et
s'être fait une réputation, sont tellement avides de gloire qu'ils ne s'arrêtent pas avant que la
défaite les oblige à quitter le métier, ni ces joueurs qui doublent leur mise, quand ils ont réussi
quelque coup de dé; car je vois que la majorité d'entre eux tombent dans la dernière misère.
17. Instruits par ces exemples, ne nous engageons jamais dans une lutte où l'on risque de tout
gagner et de tout perdre et devenons amis, tandis que nous sommes forts et heureux. C'est
ainsi que, nous par vous et vous par nous, nous deviendrons plus puissants dans la Grèce que
nous ne l'avons jamais été. »
18. On trouva que ces orateurs avaient bien parlé et les Lacédémoniens eux-mêmes votèrent
pour la paix à la condition qu'on retirerait les harmostes des villes, qu'on licencierait les
armées de terre et de mer et qu'on laisserait aux Etats leur indépendance. Si un Etat
contrevenait à ses clauses, on secourrait, si on voulait, les villes opprimées; mais, si on ne le
voulait pas, on ne serait pas tenu par le serment de leur venir en aide.
19. Sous ces conditions, les Lacédémoniens jurèrent pour eux et pour leurs alliés, tandis que
les Athéniens et leurs alliés jurèrent chacun par cité. Les Thébains aussi signèrent parmi les
villes qui avaient juré; mais, le lendemain, leurs ambassadeurs revinrent demander qu'on mît
dans le serment le mot Béotiens au lieu du mot Thébains. Agésilas répondit qu'il ne changerait
rien à ce qu'ils avaient juré et signé tout d'abord, et il déclara que, s'ils ne voulaient pas être
compris dans le traité, il les effacerait sur leur demande.
20. Les autres ayant ainsi conclu la paix et les Thébains étant les seuls qui y fissent objection,
les Athéniens étaient convaincus qu'à présent on pouvait espérer que les Thébains, comme on
dit, payeraient la dîme, et les Thébains eux-mêmes partirent profondément découragés.
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