[6,3,0] CHAPITRE III.
(1) Οἱ δὲ Ἀθηναῖοι, ἐκπεπτωκότας μὲν ὁρῶντες ἐκ τῆς Βοιωτίας Πλαταιᾶς, φίλους
ὄντας, καὶ καταπεφευγότας πρὸς αὑτούς, ἱκετεύοντας δὲ Θεσπιᾶς μὴ σφᾶς
περιιδεῖν ἀπόλιδας γενομένους, οὐκέτι ἐπῄνουν τοὺς Θηβαίους, ἀλλὰ πολεμεῖν
μὲν αὐτοῖς τὰ μὲν ᾐσχύνοντο, τὰ δὲ ἀσυμφόρως ἔχειν ἐλογίζοντο· κοινωνεῖν γε
μὴν αὐτοῖς ὧν ἔπραττον οὐκέτι ἤθελον, ἐπεὶ ἑώρων στρατεύοντάς τε αὐτοὺς ἐπὶ
φίλους ἀρχαίους τῇ πόλει Φωκέας, καὶ πόλεις πιστάς τ᾽ ἐν τῷ πρὸς τὸν
βάρβαρον πολέμῳ καὶ φίλας ἑαυτοῖς ἀφανίζοντας.
(2) Ἐκ τούτων δὲ ψηφισάμενος ὁ δῆμος εἰρήνην ποιεῖσθαι, πρῶτον μὲν εἰς
Θήβας πρέσβεις ἔπεμψε παρακαλοῦντας ἀκολουθεῖν, εἰ βούλοιντο, εἰς
Λακεδαίμονα περὶ εἰρήνης· ἔπειτα δὲ ἐξέπεμψαν καὶ αὐτοὶ πρέσβεις. Ἦν δὲ τῶν
αἱρεθέντων Καλλίας Ἰππονίκου, Αὐτοκλῆς Στρομβιχίδου, Δημόστρατος
Ἀριστοφῶντος, Ἀριστοκλῆς, Κηφισόδοτος, Μελάνωπος, Λύκαιθος.
(3) (Ἐπεὶ δὲ προσῆλθον ἐπὶ τοὺς ἐκκλήτους τε τῶν Λακεδαιμονίων καὶ τοὺς
συμμάχους·) <καὶ> Καλλίστρατος δὲ ὁ δημηγόρος παρῆν· ὑποσχόμενος γὰρ
Ἰφικράτει, εἰ αὐτὸν ἀφείη, ἢ χρήματα πέμψειν τῷ ναυτικῷ ἢ εἰρήνην ποιήσειν,
οὕτως Ἀθήνησί τε ἦν καὶ ἔπραττε περὶ εἰρήνης· ἐπεὶ δὲ κατέστησαν ἐπὶ τοὺς
ἐκκλήτους τε τῶν Λακεδαιμονίων καὶ τοὺς συμμάχους, πρῶτος ἔλεξεν αὐτῶν
Καλλίας ὁ δᾳδοῦχος. Ἦν δ᾽ οὗτος οἷος μηδὲν ἧττον ἥδεσθαι ὑφ᾽ αὑτοῦ ἢ ὑπ᾽
ἄλλων ἐπαινούμενος· καὶ τότε δὴ ἤρξατο ὧδέ πως.
(4) « Ὦ ἄνδρες Λακεδαιμόνιοι, τὴν μὲν προξενίαν ὑμῶν οὐκ ἐγὼ μόνος, ἀλλὰ καὶ
πατρὸς πατὴρ πατρῴαν ἔχων παρεδίδου τῷ γένει. βούλομαι δὲ καὶ τοῦτο ὑμῖν
δηλῶσαι, ὡς ἔχουσα ἡ πόλις διατελεῖ πρὸς ἡμᾶς. Ἐκείνη γάρ, ὅταν μὲν πόλεμος
ᾖ, στρατηγοὺς ἡμᾶς αἱρεῖται, ὅταν δὲ ἡσυχίας ἐπιθυμήσῃ, εἰρηνοποιοὺς ἡμᾶς
ἐκπέμπει. κἀγὼ πρόσθεν δὶς ἤδη ἦλθον περὶ πολέμου καταλύσεως, καὶ ἐν
ἀμφοτέραις ταῖς πρεσβείαις διεπραξάμην καὶ ὑμῖν καὶ ἡμῖν εἰρήνην· νῦν δὲ τρίτον
ἥκω, καὶ ἡγοῦμαι πολὺ δικαιότατα νῦν ἂν διαλλαγῆς τυχεῖν.
(5) Ὁρῶ γὰρ οὐκ ἄλλα μὲν ὑμῖν, ἄλλα δὲ ἡμῖν δοκοῦντα, ἀλλ᾽ ὑμᾶς τε
ἀχθομένους καὶ ἡμᾶς τῇ Πλαταιῶν καὶ Θεσπιῶν ἀναιρέσει. Πῶς οὖν οὐκ εἰκὸς τὰ
αὐτὰ γιγνώσκοντας φίλους μᾶλλον ἀλλήλοις ἢ πολεμίους εἶναι; Καὶ σωφρόνων
μὲν δήπου ἐστὶ μηδὲ εἰ μικρὰ τὰ διαφέροντα εἴη πόλεμον ἀναιρεῖσθαι· εἰ δὲ δὴ
καὶ ὁμογνωμονοῖμεν, οὐκ ἂν πάνυ τῶν θαυμαστῶν εἴη μὴ εἰρήνην ποιεῖσθαι;
(6) Δίκαιον μὲν οὖν ἦν μηδὲ ὅπλα ἐπιφέρειν ἀλλήλοις ἡμᾶς, ἐπεὶ λέγεται μὲν
Τριπτόλεμος ὁ ἡμέτερος πρόγονος τὰ Δήμητρος καὶ Κόρης ἄρρητα ἱερὰ
πρώτοις ξένοις δεῖξαι Ἡρακλεῖ τε τῷ ὑμετέρῳ ἀρχηγέτῃ καὶ Διοσκούροιν τοῖν
ὑμετέροιν πολίταιν, καὶ τοῦ Δήμητρος δὲ καρποῦ εἰς πρώτην τὴν Πελοπόννησον
σπέρμα δωρήσασθαι. Πῶς οὖν δίκαιον ἢ ὑμᾶς, παρ᾽ ὧν ἐλάβετε σπέρματα, τὸν
τούτων ποτὲ καρπὸν ἐλθεῖν δῃώσοντας, ἡμᾶς τε, οἷς ἐδώκαμεν, μὴ οὐχὶ
βούλεσθαι ὡς πλείστην τούτοις ἀφθονίαν τροφῆς γενέσθαι; Εἰ δὲ ἄρα ἐκ θεῶν
πεπρωμένον ἐστὶ πολέμους ἐν ἀνθρώποις γίγνεσθαι, ἡμᾶς δὲ χρὴ ἄρχεσθαι μὲν
αὐτοῦ ὡς σχολαίτατα, ὅταν δὲ γένηται, καταλύεσθαι ᾗ δυνατὸν τάχιστα. »
(7) Μετὰ τοῦτον Αὐτοκλῆς, μάλα δοκῶν ἐπιστρεφὴς εἶναι ῥήτωρ, ὧδε ἠγόρευεν·
« Ἄνδρες Λακεδαιμόνιοι, ὅτι μὲν ἃ μέλλω λέγειν οὐ πρὸς χάριν ὑμῖν ῥηθήσεται
οὐκ ἀγνοῶ· ἀλλὰ δοκεῖ μοι, οἵτινες βούλονται, ἣν ἂν ποιήσωνται φιλίαν, ταύτην
ὡς πλεῖστον χρόνον διαμένειν, διδακτέον εἶναι ἀλλήλους τὰ αἴτια τῶν πολέμων.
Ὑμεῖς δὲ ἀεὶ μέν φατε· αὐτονόμους τὰς πόλεις χρὴ εἶναι, αὐτοὶ δ᾽ ἐστὲ μάλιστα
ἐμποδὼν τῇ αὐτονομίᾳ. Συντίθεσθε μὲν γὰρ πρὸς τὰς συμμαχίδας πόλεις τοῦτο
πρῶτον, ἀκολουθεῖν ὅποι ἂν ὑμεῖς ἡγῆσθε.
(8) Καίτοι τί τοῦτο αὐτονομίᾳ προσήκει; Ποιεῖσθε δὲ πολεμίους οὐκ
ἀνακοινούμενοι τοῖς συμμάχοις, καὶ ἐπὶ τούτους ἡγεῖσθε· ὥστε πολλάκις ἐπὶ τοὺς
εὐμενεστάτους ἀναγκάζονται στρατεύειν οἱ λεγόμενοι αὐτόνομοι εἶναι. Ἔτι δὲ τὸ
πάντων ἐναντιώτατον αὐτονομίᾳ, καθίστατε ἔνθα μὲν δεκαρχίας, ἔνθα δὲ
τριακονταρχίας· καὶ τούτων τῶν ἀρχόντων ἐπιμελεῖσθε οὐχ ὅπως νομίμως
ἄρχωσιν, ἀλλ᾽ ὅπως δύνωνται βίᾳ κατέχειν τὰς πόλεις. Ὥστ᾽ ἐοίκατε τυραννίσι
μᾶλλον ἢ πολιτείαις ἡδόμενοι.
(9) Καὶ ὅτε μὲν βασιλεὺς προσέταττεν αὐτονόμους τὰς πόλεις εἶναι, μάλα
γιγνώσκοντες ἐφαίνεσθε ὅτι εἰ μὴ ἐάσοιεν οἱ Θηβαῖοι ἑκάστην τῶν πόλεων
ἄρχειν τε ἑαυτῆς καὶ οἷς ἂν βούληται νόμοις χρῆσθαι, οὐ ποιήσουσι κατὰ τὰ
βασιλέως γράμματα· ἐπεὶ δὲ παρελάβετε τὴν Καδμείαν, οὐδ᾽ αὐτοῖς Θηβαίοις
ἐπετρέπετε αὐτονόμους εἶναι. δεῖ δὲ τοὺς μέλλοντας φίλους ἔσεσθαι οὐ παρὰ
τῶν ἄλλων μὲν ἀξιοῦν τῶν δικαίων τυγχάνειν, αὐτοὺς δὲ ὅπως ἂν πλεῖστα
δύνωνται πλεονεκτοῦντας φαίνεσθαι. »
| [6,3,0] CHAPITRE III.
1. Les Athéniens, voyant les Platéens, leurs amis, chassés de la Béotie et réfugiés chez eux,
puis les Thespiens les supplier de ne pas les laisser sans patrie, n'approuvaient pas les
Thébains, mais ils ne jugeaient ni honnête ni utile de leur faire la guerre. Toutefois ils refusèrent
de prendre part à leurs entreprises, quand ils les virent marcher contre les Phocidiens, anciens
amis de leur cité, et raser des villes qui s'étaient montrées fidèles dans la guerre contre le
barbare et dévouées à Athènes.
2. En conséquence, le peuple ayant décrété de faire la paix, envoya tout d'abord des députés
aux Thébains pour les inviter à les accompagner, s'ils le voulaient, pour traiter de la paix, puis
les Athéniens envoyèrent eux-mêmes des députés à Lacédémone. Parmi ceux qui furent élus
se trouvaient Callias, fils d'Hipponicos, Autoclès, fils de Strombichidès, Démostrados, fils
d'Aristophon, Aristodès, Céphisodotos, Mélanôpos, Lycaithos.
3. L'orateur Callistratos s'y trouvait aussi. Il avait en effet promis à Iphicrate, s'il le laissait aller,
ou de lui envoyer de l'argent pour la flotte, ou de conclure la paix. C'est ainsi qu'il était revenu à
Athènes, ou il travaillait en faveur de la paix. Quand ils se présentèrent devant l'assemblée des
Lacédémoniens et de leurs alliés, le porte-torche Callias parla le premier. C'était un
homme qui ne prenait pas moins de plaisir à se louer lui-même qu'à s'entendre louer. Il
commença à peu près dans ces termes :
4. « Lacédémoniens, je suis votre proxène et je ne suis pas le premier de ma famille; mon
grand-père hérita cette proxénie de son père et la transmit à ses descendants. Je veux aussi
vous faire voir dans quelle estime nous avons toujours été tenus par notre cité. En temps de
guerre, elle nous choisit pour généraux, et, quand elle désire la paix, elle nous envoie pour la
conclure. Moi-même, je suis déjà venu deux fois pour mettre un terme à la guerre, et, dans ces
deux ambassades, j'ai réussi à vous procurer la paix, à vous comme à nous. Je viens
aujourd'hui pour la troisième fois et je pense avoir à présent des raisons bien plus justes encore
d'arriver à une réconciliation.
5. Je vois en effet que vous pensez comme nous et que vous êtes fâchés comme nous de la
destruction de Platées et de Thespies. Dès lors, n'est-il pas naturel qu'ayant les mêmes
sentiments, nous soyons amis plutôt qu'ennemis les uns des autres ? C'est, je crois, le propre
des hommes sensés de ne pas entreprendre de guerre, même s'ils ont quelques légers
différends. Mais, si nous sommes d'accord, ne serait-il pas tout à fait étrange de ne pas faire la
paix ?
6. Nous n'aurions même pas dû porter les armes les uns contre les autres, puisque, selon la
tradition, les premiers étrangers auxquels Triptolème, notre ancêtre, dévoila les mystères
sacrés de Déméter et de Coré furent Héraclès, le fondateur de votre race, et les Dioscures, vos
concitoyens, et que c'est au Péloponnèse le premier qu'il fit présent de la semence du fruit de
Déméter. Comment donc serait-il juste que vous veniez ravager les moissons de ceux dont
vous avez reçu les semences, et que nous, nous ne souhaitions pas la plus grande abondance
de nourriture à ceux qui à nous les avons données ? Si c'est une fatalité divine qu'il y ait des
guerres parmi les hommes, il faut que nous, nous les commencions le plus tard possible, et
quand elles sont arrivées, que nous les terminions le plus tôt possible. »
7. Après lui, Autoclès, qui avait la réputation d'un orateur incisif, prit la parole en ces termes :
« Lacédémoniens, ce que je vais dire ne sera pas fait pour vous flatter, je ne l'ignore pas. Mais je
crois que ceux qui veulent faire durer le plus longtemps possible l'amitié qu'ils ont contractée
doivent s'éclairer les uns les autres sur les causes de leurs guerres. Or vous répétez sans
cesse que les villes doivent être indépendantes, et c'est vous qui faites le plus d'obstacle à leur
autonomie; car la première stipulation que vous imposez aux villes qui vous sont alliées, c'est
qu'elles vous suivent partout ou vous les conduirez. Comment cette stipulation est-elle
compatible avec l'autonomie ?
8. Vous vous faites des ennemis sans prendre avis de vos alliés, et vous les faites marcher
contre eux, de sorte que ces prétendus autonomes sont souvent contraints de faire campagne
contre leurs meilleurs amis. De plus, et c'est la chose la plus contraire à l'autonomie, vous
établissez ici des gouvernements de dix hommes, là des gouvernements de trente, et vous
veillez, non pas à ce que ces chefs gouvernent conformément aux lois, mais à ce qu'ils
puissent contenir les villes par la force. Aussi l'on peut croire que vous aimez mieux les
tyrannies que les républiques.
9. Puis, lorsque le roi ordonna de laisser leur liberté aux villes, votre opinion bien déclarée était
que, si les Thébains ne laissaient pas chaque ville se gouverner elle-même d'après les lois
qu'elle préférait, ils n'agiraient pas en conformité avec la lettre du roi; mais, quand vous avez
pris la Cadmée, vous n'avez pas permis aux Thébains eux-mêmes d'être indépendants. Or il ne
faut pas, quand on veut être amis, prétendre obtenir des autres tous ses droits, et laisser voir
qu'on est, autant qu'on peut l'être, enclin à empiéter sur ceux des autres. »
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