[4,5,1] CHAPITRE V.
(1) Ἐκ δὲ τούτου Λακεδαιμόνιοι ἀκούοντες τῶν φευγόντων ὅτι <οἱ> ἐν τῇ πόλει
πάντα μὲν τὰ βοσκήματα ἔχοιεν καὶ σῴζοιντο ἐν τῷ Πειραίῳ, πολλοὶ δὲ
τρέφοιντο αὐτόθεν, στρατεύουσι πάλιν εἰς τὴν Κόρινθον, Ἀγησιλάου καὶ τότε
ἡγουμένου. καὶ πρῶτον μὲν ἦλθεν εἰς Ἰσθμόν· καὶ γὰρ ἦν ὁ μὴν ἐν ᾧ Ἴσθμια
γίγνεται, καὶ οἱ Ἀργεῖοι αὐτοῦ ἐτύγχανον τότε ποιοῦντες τὴν θυσίαν τῷ
Ποσειδῶνι, ὡς Ἄργους τῆς Κορίνθου ὄντος. ὡς δ᾽ ᾔσθοντο προσιόντα τὸν
Ἀγησίλαον, καταλιπόντες καὶ τὰ τεθυμένα καὶ τὰ ἀριστοποιούμενα μάλα σὺν
πολλῷ φόβῳ ἀπεχώρουν εἰς τὸ ἄστυ κατὰ τὴν ἐπὶ Κεγχρείας ὁδόν.
(2) Ὁ μέντοι Ἀγησίλαος ἐκείνους μὲν καίπερ ὁρῶν οὐκ ἐδίωκε, κατασκηνήσας δὲ
ἐν τῷ ἱερῷ αὐτός τε τῷ θεῷ ἔθυε καὶ περιέμενεν, ἕως οἱ φυγάδες τῶν Κορινθίων
ἐποίησαν τῷ Ποσειδῶνι τὴν θυσίαν καὶ τὸν ἀγῶνα. Ἐποίησαν δὲ καὶ οἱ Ἀργεῖοι
ἀπελθόντος Ἀγησιλάου ἐξ ἀρχῆς πάλιν Ἴσθμια. Ἐαὶ ἐκείνῳ τῷ ἔτει ἔστι μὲν ἃ τῶν
ἄθλων δὶς ἕκαστος ἐνικήθη, ἔστι δὲ ἃ δὶς οἱ αὐτοὶ ἐκηρύχθησαν.
(3) Τῇ δὲ τετάρτῃ ἡμέρᾳ ὁ Ἀγησίλαος ἦγε πρὸς τὸ Πείραιον τὸ στράτευμα. Ἰδὼν
δὲ ὑπὸ πολλῶν φυλαττόμενον, ἀπεχώρησε μετ᾽ ἄριστον πρὸς τὸ ἄστυ, ὡς
προδιδομένης τῆς πόλεως· ὥστε οἱ Κορίνθιοι δείσαντες μὴ προδιδοῖτο ὑπό
τινων ἡ πόλις, μετεπέμψαντο τὸν Ἰφικράτην σὺν τοῖς πλείστοις τῶν πελταστῶν.
αἰσθόμενος δὲ ὁ Ἀγησίλαος τῆς νυκτὸς παρεληλυθότας αὐτούς, ὑποστρέψας
ἅμα τῇ ἡμέρᾳ εἰς τὸ Πείραιον ἦγε. Καὶ αὐτὸς μὲν κατὰ τὰ θερμὰ προῄει, μόραν
δὲ κατὰ τὸ ἀκρότατον ἀνεβίβασε. καὶ ταύτην μὲν τὴν νύκτα ὁ μὲν πρὸς ταῖς
θέρμαις ἐστρατοπεδεύετο, ἡ δὲ μόρα τὰ ἄκρα κατέχουσα ἐνυκτέρευσεν.
(4) Ἔνθα δὴ καὶ ὁ Ἀγησίλαος μικρῷ καιρίῳ δ᾽ ἐνθυμήματι ηὐδοκίμησε. τῶν γὰρ
τῇ μόρᾳ φερόντων τὰ σιτία οὐδενὸς πῦρ εἰσενεγκόντος, ψύχους δὲ ὄντος διά τε
τὸ πάνυ ἐφ᾽ ὑψηλοῦ εἶναι καὶ διὰ τὸ γενέσθαι ὕδωρ καὶ χάλαζαν πρὸς τὴν
ἑσπέραν, καὶ ἀνεβεβήκεσαν δὲ ἔχοντες οἷα δὴ θέρους σπειρία, ῥιγούντων δ᾽
αὐτῶν καὶ ἐν σκότῳ ἀθύμως πρὸς τὸ δεῖπνον ἐχόντων, πέμπει ὁ Ἀγησίλαος οὐκ
ἔλαττον δέκα φέροντας πῦρ ἐν χύτραις. Ἐπειδὴ δὲ ἀνέβησαν ἄλλος ἄλλῃ, καὶ
πολλὰ καὶ μεγάλα πυρὰ ἐγένετο, ἅτε πολλῆς ὕλης παρούσης, πάντες μὲν
ἠλείφοντο, πολλοὶ δὲ καὶ ἐδείπνησαν ἐξ ἀρχῆς. φανερὸς δὲ ἐγένετο καὶ ὁ νεὼς
τοῦ Ποσειδῶνος ταύτῃ τῇ νυκτὶ καόμενος· ὑφ᾽ ὅτου δ᾽ ἐνεπρήσθη οὐδεὶς οἶδεν.
(5) Ἐπεὶ δὲ ᾔσθοντο οἱ ἐν τῷ Πειραίῳ τὰ ἄκρα ἐχόμενα, ἐπὶ μὲν τὸ ἀμύνασθαι
οὐκέτι ἐτράποντο, εἰς δὲ τὸ Ἥραιον κατέφυγον καὶ ἄνδρες καὶ γυναῖκες καὶ
δοῦλοι καὶ ἐλεύθεροι καὶ τῶν βοσκημάτων τὰ πλεῖστα. καὶ Ἀγησίλαος μὲν δὴ σὺν
τῷ στρατεύματι παρὰ θάλατταν ἐπορεύετο· ἡ δὲ μόρα ἅμα καταβαίνουσα ἀπὸ
τῶν ἄκρων Οἰνόην τὸ ἐντετειχισμένον τεῖχος αἱρεῖ, καὶ τὰ ἐνόντα ἔλαβε, καὶ
πάντες δὲ οἱ στρατιῶται ἐν ταύτῃ τῇ ἡμέρᾳ πολλὰ τὰ ἐπιτήδεια ἐκ τῶν χωρίων
ἐλάμβανον. οἱ δ᾽ ἐν τῷ Ἡραίῳ καταπεφευγότες ἐξῇσαν, ἐπιτρέψοντες Ἀγησιλάῳ
γνῶναι ὅ τι βούλοιτο περὶ σφῶν. ὁ δ᾽ ἔγνω, ὅσοι μὲν τῶν σφαγέων ἦσαν,
παραδοῦναι αὐτοὺς τοῖς φυγάσι, τὰ δ᾽ ἄλλα πάντα πραθῆναι.
(6) Ἐκ τούτου δὲ ἐξῄει μὲν ἐκ τοῦ Ἡραίου πάμπολλα τὰ αἰχμάλωτα· πρεσβεῖαι δὲ
ἄλλοθέν τε πολλαὶ παρῆσαν καὶ ἐκ Βοιωτῶν ἧκον ἐρησόμενοι τί ἂν ποιοῦντες
εἰρήνης τύχοιεν. Ὁ δὲ Ἀγησίλαος μάλα μεγαλοφρόνως τούτους μὲν οὐδ᾽ ὁρᾶν
ἐδόκει, καίπερ Φάρακος τοῦ προξένου παρεστηκότος αὐτοῖς, ὅπως
προσαγάγοι· καθήμενος δ᾽ ἐπὶ τοῦ περὶ τὴν λίμνην κυκλοτεροῦς οἰκοδομήματος
ἐθεώρει πολλὰ τὰ ἐξαγόμενα. Τῶν δὲ Λακεδαιμονίων ἀπὸ τῶν ὅπλων σὺν τοῖς
δόρασι παρηκολούθουν φύλακες τῶν αἰχμαλώτων, μάλα ὑπὸ τῶν παρόντων
θεωρούμενοι· οἱ γὰρ εὐτυχοῦντες καὶ κρατοῦντες ἀεί πως ἀξιοθέατοι δοκοῦσιν
εἶναι.
(7) Ἔτι δὲ καθημένου Ἀγησιλάου καὶ ἐοικότος ἀγαλλομένῳ τοῖς πεπραγμένοις,
ἱππεύς τις προσήλαυνε καὶ μάλα ἰσχυρῶς ἱδρῶντι τῷ ἵππῳ. Ὑπὸ πολλῶν δὲ
ἐρωτώμενος ὅ τι ἀγγέλλοι, οὐδενὶ ἀπεκρίνατο, ἀλλ᾽ ἐπειδὴ ἐγγὺς ἦν τοῦ
Ἀγησιλάου, καθαλόμενος ἀπὸ τοῦ ἵππου καὶ προσδραμὼν αὐτῷ μάλα
σκυθρωπὸς ὢν λέγει τὸ τῆς ἐν Λεχαίῳ μόρας πάθος. Ὁ δ᾽ ὡς ἤκουσεν, εὐθύς τε
ἐκ τῆς ἕδρας ἀνεπήδησε καὶ τὸ δόρυ ἔλαβε καὶ πολεμάρχους καὶ πεντηκοντῆρας
καὶ ξεναγοὺς καλεῖν τὸν κήρυκα ἐκέλευεν.
(8) Ὡς δὲ συνέδραμον οὗτοι, τοῖς μὲν ἄλλοις εἶπεν, οὐ γάρ πω ἠριστοποίηντο,
ἐμφαγοῦσιν ὅ τι δύναιντο ἥκειν τὴν ταχίστην, αὐτὸς δὲ σὺν τοῖς περὶ δαμοσίαν
ὑφηγεῖτο ἀνάριστος. Καὶ οἱ δορυφόροι τὰ ὅπλα ἔχοντες παρηκολούθουν
σπουδῇ, τοῦ μὲν ὑφηγουμένου, τῶν δὲ μετιόντων. Ἤδη δ᾽ ἐκπεπερακότος αὐτοῦ
τὰ θερμὰ εἰς τὸ πλατὺ τοῦ Λεχαίου, προσελάσαντες ἱππεῖς τρεῖς ἀγγέλλουσιν ὅτι
οἱ νεκροὶ ἀνῃρημένοι εἴησαν. Ὁ δ᾽ ἐπεὶ τοῦτο ἤκουσε, θέσθαι κελεύσας τὰ ὅπλα
καὶ ὀλίγον χρόνον ἀναπαύσας, ἀπῆγε πάλιν τὸ στράτευμα ἐπὶ τὸ Ἥραιον· τ& | [4,5,1] CHAPITRE V.
1. Quelque temps après, les Lacédémoniens, informés par les exilés que les gens de la ville
avaient tout leur bétail au Peiraion et l'y tenaient en sûreté et que beaucoup en tiraient leur
subsistance, firent une nouvelle expédition contre Corinthe, et ce fut encore Agésilas qui la
conduisit. Il se rendit d'abord à l'Isthme, parce que c'était le mois où l'on célèbre les jeux
isthmiques, et c'étaient justement les Argiens qui offraient le sacrifice à Poseidon, comme si
Argos était Corinthe. Mais quand ils surent qu'Agésilas approchait, ils laissèrent là sacrifice et
banquet et se retirèrent en grand effroi dans la ville par la route qui mène à Cenchrées.
2. Agésilas les vit et néanmoins ne les poursuivit pas, mais il s'installa dans le temple, sacrifia
lui-même au dieu et attendit que les exilés de Corinthe eussent accompli en l'honneur de
Poseidon le sacrifice et les jeux. Mais quand Agésilas fut parti, les Argiens recommencèrent les
jeux isthmiques et il y eut cette année-là des luttes où les mêmes hommes furent vaincus deux
fois et d'autres où les mêmes furent deux fois proclamés vainqueurs.
3. Le quatrième jour, Agésilas conduisit son année contre le Peiraion; mais le voyant gardé par
une forte garnison, il se retira après le repas du matin du côté de la ville, comme si on devait la
lui livrer. Aussi les Corinthiens, craignant qu'elle ne fût réellement livrée par quelques-uns, firent
venir Iphicrate avec la plupart des peltastes. Agésilas ayant su qu'ils avaient passé pendant la
nuit, s'en retourna au Peiraion au point du jour. Il s'avança lui-même par les sources chaudes et
fit passer une more par la crête la plus haute. Il campa cette nuit-là près des sources, et la
more la passa sur les hauteurs qu'elle occupait.
4. En cette occasion, Agésilas eut une idée, qui, sans être extraordinaire, lui valut des éloges
par son opportunité. Aucun de ceux qui montaient les vivres à la more n'avait apporté de feu.
Or le froid était sensible, parce que la crête était fort haute et qu'il était tombé de la pluie et de
la grêle vers le soir, et parce que les soldats étaient montés avec des vêtements légers comme
on en porte en été. Aussi avaient-ils froid et ils n'avaient guère envie de dîner dans l'obscurité.
C'est alors qu'Agésilas leur envoya dix hommes au moins pour leur porter du feu dans des
marmites. Quand ils furent montés, l'un d'un côté, l'autre de l'autre, et qu'on eut allumé
beaucoup de grands feux, car il y avait du bois en abondance, tous les soldats se frottèrent
d'huile et beaucoup se mirent à manger. On vit aussi cette nuit-là le temple de Poseidon en feu,
mais on ignore l'auteur de l'incendie.
5. Quand ceux du Peiraion virent les hauteurs occupées, ils ne pensèrent plus à se défendre,
ils se réfugièrent tous dans le temple d'Hèra, hommes et femmes, esclaves et hommes libres,
avec la plus grande partie du bétail. Agésilas s'avançait alors avec son armée le long de la mer;
en même temps, la more descendant des hauteurs, s'emparait d'Oinoè, forteresse du Peiraion,
et prenait tout ce qu'elle renfermait. Ce jour-là, tous les soldats se fournirent abondamment de
vivres dans les campagnes. Ceux qui s'étaient réfugiés dans le temple d'Héra en sortirent pour
remettre leurs personnes à la discrétion d'Agésilas. Celui-ci décida de livrer aux exilés tous
ceux qui avaient participé aux massacres et de vendre tout le reste.
6. Alors on vit sortir du temple d'Hèra une énorme foule de prisonniers, tandis qu'arrivaient de
divers endroits plusieurs députations, entre autres une des Béotiens qui venaient demander ce
qu'ils devaient faire pour obtenir la paix. Agésilas se montra très fier et affecta de ne pas même
les voir, bien que Pharax, leur proxène, les accompagnât pour les lui présenter. Assis dans le
bâtiment rond qui était près du lac, il regardait l'énorme butin qu'on emmenait. Des
Lacédémoniens du camp suivaient avec leurs lances pour garder les prisonniers. Ils attiraient
les yeux des assistants; car des gens qui sont heureux et vainqueurs semblent toujours dignes
d'être regardés.
7. Agésilas était encore assis et semblait fier de ce qu'il avait fait, quand un cavalier arriva sur
un cheval tout baigné de sueur. Questionné par plusieurs personnes sur la nouvelle qu'il
apportait, il ne répondit rien; mais, quand il fut près d'Agésilas, il sauta à bas de son cheval,
courut à lui et lui raconta avec une sombre tristesse ce qui était arrivé à la more de Léchaion. À
cette nouvelle, Agésilas sauta à bas de son siège, saisit sa lance et ordonna au héraut de
convoquer les polémarques, les commandants de cinquante hommes et les chefs des
mercenaires.
8. Quand ils eurent accouru, il leur dit de le suivre en toute hâte, aussitôt qu'ils auraient mangé
ce qu'ils pourraient, car ils n'avaient pas encore déjeuné, tandis que lui-même, sans se donner
le temps de manger, prit les devants avec ses compagnons de tente. Ses gardes, qui étaient
revêtus de leurs armes, le suivirent en hâte, il était en tête, eux derrière. Il avait déjà dépassé
les sources chaudes et atteint la plaine de Léchaion, lorsque trois cavaliers venant à lui lui
annoncent que les morts avaient été relevés. Après les avoir entendus, il donna l'ordre de
déposer les armes et, après quelques instants de repos, il ramena son armée au temple
d'Hèra. Le lendemain, il fit vendre les prisonniers.
9. Puis il fit appeler les ambassadeurs béotiens et leur demanda pourquoi ils étaient venus. Ils
ne parlèrent plus de la paix, mais ils lui dirent qu'ils désireraient, si rien ne s'y opposait, aller
voir leurs soldats dans la ville. Agésilas se mit à rire et leur dit : « Oh! je sais bien que ce n'est
pas vos soldats que vous désirez voir, mais vous voulez savoir jusqu'où va le succès de vos
amis. Attendez donc, poursuivit-il; je vous y mènerai moi-même; avec moi, vous n'en saurez
que mieux de quelle importance est l'affaire. »
|