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[3,55] ᾿Καὶ τὰ μὲν παλαιὰ καὶ μέγιστα τοιοῦτοι ἠξιώσαμεν εἶναι,
πολέμιοι δὲ ἐγενόμεθα ὕστερον. ὑμεῖς δὲ αἴτιοι· δεομένων γὰρ ξυμμαχίας ὅτε
Θηβαῖοι ἡμᾶς ἐβιάσαντο, ὑμεῖς ἀπεώσασθε καὶ πρὸς Ἀθηναίους ἐκελεύετε
τραπέσθαι ὡς ἐγγὺς ὄντας, ὑμῶν δὲ μακρὰν ἀποικούντων. ἐν μέντοι τῷ
πολέμῳ οὐδὲν ἐκπρεπέστερον ὑπὸ ἡμῶν οὔτε ἐπάθετε οὔτε ἐμελλήσατε. εἰ δ᾿
ἀποστῆναι Ἀθηναίων οὐκ ἠθελήσαμεν ὑμῶν κελευσάντων, οὐκ ἠδικοῦμεν·
καὶ γὰρ ἐκεῖνοι ἐβοήθουν ἡμῖν ἐναντία Θηβαίοις ὅτε ὑμεῖς ἀπωκνεῖτε, καὶ
προδοῦναι αὐτοὺς οὐκέτι ἦν καλόν, ἄλλως τε καὶ οὓς εὖ παθών τις καὶ αὐτὸς
δεόμενος προσηγάγετο ξυμμάχους καὶ πολιτείας μετέλαβεν, ἰέναι δὲ ἐς τὰ
παραγγελλόμενα εἰκὸς ἦν προθύμως. ἃ δὲ ἑκάτεροι ἐξηγεῖσθε τοῖς
ξυμμάχοις, οὐχ οἱ ἑπόμενοι αἴτιοι εἴ τι μὴ καλῶς ἐδρᾶτο, ἀλλ᾿ οἱ ἄγοντες ἐπὶ
τὰ μὴ ὀρθῶς ἔχοντα.
| [3,55] LV. - "Voilà ce que nous nous vantons d'avoir été
autrefois dans des circonstances critiques. Il est
vrai que nous sommes devenus vos ennemis ; mais
c'est vous qui êtes responsables de ce changement.
Nous avons sollicité votre alliance, quand les
Thébains nous ont fait violence. Et vous nous avez
repoussés, en nous invitant à nous adresser aux
Athéniens, sous prétexte qu'ils étaient tout près de
nous et que vous étiez loin. Néanmoins au cours de
la guerre, nous ne vous avons infligé aucun
mauvais traitement. Nous n'y avons même pas
songé. Si, malgré vos instances, nous avons refusé
de quitter le parti d'Athènes, nous n'avons rien fait
d'injuste. Car ce sont les Athéniens qui étaient
venus à notre aide contre les Thébains, alors que
vous-mêmes hésitiez à le faire. C'eût été une honte
de les trahir, surtout quand nous avions reçu d'eux
de bons offices, que dans le besoin ils nous avaient
accordé leur alliance et reconnu le droit de cité ;
il était juste au contraire que nous
exécutions leurs ordres avec empressement. Tel
était notre devoir. Quant aux entreprises
auxquelles les uns et les autres vous avez conduit
vos alliés, celles qui sont blâmables ne sont pas
imputables aux troupes qui ne faisaient que suivre,
mais aux chefs qui les entraînaient.
| [3,56] ᾿Θηβαῖοι δὲ πολλὰ μὲν καὶ ἄλλα ἡμᾶς ἠδίκησαν, τὸ δὲ τελευταῖον
αὐτοὶ ξύνιστε, δι᾿ ὅπερ καὶ τάδε πάσχομεν. πόλιν γὰρ αὐτοὺς τὴν ἡμετέραν
καταλαμβάνοντας ἐν σπονδαῖς καὶ προσέτι ἱερομηνίᾳ ὀρθῶς τε
ἐτιμωρησάμεθα κατὰ τὸν πᾶσι νόμον καθεστῶτα, τὸν ἐπιόντα πολέμιον
ὅσιον εἶναι ἀμύνεσθαι, καὶ νῦν οὐκ ἂν εἰκότως δι᾿ αὐτοὺς βλαπτοίμεθα. εἰ
γὰρ τῷ αὐτίκα χρησίμῳ ὑμῶν τε καὶ ἐκείνων πολεμίῳ τὸ δίκαιον λήψεσθε,
τοῦ μὲν ὀρθοῦ φανεῖσθε οὐκ ἀληθεῖς κριταὶ ὄντες, τὸ δὲ ξυμφέρον μᾶλλον
θεραπεύοντες. καίτοι εἰ νῦν ὑμῖν ὠφέλιμοι δοκοῦσιν εἶναι, πολὺ καὶ ἡμεῖς καὶ
οἱ ἄλλοι Ἕλληνες μᾶλλον τότε ὅτε ἐν μείζονι κινδύνῳ ἦτε. νῦν μὲν γὰρ
ἑτέροις ὑμεῖς ἐπέρχεσθε δεινοί, ἐν ἐκείνῳ δὲ τῷ καιρῷ, ὅτε πᾶσι δουλείαν
ἐπέφερεν ὁ βάρβαρος, οἵδε μετ᾿ αὐτοῦ ἦσαν. καὶ δίκαιον ἡμῶν τῆς νῦν
ἁμαρτίας, εἰ ἄρα ἡμάρτηταί τι, ἀντιθεῖναι τὴν τότε προθυμίαν· καὶ μείζω τε
πρὸς ἐλάσσω εὑρήσετε καὶ ἐν καιροῖς οἷς σπάνιον ἦν τῶν Ἑλλήνων τινὰ
ἀρετὴν τῇ Ξέρξου δυνάμει ἀντιτάξασθαι, ἐπῃνοῦντό τε μᾶλλον οἱ μὴ τὰ
ξύμφορα πρὸς τὴν ἔφοδον αὑτοῖς ἀσφαλείᾳ πράσσοντες, ἐθέλοντες δὲ
τολμᾶν μετὰ κινδύνων τὰ βέλτιστα. ὧν ἡμεῖς γενόμενοι καὶ τιμηθέντες ἐς τὰ
πρῶτα νῦν ἐπὶ τοῖς αὐτοῖς δέδιμεν μὴ διαφθαρῶμεν, Ἀθηναίους ἑλόμενοι
δικαίως μᾶλλον ἢ ὑμᾶς κερδαλέως. καίτοι χρὴ ταὐτὰ περὶ τῶν αὐτῶν ὁμοίως
φαίνεσθαι γιγνώσκοντας, καὶ τὸ ξυμφέρον μὴ ἄλλο τι νομίσαι ἢ τῶν
ξυμμάχων τοῖς ἀγαθοῖς ὅταν αἰεὶ βέβαιον τὴν χάριν τῆς ἀρετῆς ἔχωσι καὶ τὸ
παραυτίκα που ὑμῖν ὠφέλιμον καθιστῆται.
| [3,56] LVI. - "Les Thébains ont commis envers nous bien
des injustices. Vous connaissez la dernière qui
nous a mis dans cette triste situation : Ils se sont
emparés par surprise de notre ville, pendant la
trêve et qui pis est, en un jour de fête. Nous
n'avons fait qu'user de notre droit en tirant d'eux
vengeance ; car c'est un devoir sacré de repousser
l'agresseur. Donc maintenant il ne serait pas
équitable de nous sacrifier aux Thébains. Si vous
ne vous inspirez dans votre jugement que de vos
intérêts présents et de la haine qu'ils nous portent,
on verra en vous non des juges impartiaux, mais
des gens uniquement préoccupés de l'utile.
Pourtant, si leur concours vous paraît actuellement
avantageux, le nôtre jadis et celui des autres Grecs
vous l'ont été bien davantage, quand le péril qui
vous menaçait était bien plus grave. Maintenant
c'est vous qui vous montrez redoutables et qui
attaquez d'autres peuples ; jadis dans ces terribles
circonstances, quand le Barbare nous menaçait
tous de la servitude, les Thébains étaient dans ses
rangs. Aussi la justice exige-t-elle qu'en regard de
notre faute actuelle - si tant est que ce soit une
faute - on place notre empressement d'alors. Et
vous conviendrez que l'un compense largement
l'autre. Nous dirons plus : il était alors rare de voir
un Grec s'opposer courageusement à la puissance
de Xerxès. Alors, on prodiguait des éloges, non à
ceux qui poursuivaient leur intérêt en se mettant à
l'abri de l'invasion, mais à ceux qui au milieu des
dangers montraient de l'audace pour une noble
cause. C'est au nombre de ceux-là que nous nous
sommes rangés et, après avoir reçu les plus hautes
marques d'honneur, voici que nous sommes
exposés à périr pour avoir poursuivi la justice avec
les Athéniens et non notre intérêt avec vous.
Pourtant vos sentiments doivent demeurer les
mêmes sur des hommes qui sont demeurés les
mêmes. Vous devez penser que votre véritable
intérêt se trouve là seulement où l'avantage du
moment se concilie avec la reconnaissance due à
des alliés qui n'ont pas démérité.
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