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[6,83] ἀνθ' ὧν ἄξιοί τε ὄντες ἅμα ἄρχομεν, ὅτι τε ναυτικὸν πλεῖστόν τε
καὶ προθυμίαν ἀπροφάσιστον παρεσχόμεθα ἐς τοὺς Ἕλληνας, καὶ
διότι καὶ τῷ Μήδῳ ἑτοίμως τοῦτο δρῶντες οὗτοι ἡμᾶς
ἔβλαπτον, ἅμα δὲ τῆς πρὸς Πελοποννησίους ἰσχύος ὀρεγόμενοι.
(6.83.2) καὶ οὐ καλλιεπούμεθα ὡς ἢ τὸν βάρβαρον μόνοι
καθελόντες εἰκότως ἄρχομεν ἢ ἐπ' ἐλευθερίᾳ τῇ τῶνδε μᾶλλον
ἢ τῶν ξυμπάντων τε καὶ τῇ ἡμετέρᾳ αὐτῶν κινδυνεύσαντες.
πᾶσι δὲ ἀνεπίφθονον τὴν προσήκουσαν σωτηρίαν ἐκπορίζεσθαι.
καὶ νῦν τῆς ἡμετέρας ἀσφαλείας ἕνεκα καὶ ἐνθάδε
(6.83.3) παρόντες ὁρῶμεν καὶ ὑμῖν ταὐτὰ ξυμφέροντα. ἀποφαίνομεν
δὲ ἐξ ὧν οἵδε τε διαβάλλουσι καὶ ὑμεῖς μάλιστα ἐπὶ τὸ
φοβερώτερον ὑπονοεῖτε, εἰδότες τοὺς περιδεῶς ὑποπτεύοντάς
τι λόγου μὲν ἡδονῇ τὸ παραυτίκα τερπομένους, τῇ δ'
(6.83.4) ἐγχειρήσει ὕστερον τὰ ξυμφέροντα πράσσοντας. τήν τε
γὰρ ἐκεῖ ἀρχὴν εἰρήκαμεν διὰ δέος ἔχειν καὶ τὰ ἐνθάδε διὰ
τὸ αὐτὸ ἥκειν μετὰ τῶν φίλων ἀσφαλῶς καταστησόμενοι,
καὶ οὐ δουλωσόμενοι, μὴ παθεῖν δὲ μᾶλλον τοῦτο κωλύσοντες.
| [6,83] LXXXIII. – « Ces raisons justifient notre domination : d'abord nous avons
aidé les Grecs, en leur fournissant la flotte la plus nombreuse et en faisant
preuve d'un dévouement incontestable ; ensuite, ces peuples, en mettant le même
empressement au service du Mède, nous avaient fait le plus grand tort ; enfin,
nous avons voulu nous rendre forts contre les Péloponnésiens. Nous ne cherchons
pas, par de belles paroles, à soutenir que notre domination se justifie, parce
que nous avons seuls anéanti le Barbare et parce que nous avons couru plus de
dangers pour la liberté des peuples du Péloponnèse que pour celle de tous les
Grecs et pour la nôtre. Nul n'est répréhensible pour assurer comme il le doit sa
conservation. Si c'est pour garantir notre propre sécurité que nous sommes ici,
nous voyons aussi que vos intérêts se confondent avec les nôtres. C’est ce que
nous allons montrer par les faits mêmes qu'on nous reproche à tort et qui sont
les plus propres à aggraver vos inquiétudes. Nous le savons, une crainte
excessive, des soupçons peuvent rendre sensible sur le moment au charme des
discours ; mais plus tard au moment d'agir, on ne fait que ce qui est utile.
Nous l'avons dit, c'est par mesure de précaution que nous avons acquis la
domination en Grèce ; ce n'est pas pour un autre motif que nous sommes venus
ici, pour y établir l'ordre avec nos amis, sans aucun dessein de les asservir ;
loin de là, avec celui de leur éviter l'esclavage.
| [6,84] ‘Ὑπολάβῃ δὲ μηδεὶς ὡς οὐδὲν προσῆκον ὑμῶν κηδόμεθα,
γνοὺς ὅτι σῳζομένων ὑμῶν καὶ διὰ τὸ μὴ ἀσθενεῖς ὑμᾶς
ὄντας ἀντέχειν Συρακοσίοις ἧσσον ἂν τούτων πεμψάντων
(6.84.2) τινὰ δύναμιν Πελοποννησίοις ἡμεῖς βλαπτοίμεθα. καὶ ἐν
τούτῳ προσήκετε ἤδη ἡμῖν τὰ μέγιστα. διόπερ καὶ τοὺς
Λεοντίνους εὔλογον κατοικίζειν μὴ ὑπηκόους ὥσπερ τοὺς ξυγγενεῖς
αὐτῶν τοὺς ἐν Εὐβοίᾳ, ἀλλ' ὡς δυνατωτάτους, ἵνα ἐκ
τῆς σφετέρας ὅμοροι ὄντες τοῖσδε ὑπὲρ ἡμῶν λυπηροὶ ὦσιν.
(6.84.3) τὰ μὲν γὰρ ἐκεῖ καὶ αὐτοὶ ἀρκοῦμεν πρὸς τοὺς πολεμίους,
καὶ ὁ Χαλκιδεύς, ὃν ἀλόγως ἡμᾶς φησὶ δουλωσαμένους τοὺς
ἐνθάδε ἐλευθεροῦν, ξύμφορος ἡμῖν ἀπαράσκευος ὢν καὶ
χρήματα μόνον φέρων, τὰ δὲ ἐνθάδε καὶ Λεοντῖνοι καὶ οἱ
ἄλλοι φίλοι ὅτι μάλιστα αὐτονομούμενοι.
| [6,84] LXXXIV. – « Que personne ne riposte que nous nous mêlons de ce qui ne
nous regarde pas. Avouez que votre conservation, la possibilité pour vous de
résister aux Syracusains, nous avantageront en interdisant à Syracuse l'envoi de
troupes dans le Péloponnèse. A ce point de vue, vous nous êtes au plus haut point
nécessaires. C'est par le même calcul que nous voulons rétablir les Léontins,
non pour en faire des sujets, comme il est arrivé pour leurs frères de l'Eubée ;
mais pour porter au plus haut point leur puissance et pour que, vu leur
proximité de Syracuse, ils nous rendent le service d'inquiéter les Syracusains.
En Grèce, nous sommes par nous-mêmes en état de résister à nos ennemis. Aussi
ces Khalkidiens, que cet homme nous reproche d'avoir asservis, tandis que nous
affranchissons ceux d'ici, notre intérêt exige qu'ils soient désarmés et nous
fournissent uniquement de l'argent ; pour la même raison, ici, les Léontins et
nos autres amis doivent jouir de la plus grande liberté.
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