|
[6,27] Ἐν δὲ τούτῳ, ὅσοι Ἑρμαῖ ἦσαν λίθινοι ἐν τῇ πόλει τῇ
Ἀθηναίων (εἰσὶ δὲ κατὰ τὸ ἐπιχώριον, ἡ τετράγωνος ἐργασία,
πολλοὶ καὶ ἐν ἰδίοις προθύροις καὶ ἐν ἱεροῖς), μιᾷ νυκτὶ οἱ
(6.27.2) πλεῖστοι περιεκόπησαν τὰ πρόσωπα. καὶ τοὺς δράσαντας
ᾔδει οὐδείς, ἀλλὰ μεγάλοις μηνύτροις δημοσίᾳ οὗτοί τε ἐζητοῦντο καὶ προσέτι
ἐψηφίσαντο, καὶ εἴ τις ἄλλο τι οἶδεν
ἀσέβημα γεγενημένον, μηνύειν ἀδεῶς τὸν βουλόμενον καὶ
(6.27.3) ἀστῶν καὶ ξένων καὶ δούλων. καὶ τὸ πρᾶγμα μειζόνως
ἐλάμβανον· τοῦ τε γὰρ ἔκπλου οἰωνὸς ἐδόκει εἶναι καὶ ἐπὶ
ξυνωμοσίᾳ ἅμα νεωτέρων πραγμάτων καὶ δήμου καταλύσεως
γεγενῆσθαι.
| [6,27] XXVII. - Sur ces entrefaites, la plupart des Hermès de pierre qui se
trouvaient à Athènes furent mutilés au visage. Ce sont des figures
quadrangulaires que, suivant l'usage, on place en grand nombre dans les
vestibules des maisons particulières et devant les temples. Nul ne connaissait
les auteurs de ce méfait. L'Etat promit une forte somme d'argent à qui les
découvrirait et l'on décréta que quiconque, citoyen, étranger ou esclave, avait
connaissance de quelque autre sacrilège, pouvait sans crainte le dénoncer.
L'affaire eut une répercussion considérable ; on croyait y voir un présage pour
l'expédition et on l'attribuait à une conjuration révolutionnaire pour
bouleverser l'État, pour abolir le gouvernement démocratique.
| [6,28] μηνύεται οὖν ἀπὸ μετοίκων τέ τινων καὶ ἀκολούθων
περὶ μὲν τῶν Ἑρμῶν οὐδέν, ἄλλων δὲ ἀγαλμάτων
περικοπαί τινες πρότερον ὑπὸ νεωτέρων μετὰ παιδιᾶς καὶ
οἴνου γεγενημέναι, καὶ τὰ μυστήρια ἅμα ὡς ποιεῖται ἐν
(6.28.2) οἰκίαις ἐφ' ὕβρει· ὧν καὶ τὸν Ἀλκιβιάδην ἐπῃτιῶντο. καὶ
αὐτὰ ὑπολαμβάνοντες οἱ μάλιστα τῷ Ἀλκιβιάδῃ ἀχθόμενοι
ἐμποδὼν ὄντι σφίσι μὴ αὐτοῖς τοῦ δήμου βεβαίως προεστάναι,
καὶ νομίσαντες, εἰ αὐτὸν ἐξελάσειαν, πρῶτοι ἂν εἶναι, ἐμεγάλυνον
καὶ ἐβόων ὡς ἐπὶ δήμου καταλύσει τά τε μυστικὰ καὶ
ἡ τῶν Ἑρμῶν περικοπὴ γένοιτο καὶ οὐδὲν εἴη αὐτῶν ὅτι οὐ
μετ' ἐκείνου ἐπράχθη, ἐπιλέγοντες τεκμήρια τὴν ἄλλην αὐτοῦ
ἐς τὰ ἐπιτηδεύματα οὐ δημοτικὴν παρανομίαν.
| [6,28] XXVIII. - Des métèques et des valets firent une dénonciation. Elle n'avait aucun
rapport avec les Hermès, mais concernait des statues qu'antérieurement avaient
mutilées, par gaminerie, des jeunes gens en état d'ivresse. Dans certaines
maisons, ajoutaient-ils, on parodiait les Mystères, ils accusaient Alcibiade
d'avoir participé à ces sacrilèges. Les ennemis d'Alcibiade furent les premiers
à se saisir de ces accusations ; car il gênait leur désir de gouverner le peuple
à leur gré ; en le chassant, ils espéraient se mettre au premier rang. Aussi
enflèrent-ils ces griefs et clamèrent-ils que les mystères et la mutilation des
Hermès tendaient au renversement du gouvernement démocratique et qu'Alcibiade
avait trempé dans toutes ces affaires ; ils donnaient comme preuve à l'appui la
licence antidémocratique de toute sa conduite.
| | |