[4] Ταῦτά μοι περὶ Δίωνος εἰπεῖν ἐπῆλθε πρὸς τὸν
ὕστερόν ποτε παῖδα ἐσόμενον, ἐπεί μοι καὶ διεξιόντι τοὺς παντοδαποὺς
αὐτοῦ λόγους μεταξὺ τὸ μάντευμα γέγονε. πατρικὸν
δὴ πέπονθα, καὶ ἤδη συνεῖναι τῷ παιδὶ βούλομαι καὶ
διδάσκειν ἅττα μοι φρονεῖν ἔπεισι περὶ ἑκάστου συγγραφέως
τε καὶ συγγράμματος, συνιστὰς αὐτῷ φίλους ἄνδρας
μετὰ τῆς προσηκούσης ἕκαστον κρίσεως· ἐν οἷς ἔστω καὶ
Δίων ὁ Προυσαεύς, περιττὸς ἀνὴρ εἰπεῖν τε καὶ γνῶναι.
καὶ τοῦτον οὖν ἐπαινέσας αὐτῷ παραδίδωμι, ἵνα μοι μετὰ
τοὺς τῆς γενναίας φιλοσοφίας προστάτας ἀπάρχοιτό ποτε
καὶ τοῖς πολιτικοῖς τοῦ Δίωνος γράμμασι, μεθόριον αὐτὰ
ἡγούμενος τῶν προπαιδευμάτων τε καὶ τῆς ἀληθινωτάτης
παιδείας. καὶ καλόν γε, ὦ παῖ, θεωρήμασιν ἐπιστημονικοῖς
προσταλαιπωρήσαντα καὶ καταπεπυκνωμένον τὴν γνώμην,
ἢ δόγμασι βάρος ἔχουσιν ἐστοιβασμένης τῆς διανοίας, εἶτα
ἀποκλῖναι δεῆσαν, μὴ εὐθὺς ἐπὶ κωμῳδίαν ἢ ψιλήν τινα
ῥητορείαν ἀίξαι· τοῦτο γάρ ἐστιν οὐκ ἐν τάξει, καὶ ταχὺ
πρόσω τοῦ μετρίου ῥᾳστωνεύσασθαι· ἀλλὰ κατὰ μικρὸν
ἐκλυτέος ὁ τόνος, μέχρις ἄν, εἰ δοκεῖ, δόξειε δὲ κἂν εἰς τὸ
ἀντικείμενον ἥκῃς, ἐπεξιὼν ἅπασιν, ὅσα Μουσῶν ἑταίροις
ἀνδράσιν ἐρραθύμηταί τε καὶ πέπαικται, πάλιν δὲ τὴν
σπουδὴν ἐπιτείνων, ἀναβασμῷ χρήσῃ, τοῖσδέ τε καὶ ἀδελφοῖς
τισι τούτων ἀναγνώσμασιν· οὕτως ἂν ἄριστα
δρῴης, διατρέχων τὸν κάλλιστον δίαυλον, παρὰ μέρος ἐν
βιβλίοις ἀεὶ παίζων τε καὶ σπουδάζων. ἀξιῶ γὰρ ἐγὼ τὸν
φιλόσοφον μηδ´ ἄλλο τι κακὸν μηδ´ ἄγροικον εἶναι, ἀλλὰ
καὶ τὰ ἐκ Χαρίτων μυεῖσθαι, καὶ ἀκριβῶς Ἕλληνα εἶναι,
τοῦτ´ ἔστι δύνασθαι τοῖς ἀνθρώποις ἐξομιλῆσαι, τῷ μηδενὸς
ἀπείρως ἔχειν ἐλλογίμου συγγράμματος. ἔοικε γὰρ
οὐδ´ ἄλλο τι γεγονέναι προοίμιον φιλοσοφίας ἢ πολυπραγμοσύνη
γνώσεως· καὶ ἐν παισὶν ἡ φιλόμυθος φύσις
ὑπόσχεσίς ἐστι φιλοσόφου τέλους. καὶ δῆτα τίνος ἂν εἴη
τέχνη καὶ ἐπιστήμη τέχνης ἢ ἐπιστήμης, ἧς ἐν τῷ λόγῳ
τοῦ εἶναι τὸ πάσαις ἐποχεῖσθαι παραλαμβάνεται, εἰ μὴ
φιλοκρινοίη τε αὐτάς, καὶ τὴν μὲν ἐκ περιωπῆς ἀποσκοποῖτο,
τὴν δὲ καὶ πρόσω προιοῦσα περιεργάζοιτο,
δορυφοροῖτο δ´ ὑφ´ ἁπασῶν, ὥσπερ ἔοικε τῇ βασιλίδι; τὰς
δὲ Μούσας οὐχ ὁμοῦ τε οὔσας ἐμφαίνει τὸ ὄνομα, θεῶν
καλεσάντων, ἢ ἀνθρώπων γε θεῶν φήμῃ χρωμένων;
χορός τέ εἰσι δι´ αὐτὴν δήπου τὴν σύνοδον· μία δὲ αὐτῶν
οὐδεμιᾶς χωρίς, οὔτε ἐν συμποσίῳ θεῶν ἐπιδείκνυται τὸ
οἰκεῖον ἔργον, οὔτε τυγχάνει παρὰ ἀνθρώποις βωμοῦ καὶ
νεώ. καίτοι τινὲς ἤδη φύσεως ἐνδείᾳ κατακερματίζουσιν
αὐτῶν τὸ χωρίζεσθαι μὴ δυνάμενον, καὶ ἕτερος ἑτέρας
ἐπήβολος γέγονεν· ἀλλὰ φιλοσοφία τὸ ἐπὶ πάσαις ἐστί.
καίτοι τοῦτο αἰνίττεται τὸ τῇ συμφωνίᾳ τῶν Μουσῶν
εὐθὺς τὸν Ἀπόλλω παρεῖναι.
| [4] Dans tout ce que je viens de dire, je m’adresse surtout à ce fils, qui va bientôt
me naître; car tandis que je parcourais les divers écrits de Dion, l’avenir s’offrait à mon
esprit. J’éprouve déjà les sentiments d’un père ; je veux vivre avec mon fils à mes
côtés, je veux l’instruire : il saura ce que je pense de chaque écrivain et de chaque
ouvrage; je lui présenterai mes auteurs favoris en les jugeant l’un après l’autre; et
parmi eux Dion de Pruse doit avoir une place distinguée, pour la forme et pour le fond
de ses écrits. Par l’éloge que je fais de lui, mon fils apprendra à l’aimer, sans le mettre
sur le même rang que les princes de la vraie philosophie; il goûtera ses écrits
politiques, et c’est ainsi qu’il se préparera pour les enseignements les plus solides et
les plus élevés. Tu feras bien, ô mon fils, quand ton esprit, fatigué par les recherches
scientifiques, par le travail de la méditation, ou par l’étude trop prolongée de doctrines
abstraites, aura besoin de repos, tu feras bien de ne pas passer aussitôt à la lecture
d’une comédie ou d’une œuvre de pure rhétorique: la transition serait trop brusque.
Recourir tout de suite à ces délassements, ce n’est pas garder la juste mesure: il faut
se détendre l’esprit peu à peu; si l’on veut, et souvent on le voudra, descendre du
grave au plaisant, que ce soit par degrés. Il suffit, pour cela, de parcourir ces écrits où
les amis des Muses ont laissé leur imagination s’amuser et s’ébattre. Veut-on revenir
ensuite aux études sérieuses? on reprend les mêmes lectures, on remonte par le
même chemin. Tu ne peux rien faire de mieux, ô mon fils, que de fournir cette double
carrière: les livres doivent tour à tour t’occuper et te récréer. J’estime que le
philosophe doit se préserver de la rusticité comme de tous les autres défauts; qu’il
s’initié au culte des Grâces, qu’il soit vraiment grec, c’est-à-dire que dans le commerce
de la vie il ne reste étranger à aucune des œuvres de l’intelligence. La philosophie est
née du désir de connaître, et l’enfant qui aime les fables fait présager en lui le goût des
recherches philosophiques. Mais parmi les arts et les sciences est-elle un art, est-elle
une science particulière? Non; elle résume en elle ce qu’il y a de plus général dans
chaque science; elle les juge toutes: tantôt elle les inspecte de haut, tantôt elle les
précède et les guide; toutes lui font cortège, comme à leur reine. Les Muses ne sont-elles
pas toujours ensemble, comme leur nom même l’indique, soit que ce nom leur
vienne des dieux, soit que les hommes aient appris des dieux à les appeler ainsi? Si
elles forment un chœur, c’est qu’elles sont réunies. Aucune d’entre elles, dans les
banquets de l’Olympe, ne fait sa partie en dehors des autres; aucune, sur la terre, n’a
de temple ni d’autel élevé pour elle seule. Souvent, par faiblesse d’intelligence, on
sépare ce qui doit rester indivisible; souvent des intelligences, trop étroites pour
comprendre toutes les Muses, ne s’attachent qu’à l’une d’elles; mais la philosophie les
embrasse toutes à la fois. Voilà pourquoi on nous représente Apollon présidant au
concert des Muses.
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