HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Synesius de Cyrène (c. 373 - c. 414), Dion ou traité de sa vie (texte complet)

Chapitre 17

  Chapitre 17

[17] Ἐρεῖ τοίνυν Πυθαγόρας, ὅστις Πυθαγόρου θιασώτης τε καὶ συνήγορος, ἐπειδὴ νόμους ἐκεῖνος φθέγγεται· ἄριστον μὲν εἶναι φῦναι τὸν νοῦν αὐτάρκη πρὸς ὁτιοῦν ἐπιτήδευμα, τοῦτ´ ἔστιν ἤδη νοῦν ἐνεργείᾳ τοῦτο ὄντα ῥητορικὸν ποιητικόν, εἰ μή γε καὶ πρὸς ἅπαν ἀκροφυέστατον· καὶ ἤδη τινὲς ἧκον ἐνθάδε τοιοίδε μέγεθος ἔχοντες, πρὸς ἐπιστήμην οἰκείωσιν, οἷς μαθήσεως οὐκ ἐδέησεν, ἀλλ´ αὐτοὶ τέχνης ἐγένοντο παραδείγματα. οἱ δὲ πολλοὶ τῆς μὲν εὐμοιρίας ταύτης οὐχ οὕτως εἰλήχασιν· ἐνίοις δὲ αὐτῶν πολλοῦ γε καὶ δεῖ· δυνάμει δὲ ὄντες νοῖ. καὶ οἱ μὲν ἧττον, οἱ δὲ μᾶλλον, ἀγχοῦ καὶ πόρρω τοῦ τέλους ὑπὸ τῶν ἐνεργείᾳ νῶν, τῶν ἀποτελεσμάτων τῆς ἐνεργείας αὐτῶν, εἰς τοῦτο προάγονται. καὶ πᾶσα τῶν βιβλίων πραγματεία πρὸς ἓν τοῦτο τείνει· ἐκκαλεῖται τὴν δύναμιν ἡμῶν εἰς ἐνέργειαν. ἀρχομένη μὲν οὖν, ἁπανταχοῦ δείσθω τῶν γραμμάτων ποδηγετούντων, καὶ πρὸς τὴν αἴσθησιν ἀπερειδέσθω· προιοῦσα δὲ ἀποπειράσθω τῆς ἰδίας ἰσχύος, καὶ μὴ πάντα ἐκκρεμαννύσθω τῶν συλλαβῶν. ὥσπερ γὰρ ἄλλο τι πρόβλημα ἀγαπᾶται, τὸ πόριμον ἡμῶν γυμναζούσης τῆς ἀπορίας, οὕτω καὶ τὸ ἐνδεὲς εἰς τὴν ἀκολουθίαν τῆς ἀναγνώσεως νοῦς προσυφαίνειν ἀναγκαζόμενος, καὶ μὴ πάντα ἐπὶ τοῖς ὀφθαλμοῖς κείμενος, μελέτην ποιεῖται τοῦ καὶ κατὰ μόνας ἔργον τι θαρρῆσαι παραπλήσιον· ἅμα δὲ καὶ προσεθίζεται μὴ πρὸς ἄλλοις, ἀλλὰ ἐντὸς εἶναι· τὰ γὰρ διημαρτημένα ταῦτα βιβλία τὸν νοῦν ἐπιζητεῖν ἔοικεν ἐπιστατοῦντα ταῖς ὄψεσι. τοῦτο καὶ τοῖς κομιδῇ μειρακίοις ἐπέταττεν Πυθαγόρου διδαχή, ἅμα μὲν ἀποπειρωμένη τῆς φύσεως τῆς ἑκάστου, ἅμα δὲ καὶ προγύμνασμα αὐτὸ ἡγουμένη, παιδικώτερον ἔτι τῶν ἐπιπέδων ἐν γεωμετρίᾳ λημμάτων· οὐ γὰρ μέγα τὸ ἔργον στοιχεῖον συλλαβήν, ἔστω δὲ καὶ λέξιν, εἰ δὲ βούλει καὶ μίαν ὅλην περίοδον λόγου ἁρμόσαντα, πάλιν ἑτοίμως χρῆσθαι τοῖς ἀπὸ τοῦ βιβλίου. πάνυ δὲ ὅμοιον τοῦτο τῷ συμβαίνοντι κατὰ τοὺς τῶν ἀετῶν νεοττούς· τοὺς ἀετιδεῖς οἱ πατέρες ἄρτι γενομένους ἐκπετησίμους ἄραντες ὑψοῦ μεθιᾶσιν, οἷον ἐπιτρέποντες αὐτοὺς τοῖς οἰκείοις χρῆσθαι πτεροῖς· κᾆτα αὖθις ἀναλαμβάνουσι προλαμβάνοντες τῆς ἡλικίας αὐτῶν τὴν ἀσθένειαν· καὶ τοῦτο πολλάκις, ἕως ἂν τὴν πτῆσιν ἐκμελετήσωσιν. [17] Ecoutez Pythagore, ou l’un de ceux qui suivent et défendent la doctrine de Pythagore: après avoir cité cette loi, il vous dira que rien n’est au-dessus d’un esprit qui n’a besoin que de ses propres forces pour se développer, je veux dire d’un esprit en acte, né vraiment pour l’éloquence et la poésie, et pour tous les nobles travaux. Notre pays a possédé de ces génies supérieurs, doués de capacités merveilleuses: aussi, sans avoir à se donner la peine d’apprendre les règles de l’art, ils ont eux-mêmes servi de modèles. Mais de si brillantes aptitudes ne sont pas le lot de tout le monde; il est même des hommes qui sont fort mal partagés. Mais tous nous sommes des intelligences en puissance; un peu plus, un peu moins, quand nous nous rapprochons du but à des degrés divers, c’est que nous sommes poussés par des intelligences en acte, c’est-à-dire celles qui doivent à leur énergie propre leur complet achèvement. La grande utilité des livres, c’est qu’ils nous font passer de la puissance à l’acte. Tout d’abord il faut s’attacher à la lettre matérielle, ne point la perdre de vue. Puis, à mesure que l’esprit se fortifie, il faut prendre plus de liberté, ne plus se traîner servilement sur le texte écrit. Un problème dont la solution offre des difficultés excite notre curiosité et notre pénétration; il en est de même d’un livre qui présente quelques lacunes: il faut savoir compléter la pensée, lire autrement que par les yeux, s’exercer à trouver en soi des idées analogues à celles de l’auteur. C’est ainsi que l’on s’habitue à n’être plus l’esclave d’autrui, mais à relever surtout de soi-même. Ces textes remplis de fautes exigent que l’intelligence vienne au secours des yeux. Si Pythagore prescrivait aux jeunes gens l’emploi de ces exemplaires incorrects, c’est qu’il voulait d’abord faire l’essai de leurs aptitudes; puis il estimait que ces exercices étaient mieux appropriés à leur âge que les recherches géométriques sur les surfaces. Il n’est pas bien difficile de substituer une lettre, une syllabe, un mot, au besoin même une phrase tout entière, et de lire couramment dans le livre. On s’habitue ainsi à prendre l’essor comme l’aiglon. Quand l’aiglon commence à se couvrir de plumes, ses parents le portent dans les airs; puis ils l’abandonnent un instant pour qu’il essaie ses ailes; mais comme il est encore trop faible, ils viennent le soutenir, et répètent l’épreuve jusqu’à ce qu’il ait appris à voler.


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Dernière mise à jour : 10/07/2008