[16] Εἰ δὲ ὅτι σοὶ μὴ διώρθωσα τὰ Δίωνος γράμματα,
δι´ ὃν καὶ προῆλθεν ἐπὶ τοσόνδε ὁ λόγος, διὰ τοῦτο
δυσχεραίνεις τὸν πατέρα, ἀλλ´ οὐδὲ ἄλλο τί σοι διώρθωται
τῶν τῆς ὁμοίας ἕξεως· Δίωνι γὰρ οὐκ ἀπολογίας πρὸς
τοῦτο δεήσει· πάλιν οὖν δεήσει ῥητορικῆς.
ἀλλ´ ἐγὼ νόμονἐκ φιλοσοφίας παρέξομαι.
Πυθαγόρας Μνησάρχου Σάμιος
ἐπιγέγραπται τῷ νόμῳ, ὅστις ὁ νόμος οὐκ ἐᾷ τοῖς βιβλίοις
ἐπιποιεῖν, ἀλλὰ βούλεται μένειν αὐτὰ ἐπὶ τῆς πρώτης
χειρός, ὅπως ποτὲ ἔσχε τύχης ἢ τέχνης. ἔστι μὲν οὖν ἐν
ταῖς ῥητορείαις ὁ νόμος τὸ ἀρρητόρευτον· ἐν γὰρ ταῖς
ἀλόγοις ἠρίθμηται πίστεσιν ὅ τι μὴ παρὰ τὴν πειθὼ τοῦ
λέγοντος ἀλλὰ παρὰ τὴν πολιτείαν ἰσχύει. καίτοι τινὲς
ἐφ´ ἡμῶν ἀξιοῦσιν ἀπὸ τοῦ τοιούτου ῥήτορες εἶναι, γραμματεῖς
ἀτεχνῶς ὄντες. οἱ δέ, κἂν μάρτυρας ἀναβιβάσωνται,
τοῦ πράγματος ἐπὶ τούτοις ὄντος, παρ´ ἑαυτοὺς οἰήσονται
πεπράχθαι τὴν δίκην· οὕτως εἰσὶ κομψοί τε καὶ νεανίαι.
ἐπεὶ δὲ ἡμεῖς οὐκ ἐκ τῶν Ῥωμαϊκῶν ἀξόνων τὸν νόμον
ἀνέγνωμεν, ἵνα καὶ ἀκόντων ἂν ἰσχύῃ, ἀλλ´ ἀνδρός ἐστι
φιλοσόφου καὶ παλαιοῦ, πειθώ τινα δεῖ προσεῖναι, καὶ
γενέσθαι νόμον τὸν λόγον. ἀλλ´ ὅπως μὴ λάθωμεν αὖθις
περὶ τῶν μικρῶν τι μεῖζον εἰπόντες· ὡς οὐκ οἶδ´ ὅπως
ἀπὸ τῶν φαυλοτάτων εἰς σεμνὰ ἄττα ἀποφερόμεθα.
φυλαξόμεθα οὖν ὅση δύναμις· εἰ δὲ πάντως δέοιτο, τῶν
εἰρημένων τι παραληψόμεθα. κἂν τοῦτο ἀρκῇ, τῷ παντὶ
ἂν ἔχοι καλῶς μηδὲν προσπεριεργάσασθαι.
| [16] Si tu reproches un jour à ton père de ne pas avoir corrigé les exemplaires de
ce Dion, à propos duquel je me suis laissé entraîner au plaisir d’exposer mes idées, tu
trouveras que le reste des ouvrages qui composent ma bibliothèque ne se
recommande pas davantage par la correction des textes. A cet égard Dion ne vaut pas
moins que les autres; je pourrais le défendre par des raisons tirées de la rhétorique,
mais je peux même produire une loi de la philosophie. Cette loi, que l’on attribue au fils
de Mnésarque, à Pythagore de Samos, défend de rien changer aux livres; il faut les
laisser tels qu’ils sont sortis de la main du copiste, plus ou moins bien écrits. La loi,
que l’on invoque dans les plaidoiries, n’a rien à voir avec les habiletés de l’éloquence;
elle fait partie de ces preuves positives qui tirent toute leur force, non pas du talent de
l’orateur, mais des institutions de l’État. Nous voyons cependant des gens qui se
croient des maîtres dans l’art de la parole, quand ils ne sont en quelque sorte que de
simples greffiers. Lorsqu’ils ont produit des témoins dans une affaire qui doit se
résoudre par des témoignages, ils s’imaginent que c’est leur faconde qui a décidé du
succès, tant ils sont présomptueux et naïfs. La loi dont je parle n’est point tirée de ce
code romain qui s’impose même aux volontés rebelles; ce n’est qu’un précepte donné
par un ancien philosophe: il faut le faire accepter par la persuasion; c’est une loi qui ne
peut se passer du secours de la parole. Quand il s’agit de petites choses, il ne
convient pas d’apporter trop de sérieux; je ne sais comment, à propos de bagatelles, je
me laisse aller à traiter de bien graves sujets: nous tâcherons donc, autant que nous le
pourrons, d’éviter ce défaut. Le précepte que je rapportais plus haut appelle quelques
réflexions; mais une fois que j’aurai dit le nécessaire, j’aurai bien soin de n’y rien
ajouter.
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