[17a,39] Μετὰ δὲ τὸν Ἀρσινοΐτην καὶ τὸν Ἡρακλεωτικὸν
νομὸν Ἡρακλέους πόλις, ἐν ᾗ ὁ ἰχνεύμων τιμᾶται ὑπεναντίως
τοῖς Ἀρσινοΐταις· οἱ μὲν γὰρ τοὺς κροκοδείλους
τιμῶσι, καὶ διὰ τοῦτο ἥ τε διῶρυξ αὐτῶν ἐστι μεστὴ
τῶν κροκοδείλων καὶ ἡ τοῦ Μοίριδος λίμνη· σέβονται
γὰρ καὶ ἀπέχονται αὐτῶν· οἱ δὲ τοὺς ἰχνεύμονας
τοὺς ὀλεθριωτάτους τοῖς κροκοδείλοις, καθάπερ
καὶ ταῖς ἀσπίσι· καὶ γὰρ τὰ ὠὰ διαφθείρουσιν αὐτῶν
καὶ αὐτὰ τὰ θηρία, τῷ πηλῷ θωρακισθέντες· κυλισθέντες
γὰρ ἐν αὐτῷ ξηραίνονται πρὸς τὸν ἥλιον, εἶτα
τὰς ἀσπίδας μὲν ἢ τῆς κεφαλῆς ἢ τῆς οὐρᾶς λαβόμενοι
κατασπῶσιν εἰς τὸν ποταμὸν καὶ διαφθείρουσι·
τοὺς δὲ κροκοδείλους ἐνεδρεύσαντες, ἡνίκ´ ἂν ἡλιάζωνται
κεχηνότες, ἐμπίπτουσιν εἰς τὰ χάσματα καὶ διαφαγόντες
τὰ σπλάγχνα καὶ τὰς γαστέρας ἐκδύνουσιν
ἐκ νεκρῶν τῶν σωμάτων.
| [17a,39] Passé le nome Arsinoïte, on entre dans le nome Héracléotique et l'on
atteint Héracléopolis, ville dont les habitants rendent les honneurs
divins à l'ichneumon, prenant en cela le contre-pied des croyances des
Arsinoïtes. On a vu quelle adoration les Arsinoïtes ont pour le crocodile,
adoration qui va jusqu'à ne pas oser porter la main sur un seul de ces
animaux et jusqu'à laisser infestés de crocodiles le lit du canal et les
eaux du lac Moeris. Or, en adorant comme ils font l'ichneumon, les
Héracléopolites rendent hommage par le fait à l'ennemi mortel du
crocodile, voire à celui de l'aspic. L'ichneumon, en effet, détruit les
oeufs de ces animaux et parfois ces animaux eux-mêmes contre lesquels il
se façonne avec de la boue une espèce de cuirasse. Après s'être bien roulé
dans la vase, et bien séché ensuite au soleil, il saisit brusquement
l'aspic, soit par la tête, soit par la queue, l'entraîne dans le fleuve et
l'y noie. Avec le crocodile il procède autrement : il épie le moment où
celui-ci se chauffe au soleil, la gueule toute grande ouverte, et, se
glissant dans ce gouffre béant pour ronger l'intestin et l'estomac de son
ennemi, il n'en ressort qu'après que le corps du crocodile n'est déjà plus
qu'un cadavre.
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