[17a,35] Μετὰ δὲ Μέμφιν Ἄκανθος πόλις ὁμοίως ἐν τῇ
Λιβύῃ καὶ τὸ τοῦ Ὀσίριδος ἱερὸν καὶ τὸ τῆς ἀκάνθης
ἄλσος τῆς Θηβαϊκῆς ἐξ ἧς τὸ κόμμι. εἶθ´ ὁ Ἀφροδιτοπολίτης
νομὸς καὶ ἡ ὁμώνυμος πόλις ἐν τῇ Ἀραβίᾳ, ἐν
ᾗ λευκὴ βοῦς ἱερὰ τρέφεται. εἶθ´ ὁ Ἡρακλεώτης νομὸς
ἐν νήσῳ μεγάλῃ, καθ´ ἣν ἡ διῶρύξ ἐστιν ἐν δεξιᾷ
εἰς τὴν Λιβύην ἐπὶ τὸν Ἀρσινοΐτην νομόν, ὥστε καὶ
δίστομον εἶναι τὴν διώρυγα, μεταξὺ μέρους τινὸς τῆς
νήσου παρεμπίπτοντος. ἔστι δ´ ὁ νομὸς οὗτος ἀξιολογώτατος
τῶν ἁπάντων κατά τε τὴν ὄψιν καὶ τὴν ἀρετὴν
καὶ τὴν κατασκευήν· ἐλαιόφυτός τε γὰρ μόνος
ἐστὶ μεγάλοις καὶ τελείοις δένδρεσι καὶ καλλικάρποις,
εἰ δὲ συγκομίζοι καλῶς τις, καὶ εὐέλαιος· ὀλιγωροῦντες
δὲ τούτου πολὺ μὲν ποιοῦσιν ἔλαιον, μοχθηρὸν δὲ
κατὰ τὴν ὀδμήν· ἡ δ´ ἄλλη Αἴγυπτος ἀνέλαιός ἐστι
πλὴν τῶν κατ´ Ἀλεξάνδρειαν κήπων, οἳ μέχρι τοῦ
ἐλαίαν χορηγεῖν ἱκανοί εἰσιν, ἔλαιον δ´ οὐχ ὑπουργοῦσιν·
οἶνόν τε οὐκ ὀλίγον ἐκφέρει σῖτόν τε καὶ ὄσπρια
καὶ τὰ ἄλλα σπέρματα πάμπολλα. θαυμαστὴν δὲ καὶ
τὴν λίμνην ἔχει τὴν Μοίριδος καλουμένην, πελαγίαν
τῷ μεγέθει καὶ τῇ χρόᾳ θαλαττοειδῆ· καὶ τοὺς αἰγιαλοὺς
δὲ ἔστιν ὁρᾶν ἐοικότας τοῖς θαλαττίοις, ὡς ὑπονοεῖν
τὰ αὐτὰ περὶ τῶν κατὰ Ἄμμωνα τόπων καὶ τούτων
(καὶ γὰρ οὐδὲ πάμπολυ ἀφεστᾶσιν ἀλλήλων καὶ
τοῦ Παραιτονίου) μὴ ὥσπερ τὸ ἱερὸν ἐκεῖνο εἰκάζειν
ἔστι πρότερον ἐπὶ τῇ θαλάττῃ ἱδρῦσθαι διὰ τὸ πλῆθος
τῶν τεκμηρίων, καὶ ταῦθ´ ὁμοίως τὰ χωρία πρότερον
ἐπὶ τῇ θαλάττῃ ὑπῆρχεν, ἡ δὲ κάτω Αἴγυπτος καὶ τὰ
μέχρι τῆς λίμνης τῆς Σιρβωνίτιδος πέλαγος ἦν, σύρρουν
τυχὸν ἴσως τῇ Ἐρυθρᾷ τῇ κατὰ Ἡρώων πόλιν
καὶ τὸν Αἰλανίτην μυχόν.
| [17a,35] Après Memphis, et toujours en Libye, se trouve la ville d'Acanthus,
avec son temple d'Osiris et son bois d'acanthes thébaïques (l'acanthe est
l'arbre qui donne le commi). Puis vient, sur la rive opposée, en Arabie,
le nome Aphroditopolite, qui a pour chef-lieu une ville de même nom où
l'on nourrit une vache blanche à titre d'animal sacré. Le nome Héracléote
qu'on atteint ensuite occupe une grande île du Nil. Juste en face de cette
île on voit commencer le canal qui va, en Libye arroser le nome Arsinoïte,
et, comme ce canal a double ouverture, il semble intercepter une portion
de l'île entre ses deux branches. De tous les nomes d'Egypte, le nome
Arsinoïte est le plus remarquable sous le triple rapport du pittoresque,
de la fertilité et de la culture. Il est le seul notamment où vienne
l'olivier, où surtout il grandisse, acquière toute sa croissance et donne,
non seulement de beaux et bons fruits, mais aussi (à condition que la
cueille en soit bien faite) de l'huile excellente : faute de soins
suffisants, la récolte la plus abondante ne donnerait qu'une huile ayant
mauvaise odeur. Dans tout le reste de l'Egypte l'olivier fait défaut, il
ne se rencontre guère que dans les vergers d'Alexandrie, mais là, s'il a
été possible de faire venir l'arbre même, on n'est pas parvenu à en tirer
de l'huile. Le nome Arsinoïte produit en outre beaucoup de vin, du blé,
des légumes et en général toutes les plantes ou semences utiles. Il
possède aussi cet admirable lac Moeris, qu'on prendrait en vérité pour une
mer, à voir son étendue et la couleur bleue de ses eaux. Ajoutons que ses
rives ressemblent tout à fait aux plages marines et que cette ressemblance
donne lieu de supposer que ce qui s'est produit aux environs du temple
d'Ammon s'est produit également ici, d'autant que les deux emplacements,
peu distants l'un de l'autre, ne sont guère loin non plus de Paraetonium.
Or il y a tout lieu de croire, tant les preuves abondent, que le temple
d'Ammon était situé primitivement sur le bord de la mer : il est donc
naturel aussi de supposer qu'à l'origine toute cette région du lac Moeris
était également maritime, la basse Egypte et la contrée qui s'étend
jusqu'au lac Sirbonitis formant alors une mer, laquelle même pouvait
communiquer avec l'Erythrée, j'entends avec la partie voisine aujourd'hui
d'Héroopolis et du fond de la branche Aelanitique.
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