[17a,34] Ἓν δέ τι τῶν ὁραθέντων ὑφ´ ἡμῶν ἐν ταῖς πυραμίσι
παραδόξων οὐκ ἄξιον παραλιπεῖν. ἐκ γὰρ τῆς λατύπης
σωροί τινες πρὸ τῶν πυραμίδων κεῖνται· ἐν
τούτοις δ´ εὑρίσκεται ψήγματα καὶ τύπῳ καὶ μεγέθει
φακοειδῆ· ἐνίοις δὲ καὶ ὡς ἂν πτίσμα οἷον ἡμιλεπίστων
ὑποτρέχει· φασὶ δ´ ἀπολιθωθῆναι λείψανα τῆς
τῶν ἐργαζομένων τροφῆς· οὐκ ἀπέοικε δέ· καὶ γὰρ
οἴκοι παρ´ ἡμῖν λόφος ἐστὶν ἐν πεδίῳ παραμήκης, οὗτος
δ´ ἐστὶ μεστὸς ψήφων φακοειδῶν λίθου πωρείας·
καὶ αἱ θαλάττιαι δὲ καὶ αἱ ποτάμιαι ψῆφοι σχεδόν τι
τὴν αὐτὴν ἀπορίαν ὑπογράφουσιν· ἀλλ´ αὗται μὲν ἐν
τῇ κινήσει τῇ διὰ τοῦ ῥεύματος εὑρεσιλογίαν τινὰ
ἔχουσιν, ἐκεῖ δ´ ἀπορωτέρα ἡ σκέψις. εἴρηται δ´ ἐν
ἄλλοις καὶ διότι περὶ τὸ μέταλλον τῶν λίθων, ἐξ ὧν αἱ
πυραμίδες γεγόνασιν, ἐν ὄψει ταῖς πυραμίσιν ὂν πέραν
ἐν τῇ Ἀραβίᾳ, Τρωικόν τι καλεῖται πετρῶδες ἱκανῶς
ὄρος καὶ σπήλαια ὑπ´ αὐτῷ καὶ κώμη πλησίον καὶ
τούτοις καὶ τῷ ποταμῷ, Τροία καλουμένη, κατοικία
παλαιὰ τῶν Μενελάῳ συγκατακολουθησάντων αἰχμαλώτων
Τρώων, καταμεινάντων δ´ αὐτόθι.
| [17a,34] En visitant les pyramides, nous avons observé un fait extraordinaire
et qui nous a paru mériter de ne pas être passé sous silence. Il s'agit de
gros tas d'éclats de pierre qui couvrent le sol en avant des pyramides et
dans lesquels on n'a qu'à fouiller pour trouver de petites pétrifications
ayant la forme et la dimension d'une lentille et reposant parfois sur un
lit de débris {également pétrifiés} assez semblables à des épluchures de
légumes à moitié écossés. On prétend que ces pétrifications sont les
restes des repas des ouvriers qui ont élevé les pyramides, mais la chose
n'est guère vraisemblable. Il existe en effet dans une des plaines de
notre pays une colline allongée, remplie, comme celle-ci, de fragments de
tuf siliceux qui ont aussi cette configuration lenticulaire. La formation
des cailloux de la mer et des rivières qui soulève à peu près les mêmes
difficultés s'explique à la rigueur par la nature du mouvement qu'imprime
aux corps tout courant d'eau, mais ici la question est plus embarrassante.
Un autre fait curieux {que nous n'avons pas observé nous-même,} mais dont
nous devons la connaissance à autrui, c'est qu'aux environs de la carrière
d'où furent extraites les pierres des pyramides (cette carrière est située
en vue des pyramides mêmes, de l'autre côté du Nil, sur la rive Arabique)
il existe une montagne passablement rocheuse appelée le Troïcum, dans
laquelle s'ouvre une caverne profonde, et qu'il y a en outre à une très
petite distance de cette caverne et du fleuve un gros bourg, du nom de
Troïa, qui passe pour avoir été fondé anciennement par les prisonniers
troyens que Ménélas traînait à sa suite, ce prince leur ayant permis de
s'établir en ce lieu.
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