[15a,5] Εἰ τοίνυν ταῦτ´ ἀφείς τις τὴν πρὸ τῆς Ἀλεξάνδρου
στρατείας ἐπιβλέποι μνήμην, πολὺ ἂν εὕροι τούτων
τυφλότερα. Ἀλέξανδρον μὲν οὖν πιστεύειν τοῖς τοιούτοις
εἰκός, τετυφωμένον ταῖς τοσαύταις εὐτυχίαις. φησὶ
γοῦν Νέαρχος φιλονεικῆσαι αὐτὸν διὰ τῆς Γεδρωσίας
ἀγαγεῖν τὴν στρατιάν, πεπυσμένον διότι καὶ Σεμίραμις
ἐστράτευσεν ἐπὶ Ἰνδοὺς καὶ Κῦρος· ἀλλ´ ἡ μὲν ἀνέστρεψε
φεύγουσα μετὰ εἴκοσιν ἀνθρώπων, ἐκεῖνος δὲ
μεθ´ ἑπτά· ὡς σεμνὸν τὸ ἐκείνων τοσαῦτα παθόντων
αὐτὸν καὶ στρατόπεδον διασῶσαι μετὰ νίκης διὰ τῶν
αὐτῶν ἐθνῶν τε καὶ τόπων.
| [15a,5] A défaut de ces sources d'information, consulterons-nous au moins les
traditions antérieures à la conquête d'Alexandre, les ténèbres
s'épaississent encore. Qu'Alexandre ait ajouté foi à ces antiques
traditions, la chose se conçoit à la rigueur, vu l'enivrement où l'avait
jeté une telle continuité de succès ; et il n'y a rien qui choque la
vraisemblance dans cette affirmation de Néarque que, si Alexandre ramena
son armée par la Gédrosie, ce fut par émulation et pour avoir entendu
raconter comment Sémiramis et Cyrus, après avoir attaqué l'Inde, avaient
dû battre en retraite aussitôt et s'enfuir, Sémiramis avec vingt
compagnons en tout, et Cyrus avec sept : il trouvait beau apparemment, là
où ces deux puissants monarques avaient éprouvé un tel revers, d'avoir su
garder son armée intacte et de l'avoir ramenée triomphante à travers les
mêmes peuples et les mêmes contrées. Oui, on conçoit qu'Alexandre ait pu
croire à de semblables récits.
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