[14a,16] Αἱ μὲν οὖν τυραννίδες ἤκμασαν κατὰ Πολυκράτη
μάλιστα καὶ τὸν ἀδελφὸν αὐτοῦ Συλοσῶντα·
ἦν δ´ ὁ μὲν καὶ τύχῃ καὶ δυνάμει λαμπρὸς ὥστε καὶ θαλαττοκρατῆσαι·
τῆς δ´ εὐτυχίας αὐτοῦ σημεῖον τιθέασιν ὅτι ῥίψαντος εἰς τὴν θάλατταν
ἐπίτηδες τὸν δακτύλιον λίθου καὶ γλύμματος
πολυτελοῦς, ἀνήνεγκε μικρὸν ὕστερον τῶν ἁλιέων τις τὸν καταπιόντα
ἰχθὺν αὐτόν· ἀνατμηθέντος δ´ εὑρέθη ὁ δακτύλιος·
πυθόμενον δὲ τοῦτο τὸν Αἰγυπτίων βασιλέα φασὶ μαντικῶς πως
ἀποφθέγξασθαι ὡς ἐν βραχεῖ καταστρέψει τὸν βίον εἰς
οὐκ εὐτυχὲς τέλος ὁ τοσοῦτον ἐξηρμένος ταῖς εὐπραγίαις·
καὶ δὴ καὶ συμβῆναι τοῦτο· ληφθέντα γὰρ ἐξ
ἀπάτης ὑπὸ τοῦ σατράπου τῶν Περσῶν κρεμασθῆναι.
τούτῳ συνεβίωσεν Ἀνακρέων ὁ μελοποιός· καὶ δὴ καὶ
πᾶσα ἡ ποίησις πλήρης ἐστὶ τῆς περὶ αὐτοῦ μνήμης.
ἐπὶ τούτου δὲ καὶ Πυθαγόραν ἱστοροῦσιν ἰδόντα φυομένην
τὴν τυραννίδα ἐκλιπεῖν τὴν πόλιν καὶ ἀπελθεῖν
εἰς Αἴγυπτον καὶ Βαβυλῶνα φιλομαθείας χάριν· ἐπανιόντα
δ´ ἐκεῖθεν, ὁρῶντα ἔτι συμμένουσαν τὴν τυραννίδα, πλεύσαντα
εἰς Ἰταλίαν ἐκεῖ διατελέσαι τὸν βίον. περὶ Πολυκράτους μὲν ταῦτα.
| [14a,16] 16. L'apogée du pouvoir tyrannique à Samos coïncide avec les règnes de Polycrate et de son frère Syloson. Vrai favori de la Fortune, Polycrate
était parvenu, par l'éclat de ses victoires, à fonder une sorte de
thalassocratie. Pour donner une preuve de l'heureuse chance qui
accompagnait toutes ses actions, on raconte qu'ayant jeté exprès à la mer
une bague, objet du plus grand prix tant pour la beauté de la pierre que
pour le fini de la gravure, il vit peu de temps après un de ses pêcheurs
lui apporter le poisson même par qui sa bague avait été avalée, si bien
qu'en ouvrant le poisson on retrouva la bague. On ajoute que l'aventure
parvint aux oreilles du roi d'Egypte, qui, saisi à l'instant d'une sorte
d'inspiration prophétique, annonça tout haut qu'avant peu on verrait périr
d'une fin misérable ce prince élevé si haut par les faveurs de la Fortune,
et que l'événement vérifia sa prédiction, puisque Polycrate, victime d'une
ruse d'Oroïtès, satrape d'Asie Mineure, fut pris par lui et pendu.
Anacréon, le poète lyrique, avait beaucoup vécu à la cour de Polycrate,
aussi le souvenir de ce prince remplit-il pour ainsi dire toutes ses
poésies. Un autre contemporain de Polycrate, Pythagore, avait quitté
Samos, dit-on, dès qu'il avait vu poindre dans sa patrie les premiers
germes de la tyrannie, et il avait voyagé pour s'instruire en Egypte, à
Babylone ; à son retour de ce premier voyage, il trouva la tyrannie plus
florissante que jamais dans Samos, il se rembarqua alors et fit voile pour
l'Italie où il passa le reste de sa vie. - Nous n'en dirons pas davantage
au sujet de Polycrate.
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