[14a,15] Περίπλους δ´ ἐστὶ τῆς Σαμίων νήσου σταδίων
ἑξακοσίων. ἐκαλεῖτο δὲ Παρθενία πρότερον οἰκούντων
Καρῶν, εἶτα Ἀνθεμοῦς, εἶτα Μελάμφυλλος, εἶτα Σάμος,
εἴτ´ ἀπό τινος ἐπιχωρίου ἥρωος εἴτ´ ἐξ Ἰθάκης καὶ
Κεφαλληνίας ἀποικήσαντος. καλεῖται μὲν οὖν καὶ ἄκρα
τις Ἄμπελος βλέπουσά πως πρὸς τὸ τῆς Ἰκαρίας Δρέπανον, ἀλλὰ καὶ τὸ ὄρος
ἅπαν ὃ ποιεῖ τὴν ὅλην νῆσον ὀρεινὴν ὁμωνύμως λέγεται· ἔστι δ´ οὐκ εὔοινος,
καίπερ εὐοινουσῶν τῶν κύκλῳ νήσων, καὶ τῆς ἠπείρου σχεδόν τι
τῆς προσεχοῦς πάσης τοὺς ἀρίστους ἐκφερούσης οἴνους·
καὶ μὴν καὶ ὁ Ἐφέσιος καὶ Μητροπολίτης ἀγαθοί, ἥ τε
Μεσωγὶς καὶ ὁ Τμῶλος καὶ ἡ Κατακεκαυμένη καὶ Κνίδος καὶ Σμύρνα
καὶ ἄλλοι ἀσημότεροι τόποι διαφόρως
χρηστοινοῦσιν ἢ πρὸς ἀπόλαυσιν ἢ πρὸς διαίτας ἰατρικάς.
περὶ μὲν {οὖν} οἴνους οὐ πάνυ εὐτυχεῖ Σάμος, τὰ
δ´ ἄλλα εὐδαίμων, ὡς δῆλον ἔκ τε τοῦ περιμάχητον
γενέσθαι καὶ ἐκ τοῦ τοὺς ἐπαινοῦντας μὴ ὀκνεῖν ἐφαρμόττειν
αὐτῇ τὴν λέγουσαν παροιμίαν ὅτι φέρει καὶ
ὀρνίθων γάλα. τοῦτο δὲ καὶ τῶν τυραννίδων αἴτιον
αὐτῇ κατέστη καὶ τῆς πρὸς Ἀθηναίους ἔχθρας.
| [14a,15] 15. Le périple de l'île de Samos mesure en tout 600 stades. Nommée
primitivement Parthénie, quand elle n'était peuplée encore que de Cariens,
cette île s'appela ensuite Anthémussa, puis Mélamphylle, et finalement
Samos, soit du nom de quelque héros indigène, soit du nom du chef même de
la colonie Ithacienne et céphallénienne. Quant au nom d'Ampélos, que
porte, non seulement le promontoire qui fait face au cap Drepanon de l'île
d'Icarie, mais encore toute la chaîne de montagnes qui couvre l'île de ses
ramifications, il pourrait donner à entendre que Samos est
particulièrement fertile en vins : il n'en est rien cependant, et, tandis
que les îles environnantes produisent toutes du vin excellent, tandis que
la côte de terre ferme située vis-à-vis nous offre presque à chaque pas
des crus célèbres, tels que les grands crus d'Ephèse et de Métropolis et
ceux du Mésogis, du Tmole, de la Catakékaumène, de Cnide et de Smyrne,
sans parler de beaucoup d'autres, qui, pour appartenir à des localités
plus obscures, n'en voient pas moins leurs produits très recherchés des
gourmets et très ordonnés aux malades, Samos, elle, ne récolte que des
vins médiocres. Elle est, en revanche, pour tout le reste merveilleusement
partagée, comme le prouvent au surplus et l'acharnement des conquérants à
s'en disputer la possession et l'enthousiasme de ses panégyristes,
lesquels vont jusqu'à lui appliquer ce dicton que Ménandre rappelle et
cite quelque part : «Heureuse au point de tirer du lait de ses poules !»
On peut même dire que cet excès de prospérité fut la cause des tyrannies
que Samos eut à subir, la cause aussi de la haine jalouse que lui
portèrent toujours les Athéniens.
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