[1200] (Ἠλέκτρα)
 μόνος βροτῶν νυν ἴσθ᾽ ἐποικτίρας ποτέ.	
 (Ὀρέστης)
 μόνος γὰρ ἥκω τοῖς ἴσοις ἀλγῶν κακοῖς.
 (Ἠλέκτρα)
 οὐ δή ποθ᾽ ἡμῖν ξυγγενὴς ἥκεις ποθέν;
 (Ὀρέστης)
 ἐγὼ φράσαιμ᾽ ἄν, εἰ τὸ τῶνδ᾽ εὔνουν πάρα.
 (Ἠλέκτρα)
 ἀλλ᾽ ἐστὶν εὔνουν, ὥστε πρὸς πιστὰς ἐρεῖς.
 1205 (Ὀρέστης)
 μέθες τόδ᾽ ἄγγος νῦν, ὅπως τὸ πᾶν μάθῃς.	
 (Ἠλέκτρα)
 μὴ δῆτα πρὸς θεῶν τοῦτό μ᾽ ἐργάσῃ, ξένε.
 (Ὀρέστης)
 πείθου λέγοντι κοὐχ ἁμαρτήσει ποτέ.
 (Ἠλέκτρα)
 μή, πρὸς γενείου, μὴ ᾽ξέλῃ τὰ φίλτατα.
 (Ὀρέστης)
 οὔ φημ᾽ ἐάσειν.
 (Ἠλέκτρα)
  - ὦ τάλαιν᾽ ἐγὼ σέθεν,
 1210 Ὀρέστα, τῆς σῆς εἰ στερήσομαι ταφῆς.	
 (Ὀρέστης)
 εὔφημα φώνει· πρὸς δίκης γὰρ οὐ στένεις.
 (Ἠλέκτρα)
 πῶς τὸν θανόντ᾽ ἀδελφὸν οὐ δίκῃ στένω;
 (Ὀρέστης)
 οὔ σοι προσήκει τήνδε προσφωνεῖν φάτιν.
 (Ἠλέκτρα)
 οὕτως ἄτιμός εἰμι τοῦ τεθνηκότος;
 1215 (Ὀρέστης)
 ἄτιμος οὐδενὸς σύ· τοῦτο δ᾽ οὐχὶ σόν.	
 (Ἠλέκτρα)
 εἴπερ γ᾽ Ὀρέστου σῶμα βαστάζω τόδε;
 (Ὀρέστης)
 ἀλλ᾽ οὐκ Ὀρέστου, πλὴν λόγῳ γ᾽ ἠσκημένον.
 (Ἠλέκτρα)
 ποῦ δ᾽ ἔστ᾽ ἐκείνου τοῦ ταλαιπώρου τάφος;
 (Ὀρέστης)
 οὐκ ἔστι· τοῦ γὰρ ζῶντος οὐκ ἔστιν τάφος.
 1220 (Ἠλέκτρα)
 πῶς εἶπας, ὦ παῖ;	
 (Ὀρέστης)
  - ψεῦδος οὐδὲν ὧν λέγω.
 (Ἠλέκτρα)
 ἦ ζῇ γὰρ ἁνήρ;
 (Ὀρέστης)
  - εἴπερ ἔμψυχός γ᾽ ἐγώ.
 (Ἠλέκτρα)
 ἦ γὰρ σὺ κεῖνος;
 (Ὀρέστης)
  - τήνδε προσβλέψασά μου
 σφραγῖδα πατρὸς ἔκμαθ᾽ εἰ σαφῆ λέγω.
 (Ἠλέκτρα)
 ὦ φίλτατον φῶς.
 (Ὀρέστης)
  - φίλτατον, συμμαρτυρῶ.
 1225 (Ἠλέκτρα)
 ὦ φθέγμ᾽, ἀφίκου;	
 (Ὀρέστης)
  - μηκέτ᾽ ἄλλοθεν πύθῃ,
 (Ἠλέκτρα)
 ἔχω σε χερσίν;
 (Ὀρέστης)
  - ὡς τὰ λοίπ᾽ ἔχοις ἀεί.
 (Ἠλέκτρα)
 ὦ φίλταται γυναῖκες, ὦ πολίτιδες,
 ὁρᾶτ᾽ Ὀρέστην τόνδε, μηχαναῖσι μὲν
 θανόντα, νῦν δὲ μηχαναῖς σεσωσμένον.
 1230 (Χορός)
 ὁρῶμεν, ὦ παῖ, κἀπὶ συμφοραῖσί μοι	
 γεγηθὸς ἕρπει δάκρυον ὀμμάτων ἄπο.
 (Ἠλέκτρα)
 ἰὼ γοναί,
 γοναὶ σωμάτων ἐμοὶ φιλτάτων,
 ἐμόλετ᾽ ἀρτίως,
 1235 ἐφηύρετ᾽, ἤλθετ᾽, εἴδεθ᾽ οὓς ἐχρῄζετε.	
 (Ὀρέστης)
 πάρεσμεν· ἀλλὰ σῖγ᾽ ἔχουσα πρόσμενε.
 (Ἠλέκτρα)
 τί δ᾽ ἔστιν;
 (Ὀρέστης)
 σιγᾶν ἄμεινον, μή τις ἔνδοθεν κλύῃ.
 (Ἠλέκτρα)
 ἀλλ᾽ οὐ μὰ τὴν ἄδμητον αἰὲν Ἄρτεμιν,
 1240 τόδε μὲν οὔ ποτ᾽ ἀξιώσω τρέσαι,	
 περισσὸν ἄχθος ἔνδον
 γυναικῶν ὂν αἰεί.
 (Ὀρέστης)
 ὅρα γε μὲν δὴ κἀν γυναιξὶν ὡς Ἄρης
 ἔνεστιν· εὖ δ᾽ ἔξοισθα πειραθεῖσά που.
 1245 (Ἠλέκτρα)
 ὀτοτοτοτοῖ τοτοῖ,	
 ἀνέφελον ἐνέβαλες οὔ ποτε καταλύσιμον,
 οὐδέ ποτε λησόμενον ἁμέτερον
 | [1200] ÉLECTRE 
Tu es le seul qui semble avoir pitié de moi. 
ORESTE 
J'arrive, seul aussi à souffrir tes tourments. 
ÉLECTRE 
Tu arrives, mais tu n'es pas de notre sang. 
ORESTE 
Je parlerai franc si elles étaient loyales (il montre le Chœur) 
ÉLECTRE 
Leur loyauté est acquise : parle en confiance. 
ORESTE 
Alors, laisse cette urne et tu connaîtras tout. 
ÉLECTRE 
Non, par les dieux, surtout pas ça, ô étranger ! 
ORESTE 
Il faut me croire et tout se passera fort bien. 
ÉLECTRE 
Pitié, ne m'ôte pas à sa vue qui m'est chère. 
ORESTE 
Non, je te l'interdis ! 
ÉLECTRE 
Ah ! je suis malheureuse, 
Oreste, toi à qui l'on me dérobe ainsi. 
ORESTE 
Non, tu fais fausse route. Et tu te plains pour rien. 
ÉLECTRE 
Comment, mon frère est mort et je ne peux le plaindre.  
ORESTE 
Tout ce langage est on ne peut plus déplacé. 
ÉLECTRE 
Serais-je indigne de pleurer un tel défunt ? 
ORESTE 
Certainement pas ! Mais plaindre cet objet, non ! 
ÉLECTRE 
Mais c'est la cendre d'Oreste que j'ai en main. 
ORESTE 
Oreste, non ! Il s'agit d'une mise en scène. 
ÉLECTRE 
Mais alors, où est le tombeau de ce malheureux ? 
ORESTE 
Il n'en a pas : à un vivant, point de tombeau ! 
ÉLECTRE 
Mon garçon, que dis-tu ? 
ORESTE 
Ce n'est pas un mensonge. 
ÉLECTRE 
Il serait donc... en vie ? 
ORESTE 
Oui, puisque je respire. 
ÉLECTRE 
C'est toi ? 
ORESTE 
Vois ce que j'ai entre les mains, ce sceau : 
C'est celui de mon père. À toi de constater. 
ÉLECTRE 
Jour heureux entre tous ! 
ORESTE 
Tout à fait, je l'atteste. 
ÉLECTRE 
Ô voix fraternelle, enfin, tu m'es revenue ! 
ORESTE 
Ne cherche pas ailleurs pour te le confirmer. 
ÉLECTRE 
Je te tiens dans mes bras. 
ORESTE 
Restes-y pour toujours ! 
ÉLECTRE (au Chœur) 
Ô femmes bien-aimées, filles de ma cité, 
Voyez Oreste qu'une ruse fit passer 
Pour mort et qu'une ruse a sauvé néanmoins. 
LE CORYPHÉE 
Nous le voyons ma fille, et la joie est si grande 
Que des larmes de joie s'écoulent de nos yeux. 
ÉLECTRE 
Toi, toi le visage 
Que je chérissais plus que tout au monde,  
Te voici parmi nous ! 
Tu viens de retrouver, de revoir 
Celle que ton cœur brûlait de revoir ! 
ORESTE 
Je suis là, en effet ! Mais garde le silence. 
ÉLECTRE 
Mais que se passe-t-il ? 
ORESTE 
Mieux vaut ne rien dire de peur qu'on nous entende. 
ÉLECTRE 
Au nom d'Artémis, la Vierge éternelle, 
Ce serait indigne de moi de redouter 
Cette clique de pauvre femmes 
Toujours confinées entre quatre murs. 
ORESTE 
Attention, Arès inspire aussi les femmes ! 
Et, me semble-t-il, tu en as fait l'expérience. 
ÉLECTRE 
Hélas ! Hélas ! tu remémores 
Et ravives au fond de mon cœur 
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