HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Sophocle, Électre

Vers 1150-1199

  Vers 1150-1199

[1150] θανόντι σὺν σοί· πάντα γὰρ συναρπάσας
θύελλὅπως βέβηκας. οἴχεται πατήρ·
τέθνηκἐγὼ σοί· φροῦδος αὐτὸς εἶ θανών·
γελῶσι δἐχθροί· μαίνεται δὑφἡδονῆς
μήτηρ ἀμήτωρ, ἧς ἐμοὶ σὺ πολλάκις
1155 φήμας λάθρᾳ προύπεμπες ὡς φανούμενος
τιμωρὸς αὐτός. ἀλλὰ ταῦθ δυστυχὴς
δαίμων σός τε κἀμὸς ἐξαφείλετο,
ὅς σὧδέ μοι προύπεμψεν ἀντὶ φιλτάτης
μορφῆς σποδόν τε καὶ σκιὰν ἀνωφελῆ.
1160 οἴμοι μοι.
δέμας οἰκτρόν. φεῦ φεῦ.
δεινοτάτας, οἴμοι μοι,
πεμφθεὶς κελεύθους, φίλταθ᾽, ὥς μἀπώλεσας·
ἀπώλεσας δῆτ᾽, κασίγνητον κάρα.
1165 τοιγὰρ σὺ δέξαι μἐς τὸ σὸν τόδε στέγος,
τὴν μηδὲν εἰς τὸ μηδέν, ὡς σὺν σοὶ κάτω
ναίω τὸ λοιπόν· καὶ γὰρ ἡνίκἦσθἄνω,
ξὺν σοὶ μετεῖχον τῶν ἴσων, καὶ νῦν ποθῶ
τοῦ σοῦ θανοῦσα μὴ ἀπολείπεσθαι τάφου.
1170 τοὺς γὰρ θανόντας οὐχ ὁρῶ λυπουμένους.
(Χορός)
θνητοῦ πέφυκας πατρός, Ἠλέκτρα, φρόνει,
θνητὸς δ᾽ (Ὀρέστης). ὥστε μὴ λίαν στένε.
πᾶσιν γὰρ ἡμῖν τοῦτὀφείλεται παθεῖν.
(Ὀρέστης)
φεῦ φεῦ. τί λέξω; ποῖ λόγων ἀμηχανῶν
1175 ἔλθω; κρατεῖν γὰρ οὐκέτι γλώσσης σθένω.
(Ἠλέκτρα)
τί δἔσχες ἄλγος; πρὸς τί τοῦτεἰπὼν κυρεῖς;
(Ὀρέστης)
σὸν τὸ κλεινὸν εἶδος (Ἠλέκτρα)ς τόδε;
(Ἠλέκτρα)
τόδἔστἐκεῖνο, καὶ μάλἀθλίως ἔχον.
(Ὀρέστης)
οἴμοι ταλαίνης ἆρα τῆσδε συμφορᾶς.
1180 (Ἠλέκτρα)
οὐ δή ποτ᾽, ξέν᾽, ἀμφἐμοὶ στένεις τάδε;
(Ὀρέστης)
σῶμἀτίμως κἀθέως ἐφθαρμένον.
(Ἠλέκτρα)
οὔτοι ποτἄλλην μὲ δυσφημεῖς, ξένε.
(Ὀρέστης)
φεῦ τῆς ἀνύμφου δυσμόρου τε σῆς τροφῆς,
(Ἠλέκτρα)
τί δή ποτ᾽, ξέν᾽, ὧδἐπισκοπῶν στένεις;
1185 (Ὀρέστης)
ὡς οὐκ ἄρᾔδη τῶν ἐμῶν οὐδὲν κακῶν.
(Ἠλέκτρα)
ἐν τῷ διέγνως τοῦτο τῶν εἰρημένων;
(Ὀρέστης)
ὁρῶν σε πολλοῖς ἐμπρέπουσαν ἄλγεσιν.
(Ἠλέκτρα)
καὶ μὴν ὁρᾷς γε παῦρα τῶν ἐμῶν κακῶν.
(Ὀρέστης)
καὶ πῶς γένοιτἂν τῶνδἔτἐχθίω βλέπειν;
1190 (Ἠλέκτρα)
ὁθούνεκεἰμὶ τοῖς φονεῦσι σύντροφος
(Ὀρέστης)
τοῖς τοῦ; πόθεν τοῦτἐξεσήμηνας κακόν;
(Ἠλέκτρα)
τοῖς πατρός· εἶτα τοῖσδε δουλεύω βίᾳ.
(Ὀρέστης)
τίς γάρ σἀνάγκῃ τῇδε προτρέπει βροτῶν;
(Ἠλέκτρα)
μήτηρ καλεῖται, μητρὶ δοὐδὲν ἐξισοῖ.
1195 (Ὀρέστης)
τί δρῶσα; πότερα χερσὶν λύμῃ βίου;
(Ἠλέκτρα)
καὶ χερσὶ καὶ λύμαισι καὶ πᾶσιν κακοῖς.
(Ὀρέστης)
οὐδοὑπαρήξων οὐδ κωλύσων πάρα;
(Ἠλέκτρα)
οὐ δῆθ᾽. ὃς ἦν γάρ μοι σὺ προὔθηκας σποδόν.
(Ὀρέστης)
δύσποτμ᾽, ὡς ὁρῶν σἐποικτίρω πάλαι.
[1150] Tu t'es évanoui pour rejoindre la mort.
Avec toi, tout s'est envolé dans un grand vent :
Notre père a péri, moi, je suis presque morte,
Toi, la mort t'a saisi... Nos ennemis jubilent.
Notre mère ne peut plus contenir sa joie,
Cette mère dont tu m'as dit secrètement
Que tu envisageais bientôt le châtiment.
Mais de cela, le sort qui nous est si funeste
Nous en a frustrés : aussi, à la place
D'un visage chéri, on m'offre un peu de cendre,
Une ombre de toi-même. Hélas ! Hélas ! Pauvre corps !
C'est affreux ! Quel retour abominable ! Hélas !
Frère aimé, tu me tues ! Allons ! accueille-moi
Dans ton séjour obscur, je veux qu'à ton néant
Réponde mon néant, afin que dans l'Hadès
Je sois auprès de toi. Quand tu étais en vie,
Tout nous était commun : or j'aspire à la mort,
À ne plus être loin de toi dans le tombeau :
Après tout, les défunts ne souffrent plus chez eux.
LE CORYPHÉE
Électre, songes-y, tu es une mortelle ;
Oreste aussi l'était. Apaise tes sanglots,
Car c'est là le destin que nous devons subir.
ORESTE
Ah ! que dirai-je ? Et quel mots dois-je employer ?
Il m'est difficile de garder le silence.
ÉLECTRE
De quoi souffres-tu ? Que cherches-tu à me dire ?
ORESTE
Est-ce la grande Électre que j'ai devant moi ?
ÉLECTRE
C'est bien elle, mais un état effroyable !
ORESTE
Hélas oui ! C'est un grand malheur qui t'a frappé.
ÉLECTRE
C'est sur moi, ô étranger, que tu t'apitoies ?
ORESTE
Pauvre être ravagé d'épreuves trop cruelles !
ÉLECTRE
Ces tristes paroles disent bien ma douleur.
ORESTE
Souffrante et sans époux, ô vie insupportable !
ÉLECTRE
Étranger, pourquoi ces plaintes et ce regard ?
ORESTE
Il y a des malheurs dont j'étais ignorant.
ÉLECTRE
Qu'ai-je dit pour que soudain tout s'éclaire en toi ?
ORESTE
Je t'ai vu accablé de souffrances sans nom.
ÉLECTRE
Pourtant, tu n'as vu qu'une partie de mes maux.
ORESTE
Il n'est pas possible que tu en aies de pires.
ÉLECTRE
Eh bien si... J'habite au palais des meurtriers.
ORESTE
Les meurtriers de qui ? Qu'est-ce qui te tourmente ?
ÉLECTRE
De mon père ! Et je suis devenue leur esclave.
ORESTE
Mais qui a pu te livrer à la servitude ?
ÉLECTRE
On dit que c'est ma mère. Elle, mère, elle en est loin !
ORESTE
Te frappe-t-elle ? Te fait-t-elle la vie dure ?
ÉLECTRE
Je suis frappée, humiliée, bref tout cela !
ORESTE
Et personne ici pour t'aider, ni te protéger ?
ÉLECTRE
Non, car mon seul recours, c'était lui, cette cendre...
ORESTE
Ô Malheureuse, j'ai tant de compassion...


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Dernière mise à jour : 13/04/2006