[1,7] ζʹ. Εἰ δογματίζει ὁ σκεπτικός.
Λέγομεν δὲ μὴ δογματίζειν τὸν σκεπτικὸν οὐ κατ´ ἐκεῖνο τὸ σημαινόμενον τοῦ
δόγματος καθ´ ὃ δόγμα εἶναί φασί τινες κοινότερον τὸ εὐδοκεῖν τινι
πράγματι (τοῖς γὰρ κατὰ φαντασίαν κατηναγκασμένοις πάθεσι συγκατατίθεται ὁ
σκεπτικός, οἷον οὐκ ἂν εἴποι θερμαινόμενος ἢ ψυχόμενος ὅτι δοκῶ μὴ
θερμαίνεσθαι ἢ ψύχεσθαι), ἀλλὰ μὴ δογματίζειν λέγομεν καθ´ ὃ δόγμα εἶναί
φασί τινες τήν τινι πράγματι τῶν κατὰ τὰς ἐπιστήμας ζητουμένων ἀδήλων
συγκατάθεσιν (οὐδενὶ γὰρ τῶν ἀδήλων συγκατατίθεται ὁ Πυρρώνειος). Ἀλλ´
οὐδὲ ἐν τῷ προφέρεσθαι περὶ τῶν ἀδήλων τὰς σκεπτικὰς φωνάς, οἷον τὴν «
οὐδὲν μᾶλλον » ἢ τὴν « οὐδὲν ὁρίζω » ἤ τινα τῶν ἄλλων περὶ ὧν ὕστερον
λέξομεν δογματίζει. Ὁ μὲν γὰρ δογματίζων ὡς ὑπάρχον τίθεται τὸ πρᾶγμα
ἐκεῖνο ὃ λέγεται δογματίζειν, ὁ δὲ σκεπτικὸς τὰς φωνὰς τίθησι ταύτας οὐχ
ὡς πάντως ὑπαρχούσας· ὑπολαμβάνει γὰρ ὅτι, ὥσπερ ἡ « πάντα ἐστὶ ψευδῆ »
φωνὴ μετὰ τῶν ἄλλων καὶ ἑαυτὴν ψευδῆ εἶναι λέγει, καὶ ἡ « οὐδέν ἐστιν
ἀληθές » ὁμοίως, οὕτως καὶ ἡ « οὐδὲν μᾶλλον » μετὰ τῶν ἄλλων καὶ ἑαυτήν
φησι μὴ μᾶλλον εἶναι καὶ διὰ τοῦτο τοῖς ἄλλοις ἑαυτὴν συμπεριγράφει. Τὸ δ´
αὐτὸ καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων σκεπτικῶν φωνῶν λέγομεν. Πλὴν ἀλλ´ εἰ ὁ δογματίζων
τίθησιν ὡς ὑπάρχον τοῦτο ὃ δογματίζει, ὁ δὲ σκεπτικὸς τὰς φωνὰς αὑτοῦ
προφέρεται ὡς δυνάμει ὑφ´ ἑαυτῶν περιγράφεσθαι, οὐκ ἂν ἐν τῇ προφορᾷ
τούτων δογματίζειν λεχθείη. Τὸ δὲ μέγιστον, ἐν τῇ προφορᾷ τῶν φωνῶν τούτων
τὸ ἑαυτῷ φαινόμενον λέγει καὶ τὸ πάθος ἀπαγγέλλει τὸ ἑαυτοῦ ἀδοξάστως,
μηδὲν περὶ τῶν ἔξωθεν ὑποκειμένων διαβεβαιούμενος.
| [1,7] Chap. VII Si les sceptiques établissent quelques dogmes.
Nous disons que le sceptique n'établit aucun dogme ni aucune décision.
Mais cela ne se doit pas entendre dans le sens, suivant lequel
quelques-uns prenant ce terme de dogme d'une manière générale, disent
qu'il signifie une assertion ou un assentiment à l'égard de quelque chose
que ce soit. Suivant cette signification étendue, le sceptique avoue et
assure ce que les sens et son imagination l'obligent d'avouer ; et s'il a
chaud, par exemple, ou s'il a froid, il ne dira pas, je crois que je n'ai
pas froid, ou que je n'ai pas chaud. Mais si l'on prend ce mot, dogme,
pour une assertion, sur une chose douteuse et incertaine, telles que sont
celles dont on dispute dans les sciences, nous disons qu'en ce sens-là, un
sceptique n'établit aucun dogme. Car un Pyrrhonien n'assure rien à l'égard
d'une chose incertaine et controversée. Bien plus, lors même, qu'il se
sert de certaines locutions familières aux sceptiques; en raisonnant sur
des choses incertaines; comme quand il dit, pas plus ceci que cela, ou, je
ne définis rien: ou quand il se sert d'autres expressions semblables, dont
nous parlerons ensuite, il ne prétend par là établir aucun dogme. Celui
qui établit ou suppose un dogme, établit ou suppose comme une chose qui
est, ce sur quoi il fonde son dogme. Mais un sceptique ne dit pas que les
termes dont il se sert, et par lesquels il paraît marquer et établir son
doute, soient tels que l'on doive absolument s'en servir. Car il n'établit
rien, non pas même son doute.
La pensée du sceptique est donc, que, comme cette proposition, "Toutes
choses sont fausses", signifie qu'elle même est fausse, aussi bien que
toutes les autres : ce qu'il faut dire de même de cette autre proposition,
"Il n y a rien de vrai", qui signifie qu'elle même n'est pas plus vraie, que
toutes les autres choses; la pensée du sceptique est, dis-je, que tout de
même cette expression, "Pas plus", signifie qu'elle même n'est pas plus
vraie, que ce qu'elle paraît nier, et qu'elle se comprend elle même avec
toutes les autres choses qu'elle semble rejeter. Il faut dire la même
chose des autres manières de parler des sceptiques.
Maintenant donc, comme celui qui établit un dogme, suppose comme une chose
qui est véritablement, ce sur quoi il établit son assertion dogmatique, et
qu'au contraire un sceptique déclare qu'il faut concevoir que ses
prétendues assertions, ou que les expressions, sont comprises et
renfermées elles-mêmes parmi les choses dont il doute ; c'est une
conséquence, qu'il ne peut pas passer pour être auteur d'aucune assertion
dogmatique. Ainsi quand il se sert de ces sortes de façons de parler, il
ne prétend rien autre chose, que de dire et d'exposer ce qui lui paraît,
ce qu'il sent, et quel est l'état passif de son âme, sans rien déterminer,
et sans rien affirmer par rapport aux objets de dehors.
|