HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Sextus Empiricus, Les Hypotyposes ou Institutions Pyrrhoniennes, livre I

Chapitre 17

  Chapitre 17

[1,17] ιζʹ. Τίνες τρόποι τῆς τῶν αἰτιολογικῶν ἀνατροπῆς. Ὥσπερ δὲ τοὺς τρόπους τῆς ἐποχῆς παραδίδομεν, οὕτω καὶ τρόπους ἐκτίθενταί τινες, καθ´ οὓς ἐν ταῖς κατὰ μέρος αἰτιολογίαις διαποροῦντες ἐφιστῶμεν τοὺς δογματικοὺς διὰ τὸ μάλιστα ἐπὶ ταύταις αὐτοὺς μέγα φρονεῖν. Καὶ δὴ Αἰνησίδημος ὀκτὼ τρόπους παραδίδωσι καθ´ οὓς οἴεται πᾶσαν δογματικὴν αἰτιολογίαν ὡς μοχθηρὰν ἐλέγχων ἀποφήνασθαι, ὧν πρῶτον μὲν εἶναί φησι καθ´ ὃν {τρόπον} τὸ τῆς αἰτιολογίας γένος ἐν ἀφανέσιν ἀναστρεφόμενον οὐχ ὁμολογουμένην ἔχει τὴν ἐκ τῶν φαινομένων ἐπιμαρτύρησιν· δεύτερον δὲ καθ´ ὃν πολλάκις εὐεπιφορίας οὔσης δαψιλοῦς ὥστε πολυτρόπως αἰτιολογῆσαι τὸ ζητούμενον, καθ´ ἕνα μόνον τρόπον τοῦτό τινες αἰτιολογοῦσιν· τρίτον καθ´ ὃν τῶν τεταγμένως γινομένων αἰτίας ἀποδιδόασιν οὐδεμίαν τάξιν ἐπιφαινούσας· τέταρτον καθ´ ὃν τὰ φαινόμενα λαβόντες ὡς γίνεται, καὶ τὰ μὴ φαινόμενα νομίζουσιν ὡς γίνεται κατειληφέναι, τάχα μὲν ὁμοίως τοῖς φαινομένοις τῶν ἀφανῶν ἐπιτελουμένων, τάχα δ´ οὐχ ὁμοίως ἀλλ´ ἰδιαζόντως· πέμπτον καθ´ ὃν πάντες ὡς ἔπος εἰπεῖν κατὰ τὰς ἰδίας τῶν στοιχείων ὑποθέσεις ἀλλ´ οὐ κατά τινας κοινὰς καὶ ὁμολογουμένας ἐφόδους αἰτιολογοῦσιν· ἕκτον καθ´ ὃν πολλάκις τὰ μὲν φωρατὰ ταῖς ἰδίαις ὑποθέσεσι παραλαμβάνουσιν, τὰ δὲ ἀντιπίπτοντα καὶ τὴν ἴσην ἔχοντα πιθανότητα παραπέμπουσιν· ἕβδομον καθ´ ὃν πολλάκις ἀποδιδόασιν αἰτίας οὐ μόνον τοῖς φαινομένοις ἀλλὰ καὶ ταῖς ἰδίαις ὑποθέσεσι μαχομένας· ὄγδοον καθ´ ὃν πολλάκις ὄντων ἀπόρων ὁμοίως τῶν τε φαίνεσθαι δοκούντων καὶ τῶν ἐπιζητουμένων, ἐκ τῶν ὁμοίως ἀπόρων περὶ τῶν ὁμοίως ἀπόρων ποιοῦνται τὰς διδασκαλίας. Οὐκ ἀδύνατον δέ φησι καὶ κατά τινας ἐπιμίκτους τρόπους, ἠρτημένους ἐκ τῶν προειρημένων, διαπίπτειν ἐνίους ἐν ταῖς αἰτιολογίαις. Τάχα δ´ ἂν καὶ οἱ πέντε τρόποι τῆς ἐποχῆς ἀπαρκοῖεν πρὸς τὰς αἰτιολογίας. Ἤτοι γὰρ σύμφωνον πάσαις ταῖς κατὰ φιλοσοφίαν αἱρέσεσι καὶ τῇ σκέψει καὶ τοῖς φαινομένοις αἰτίαν ἐρεῖ τις οὔ. Καὶ σύμφωνον μὲν ἴσως οὐκ ἐνδέχεται· τά τε γὰρ φαινόμενα καὶ τὰ ἄδηλα πάντα διαπεφώνηται. Εἰ δὲ διάφωνον, ἀπαιτηθήσεται καὶ ταύτης τὴν αἰτίαν, καὶ φαινομένην μὲν φαινομένης ἄδηλον ἀδήλου λαμβάνων εἰς ἄπειρον ἐκπεσεῖται, ἐναλλὰξ δὲ αἰτιολογῶν εἰς τὸν διάλληλον. Ἱστάμενος δέ που, ὅσον ἐπὶ τοῖς εἰρημένοις λέξει τὴν αἰτίαν συνεστάναι, καὶ εἰσάγει τὸ πρός τι, ἀναιρῶν τὸ πρὸς τὴν φύσιν, ἐξ ὑποθέσεώς τι λαμβάνων ἐπισχεθήσεται. Ἔστιν οὖν καὶ διὰ τούτων ἐλέγχειν ἴσως τὴν τῶν δογματικῶν ἐν ταῖς αἰτιολογίαις προπέτειαν. [1,17] Chap. XVII. Quels sont les moyens dont les sceptiques se servent pour réfuter les philosophes qui font profession de rendre raison des choses. Comme nous donnons des moyens qui nous servent à suspendre notre jugement, quelques-uns de même en donnent, suivant lesquels faisant des difficultés en particulier sur les raisons des choses que les dogmatiques prétendent donner, nous pouvons arrêter tout court ces philosophes, qui font grand cas de leurs raisonnements dogmatiques. Enésidème donne donc huit moyens, par lesquels il croit pouvoir réfuter quelque étiologie (raison ou cause que l'on donne de quelque chose) que ce soit, comme étant vicieuse. Le premier est lorsque la raison que l'on apporte n'est point du nombre des choses évidentes, et n'est point attestée ou confirmée par aucune chose qui puisse passer pour évidente. Le second est lorsqu'ayant également lieu d'assigner plusieurs bonnes raisons d'une chose, on s'arrête plutôt à une de ces raisons qu'aux autres. Le troisième est, lorsque de choses se faisant avec un certain ordre, on en donne des raisons, qui ne s'étendent pas jusqu'à cet ordre. Le quatrième est, lorsque concevant quelques choses apparentes, de la manière qu'elles sont ou qu'elles se font, on s'imagine que par comparaison à ces choses-là, on comprend aussi comment se font celles qui sont cachées ; quoique celles-ci puissent se faire peut-être de la même manière, que celles que l'on connaît par expérience, et peut-être aussi d'une manière particulière et toute différente. Le cinquième, qui est un défaut presque universel à tous les philosophes, c'est qu'ils veulent rendre raison des choses en employant toujours leurs éléments, qui sont des choses supposées, et non en suivant des notions communes et avouées de tout le monde. Le sixième consiste en ce que les philosophes n'adoptent le plus souvent que les causes ou les raisons qui sont conformes à leurs suppositions ou à leurs préventions, et passent sous silence celles qui y sont contraires, quoiqu'elles soient aussi probables. Le septième est, lorsque les philosophes rendent des raisons qui sont contraires, non seulement aux apparences, mais encore à leurs propres suppositions. Le huitième est, lorsque la cause d'une certaine apparence étant aussi douteuse que celle de la chose qui est en question, on prouve la pensée que l'on a sur cette question douteuse, par la cause de cette autre apparence. Enésidème ajoute qu'il se peut faire que quelques philosophes se trompent encore dans leurs étiologies, en d'autres manières mixtes et dépendantes de plusieurs des précédentes. Voilà ce que nous avons emprunté de ce philosophe. Mais sans avoir recours à ces moyens, les cinq que nous avons rapportés et qui sont des moyens d'Époque, paraissent suffisants pour renverser aussi les raisons des dogmatiques. Car enfin, ou quelqu'un apportera une raison reçue par toutes les sectes des philosophes, et conforme à la considération de la chose, et aux apparences des sens, ou bien non. Mais peut-être ne pourra-t-il point apporter une pareille raison; parce que toutes les apparences des sens et toutes les choses obscures sont controversées parmi les philosophes. Que s'il est d'un sentiment différent de celui de quelques-uns, on lui demandera la raison de son sentiment : et alors s'il donne une chose apparente pour raison d'une chose apparente, ou une chose obscure pour raison d'une chose obscure, il se jettera dans le progrès à l'infini. Et si, en permutant, il prouve réciproquement une étiologie par une autre, et cette autre par la première ; il tombera dans le Diallèle. Que s'il veut s'arrêter quelque part, et qu'il dise que la raison se doit fixer à ce qu'il a dit ; il tombera dans le moyen de la relation, il jugera des choses par rapport à lui-même, et n'aura point d'égard à ce qu'elles sont de leur nature. Ou bien s'il veut supposer quelque chose, nous nous opposerons à lui, en supposant tout le contraire. On peut donc aussi renverser par ces moyens la témérité des dogmatiques dans leurs étiologies.


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Dernière mise à jour : 9/10/2008