[1,12] ιβʹ. Τί τὸ τέλος τῆς σκεπτικῆς.
Τούτοις ἀκόλουθον ἂν εἴη καὶ περὶ τοῦ τέλους τῆς σκεπτικῆς ἀγωγῆς
διεξελθεῖν. Ἔστι μὲν οὖν τέλος τὸ οὗ χάριν πάντα πράττεται ἢ θεωρεῖται,
αὐτὸ δὲ οὐδενὸς ἕνεκα, ἢ τὸ ἔσχατον τῶν ὀρεκτῶν. Φαμὲν δὲ ἄχρι νῦν τέλος
εἶναι τοῦ σκεπτικοῦ τὴν ἐν τοῖς κατὰ δόξαν ἀταραξίαν καὶ ἐν τοῖς
κατηναγκασμένοις μετριοπάθειαν. Ἀρξάμενος γὰρ φιλοσοφεῖν ὑπὲρ τοῦ τὰς
φαντασίας ἐπικρῖναι καὶ καταλαβεῖν, τίνες μέν εἰσιν ἀληθεῖς τίνες δὲ
ψευδεῖς, ὥστε ἀταρακτῆσαι, ἐνέπεσεν εἰς τὴν ἰσοσθενῆ διαφωνίαν, ἣν
ἐπικρῖναι μὴ δυνάμενος ἐπέσχεν· ἐπισχόντι δὲ αὐτῷ τυχικῶς παρηκολούθησεν ἡ
ἐν τοῖς δοξαστοῖς ἀταραξία. Ὁ μὲν γὰρ δοξάζων τι καλὸν τῇ φύσει ἢ κακὸν
εἶναι ταράσσεται διὰ παντός· καὶ ὅτε μὴ πάρεστιν αὐτῷ τὰ καλὰ εἶναι
δοκοῦντα, ὑπό τε τῶν φύσει κακῶν νομίζει ποινηλατεῖσθαι καὶ διώκει τὰ
ἀγαθά, ὡς οἴεται· ἅπερ κτησάμενος πλείοσι ταραχαῖς περιπίπτει, διά τε τὸ
παρὰ λόγον καὶ ἀμέτρως ἐπαίρεσθαι καὶ φοβούμενος τὴν μεταβολὴν πάντα
πράσσει, ἵνα μὴ ἀποβάλῃ τὰ ἀγαθὰ αὐτῷ δοκοῦντα εἶναι. Ὁ δὲ ἀοριστῶν περὶ
τῶν πρὸς τὴν φύσιν καλῶν ἢ κακῶν οὔτε φεύγει τι οὔτε διώκει συντόνως·
διόπερ ἀταρακτεῖ.
Ὅπερ οὖν περὶ Ἀπελλοῦ τοῦ ζωγράφου λέγεται, τοῦτο ὑπῆρξε τῷ σκεπτικῷ. Φασὶ
γὰρ ὅτι ἐκεῖνος ἵππον γράφων καὶ τὸν ἀφρὸν τοῦ ἵππου μιμήσασθαι τῇ γραφῇ
βουληθεὶς οὕτως ἀπετύγχανεν ὡς ἀπειπεῖν καὶ τὴν σπογγιὰν εἰς ἣν ἀπέμασσε
τὰ ἀπὸ τοῦ γραφείου χρώματα προσρῖψαι τῇ εἰκόνι· τὴν δὲ προσαψαμένην ἵππου
ἀφροῦ ποιῆσαι μίμημα. Καὶ οἱ σκεπτικοὶ οὖν ἤλπιζον μὲν τὴν ἀταραξίαν
ἀναλήψεσθαι διὰ τοῦ τὴν ἀνωμαλίαν τῶν φαινομένων τε καὶ νοουμένων
ἐπικρῖναι, μὴ δυνηθέντες δὲ ποιῆσαι τοῦτο ἐπέσχον· ἐπισχοῦσι δὲ αὐτοῖς
οἷον τυχικῶς ἡ ἀταραξία παρηκολούθησεν ὡς σκιὰ σώματι.
Οὐ μὴν ἀόχλητον πάντῃ τὸν σκεπτικὸν εἶναι νομίζομεν, ἀλλ´ ὀχλεῖσθαί φαμεν
ὑπὸ τῶν κατηναγκασμένων· καὶ γὰρ ῥιγοῦν ποτε ὁμολογοῦμεν καὶ διψῆν καὶ
τοιουτότροπά τινα πάσχειν. Ἀλλὰ καὶ ἐν τούτοις οἱ μὲν ἰδιῶται δισσαῖς
συνέχονται περιστάσεσιν, ὑπό τε τῶν παθῶν αὐτῶν καὶ οὐχ ἧττον ὑπὸ τοῦ τὰς
περιστάσεις ταύτας κακὰς εἶναι φύσει δοκεῖν· ὁ δὲ σκεπτικὸς τὸ
προσδοξάζειν ὅτι ἔστι κακὸν τούτων ἕκαστον ὡς πρὸς τὴν φύσιν περιαιρῶν
μετριώτερον καὶ ἐν τούτοις ἀπαλλάσσει. Διὰ τοῦτο οὖν ἐν μὲν τοῖς δοξαστοῖς
ἀταραξίαν τέλος εἶναί φαμεν τοῦ σκεπτικοῦ, ἐν δὲ τοῖς κατηναγκασμένοις
μετριοπάθειαν. Τινὲς δὲ τῶν δοκίμων σκεπτικῶν προσέθηκαν τούτοις καὶ τὴν
ἐν ταῖς ζητήσεσιν ἐποχήν.
| [1,12] Chap. XII Quelle est la fin du scepticisme.
Il est à propos de dire ici quelque chose de la fin du scepticisme. La fin
en général, est ce pour quoi on fait, ou on considère toutes choses :
c'est ce que l'on ne recherche point pour quelque autre chose : c'est ce
qui est la dernière chose que l'on recherche. Nous disons donc maintenant,
que la fin du philosophe sceptique est l'Ataraxie, ou l'exemption de
trouble à l'égard des opinions, et la Métriopathie, ou la modération des
passions ou des souffrances dans les perceptions nécessaires et
contraintes. Le sceptique commençant à philosopher, et voulant discerner
les différentes perceptions qu'il avait des objets, et connaître celles
qui étaient vraies et celles qui étaient fausses, pour s'exempter par là
d'inquiétude, si cela était possible ; ayant rencontré des raisons
contraires de pareille force dans les différents sentiments des
philosophes et ne pouvant juger de quel côté était la vérité, il suspendit
son jugement ; et alors l'Ataraxie ou l'exemption de trouble, fut une
suite heureuse, quoique fortuite, de cette suspension de son jugement à
l'égard des opinions. Cette suite est juste; car enfin celui qui opine
dogmatiquement, et qui établit qu'il y a naturellement et réellement
quelque bien et quelque mal, est toujours troublé. Tant qu'il manque des
choses qu'il croit être des biens, il s'imagine que des maux vrais et
réels le tourmentent, et il recherche avec ardeur ce qu'il croit être de
vrais biens: et s'il les obtient enfin, il tombe encore dans plusieurs
troubles; soit parce qu'il n'agit plus alors conformément à la raison, et
qu'il s'élève sans mesure, soit parce que craignant quelque changement il
fait tous ses efforts pour ne pas perdre les choses qu'il regarde comme
des biens. Au contraire, celui, qui ne détermine rien, et qui est
incertain sur la nature de ce que l'on envisage comme des biens et des
maux, cet homme-là ne fuit, ni ne poursuit rien avec trop de violence, et
par conséquent il est exempt de trouble.
Il arrive au sceptique quelque chose de semblable à ce qui arriva au
peintre Apelle, dont on dit que, peignant un cheval, et voulant
représenter l'écume de cet animal, cela lui réussit si mal, que
désespérant de son entreprise, il jeta contre son tableau l'éponge, dont
il se servait pour nettoyer ses pinceaux : il arriva, dit-on, que cette
éponge, ayant atteint le cheval, en représenta fort bien l'écume. Les
premiers sceptiques de même espéraient de pouvoir parvenir à l'Ataraxie,
en jugeant au juste de la différence des choses qui s'aperçoivent par les
sens et de celles qui s'aperçoivent par l'entendement : mais n'ayant pu
venir à bout de parvenir à rien de certain, ils s'arrêtèrent à l'Époque;
ils suspendirent leur jugement ; et aussitôt par un bonheur inespéré,
l'Ataraxie suivit l'Époque, comme l'ombre suit le corps.
Nous ne croyons pas néanmoins, que le sceptique soit tout à fait
tranquille, et exempt de toute fâcherie ; nous disons qu'il est inquiété
par la nécessité de souffrir, qui lui vient du choc ou de l'action de
certains objets extérieurs; et nous avouons que quelquefois il souffre le
froid, la soif et d'autres incommodités pareilles. Mais il faut remarquer
qu'à l'égard de ces incommodités, le commun des hommes souffre doublement
: premièrement parce qu'ils en sont tourmentés et secondement parce qu'ils
croient qu'elles sont de vrais maux par elles-mêmes et de leur nature : au
lieu que le sceptique ne décidant pas qu'aucune des choses qui
l'incommodent soit un mal par elle-même et de sa nature, il les souffre
avec plus de modération que les autres hommes. Voilà pourquoi nous disons
que par rapport aux choses qui dépendent de l'opinion, la fin du
philosophe sceptique est l'Ataraxie, et qu'en égard aux sentiments et aux
perceptions involontaires, sa fin est la Métriopathie, qui est une
souffrance modérée des douleurs. Quelques philosophes sceptiques
distingués y ont ajouté l'Époque, ou là suspension de l'esprit à l'égard
des questions qui partagent les dogmatiques.
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