| [1,13] ιγʹ. Περὶ τῶν ὁλοσχερῶν τρόπων τῆς ἐποχῆς.
 Ἐπεὶ δὲ τὴν ἀταραξίαν ἀκολουθεῖν ἐφάσκομεν τῇ περὶ πάντων ἐποχῇ, 
ἀκόλουθον ἂν εἴη λέγειν ὅπως ἡμῖν ἡ ἐποχὴ περιγίνεται. Γίνεται τοίνυν 
αὕτη, ὡς ἂν ὁλοσχερέστερον εἴποι τις, διὰ τῆς ἀντιθέσεως τῶν πραγμάτων. 
Ἀντιτίθεμεν δὲ ἢ φαινόμενα φαινομένοις ἢ νοούμενα νοουμένοις ἢ ἐναλλάξ, 
οἷον φαινόμενα μὲν φαινομένοις, ὅταν λέγωμεν « ὁ αὐτὸς πύργος πόρρωθεν μὲν 
φαίνεται στρογγύλος, ἐγγύθεν δὲ τετράγωνος », νοούμενα δὲ νοουμένοις, ὅταν 
πρὸς τὸν κατασκευάζοντα ὅτι ἔστι πρόνοια ἐκ τῆς τάξεως τῶν οὐρανίων, 
ἀντιτιθῶμεν τὸ τοὺς μὲν ἀγαθοὺς δυσπραγεῖν πολλάκις τοὺς δὲ κακοὺς 
εὐπραγεῖν, καὶ διὰ τούτου συνάγωμεν τὸ μὴ εἶναι πρόνοιαν· νοούμενα δὲ 
φαινομένοις, ὡς ὁ Ἀναξαγόρας τῷ κατασκευάζοντι λευκὴν εἶναι τὴν χιόνα 
ἀντετίθει, ὅτι ἡ χιὼν ὕδωρ ἐστὶ πεπηγός, τὸ δὲ ὕδωρ ἐστὶ μέλαν, καὶ ἡ χιὼν 
ἄρα μέλαινά ἐστιν. Καθ´ ἑτέραν δὲ ἐπίνοιαν ἀντιτίθεμεν ὁτὲ μὲν παρόντα 
παροῦσιν, ὡς τὰ προειρημένα· ὁτὲ δὲ παρόντα παρεληλυθόσιν ἢ μέλλουσιν, 
οἷον ὅταν τις ἡμᾶς ἐρωτήσῃ λόγον ὃν λῦσαι οὐ δυνάμεθα, φαμὲν πρὸς αὐτὸν 
ὅτι, ὥσπερ πρὸ τοῦ γενέσθαι τὸν εἰσηγησάμενον τὴν αἵρεσιν ἣν μετέρχῃ, 
οὐδέπω ὁ κατ´ αὐτὴν λόγος ὑγιὴς ὢν ἐφαίνετο, ὑπέκειτο μέντοι ὡς πρὸς τὴν 
φύσιν, οὕτως ἐνδέχεται καὶ τὸν ἀντικείμενον τῷ ὑπὸ σοῦ ἐρωτηθέντι νῦν λόγῳ 
ὑποκεῖσθαι μὲν ὡς πρὸς τὴν φύσιν, μηδέπω δ´ ἡμῖν φαίνεσθαι, ὥστε οὐδέπω 
χρὴ συγκατατίθεσθαι ἡμᾶς τῷ δοκοῦντι νῦν ἰσχυρῷ εἶναι λόγῳ. Ὑπὲρ δὲ τοῦ 
τὰς ἀντιθέσεις ταύτας ἀκριβέστερον ἡμῖν ὑποπεσεῖν, καὶ τοὺς τρόπους 
ὑποθήσομαι δι´ ὧν ἡ ἐποχὴ συνάγεται, οὔτε περὶ τοῦ πλήθους οὔτε περὶ τῆς 
δυνάμεως αὐτῶν διαβεβαιούμενος· ἐνδέχεται γὰρ αὐτοὺς καὶ σαθροὺς εἶναι καὶ 
πλείους τῶν λεχθησομένων.
 | [1,13] Chap. XIII Des moyens généraux, dont les sceptiques se servent dans leur 
examen pour parvenir à l'Époque. 
Nous avons dit que l'Ataraxie est une fuite de l'Époque, ou de la 
suspension du jugement en toutes choses. Il faut maintenant faire voir 
quels sont les moyens que nous employons pour en venir à l'Epoque.  Or 
cela se fait, pour le dire en général, en opposant mutuellement les choses 
entre elles : nous opposons les choses apparentes ou sensibles aux 
apparentes, ou les intellectuelles aux intellectuelles ; ou en permutant, 
les choses apparentes aux intellectuelles; etc. Nous opposons, dis-je, les 
choses apparentes aux apparentes ; comme, lorsque nous disons qu’une même 
tour paraît ronde, si on la regarde de loin, et carrée, si on la regarde 
de près. Nous opposons les intellectuelles aux intellectuelles ; comme, 
lorsque, quelqu'un concluant de l'ordre des corps célestes, qu'il y a une 
Providence, nous lui objectons que souvent les honnêtes gens sont dans 
l'adversité, pendant que les méchants sont dans la prospérité; et que de 
là nous concluons qu'il n'y a point de Providence. Nous opposons les 
choses intellectuelles aux apparentes ; comme, lorsqu'à cette proposition, 
que la neige est blanche, Anaxagoras opposait ce raisonnement, que la 
neige est de l'eau durcie, mais que l'eau est noire, et que par conséquent 
la neige est noire. Nous opposons encore les choses présentes aux choses 
présentes ; comme dans les exemples précédents. Et quelquefois nous 
opposons aussi les choses présentes aux choses passées ou aux futures ; 
comme, lorsque quelqu'un nous propose un argument que nous ne pouvons pas 
résoudre, nous lui disons : Avant que l'auteur de votre secte fût né, les 
raisons qu'il a trouvées et qu'il a approuvées, comme étant très bonnes, 
ne paraissaient pas encore être véritables ; et néanmoins, selon vous, 
elles étaient réellement et effectivement vraies: ne se peut-il pas faire 
de même, que des raisons opposées et contraires à celles que vous me 
proposez, soient réellement et effectivement vraies, et que cependant 
elles ne paraissent pas telles encore? Ainsi nous ne devons pas encore 
donner notre assentiment à votre proposition, quoiqu'elle paraisse être 
appuyée sur une raison forte et solide. Mais, pour représenter ces 
oppositions plus exactement, j'ajouterai ici en particulier les moyens que 
nous employons pour conclure que nous devons suspendre nos jugements; ce 
que je ferai, sans prétendre néanmoins rien assurer affirmativement, ni 
touchant leur nombre, ni touchant leur force. Car il se peut faire qu'ils 
soient faibles, et qu'il y en ait plus, que ceux dont nous ferons mention. 
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