[3,53] Τρίτον τοίνυν, εἰ μὲν μηδέν ἐστιν αἴτιον
τοῦ παντὸς, ἀλλ´ ἐκ ταυτομάτου πάντα, πῶς
συντέτακται πάντα ἀλλήλοις; πῶς δὲ ἀεὶ τὰ
ὄντα ἔστι, καὶ ὡς ἐπὶ πολὺ καὶ γίγνεται πάντα
κατὰ φύσιν οὕτω, τῶν ἀπὸ ταυτομάτου πάντων
ὡς ἐπ´ ἔλασσον ὄντων; Εἰ δέ ἐστιν αἴτιον
ἕν τι πάντα συντάττον, εἰ μὲν ἀγνοοῦν ἑαυτὸ,
πῶς οὐκ ἄλλο τι ἔσται πρὸ αὐτοῦ τὸ καὶ εἰδὸς
ἑαυτὸ κἀκείνῳ τοῦ αἰτίῳ εἶναι αἴτιον ὕπαρχον;
ἔσται γὰρ τῶν ἐν τῷ παντὶ γιγνωσκόντων ἑαυτὰ
χεῖρον τὸ ἀγνοοῦν ἑαυτό· ἀλλὰ καὶ κρεῖττον,
ὅπερ ἀδύνατον· εἰ δὲ γιγνῶσκον ἑαυτὸ, δῆλον
ὅτι εἰδὸς ἑαυτὸ αἴτιον ὂν, οἶδε καὶ ὧν ἐστιν
αἴτιον, ὥστε περιέξει κἀκεῖνα ἃ γιγνώσκει. Εἰ
ἄρα νοῦς ἐστιν αἴτιον, καὶ συντάξει πάντα ἀλλήλοις·
εἷς γὰρ δημιουργὸς τοῦ παντὸς, τὸ δὲ
πᾶν ποικίλον ἐστὶ, καὶ οὐ τῆς αὐτῆς μετέχει
τὰ μέρη πάντα καὶ ἀξίας καὶ τάξεως. Τίς ὁ
τὴν ἀξίαν αὐτῶν μετρῶν, ἢ ὁ ὑποστήσας αὐτά;
τίς δὲ ὁ τάξας ἕκαστον ὅπως ἔδει καὶ ἐπὶ τῆς
οἰκείας ἕδρας, ὡδὶ μὲν ἥλιον, ὡδὶ δὲ σελήνην,
ὡδὶ δὲ τὴν γῆν, ὡδὶ δὲ τὸν μέγαν οὐρανὸν, ἢ
ὁ παραγαγὼν αὐτά; τίς δὲ ὁ συντάξας πάντα
καὶ μίαν ἐξ αὐτῶν ἁρμονίαν ἀποτελέσας, ἢ ὁ
καὶ τὴν οὐσίαν ἑκάστοις καὶ τὴν φύσιν δούς;
Εἰ τοίνυν καὶ ἔταξεν αὐτὸς πάντα καὶ τὴν ἀξίαν
ἑκάστῳ ἀφώρισεν, οὔτε τὴν τάξιν δήπου τῶν
πραγμάτων οὔτε τὴν ἀταξίαν ἠγνόηκε· τὸ γὰρ
οὕτω ποιεῖν ἀλόγου φύσεως ἦν, καὶ οὐ θείας
αἰτίας, καὶ ἀνάγκης ἴδιον, ἀλλ´ οὐ νοερᾶς προμηθείας·
ἐπεὶ καὶ εἰ νοῶν ἑαυτὸν οἶδεν ἑαυτὸν,
εἰδὼς δὲ ἑαυτὸν καὶ τὴν οὐσίαν ἣν ἔλαχεν οἶδεν
ὅτι ἀκίνητον αἴτιόν ἐστι καὶ ἐφετὸν πᾶσιν,
οἶδε καὶ οἷς ἐστιν ἐφετόν· οὐ γὰρ κατὰ συμβεβηκός
(791) ἐστιν ἐφετὸν, ἀλλὰ κατ´ οὐσίαν. Ἢ οὖν
ἀγνοήσει τί ἐστι κατ´ οὐσίαν, ἢ τοῦτο εἰδὼς
εἴσεται καὶ ὅτι ἐφετόν· καὶ μετὰ τούτου γνώσεται
καὶ ὅτι πάντα αὐτοῦ ἐφίεται, καὶ τίνα
τὰ πάντα· τῶν γὰρ πρός τι τὸ μὲν ἕτερον ὡρισμένως εἰδέναι, τὸ δὲ ἕτερον
ἀορίστως οὐκ ἐπιστήμης ἴδιον καὶ πολλῷ μᾶλλον οὐδὲ νοήσεως·
εἰδὼς δὲ ὡρισμένως τὰ ἐφιέμενα αὐτοῦ τὰ αἴτια
αὐτῶν οἶδεν, ἅτε εἰς ἑαυτὸν βλέπων, ἀλλ´ οὐ
τὰ μετ´ αὐτόν. Εἰ δὲ μὴ μάτην ἕξει τὰ αἴτια
τῶν πάντων, ἀνάγκη δήπου κατ´ ἐκεῖνα πάντων ὁρίζειν
τὴν τάξιν, καὶ οὕτως εἶναι πάντων
ἀκίνητον αἴτιον, ὡς αὐτῷ τῷ εἶναι πᾶσιν ἀφορίζοντα τὴν τάξιν.
Πότερον δὲ ὅτι ἔμελλε ποιεῖν
πάντα ἐνόησεν αὐτὰ, ἢ διότι ἐνόει πάντα, διὰ
τοῦτο ὑφίστησι πάντα; ἀλλ´ εἰ, διότι ἔμελλε
ποιεῖν πάντα, νοοίη πάντα, τὴν ἔνδον ἐνέργειαν
καὶ τὴν πρὸς αὑτὸν στροφὴν καταδεεστέραν ἕξει
τῆς ἔξω προϊούσης, καὶ ἄλλων ἕνεκα τὴν γνῶσιν
ἕξει τῶν ὄντων, καὶ τῶν δευτέρων χάριν
εἴσεται τὰ ὄντα· εἰ δὲ ταῦτα ἄτοπα, τῷ νοεῖν
ἑαυτὸν ποιητὴς ἔσται πάντων. Εἰ δὲ τοῦτο,
τοῖς ἐν αὑτῷ τὰ ἔξω παραπλήσια ποιήσει· τοιαύτη
γὰρ ἡ κατὰ φύσιν τῶν πραγμάτων τάξις,
τῆς μὲν ἔνδον ἐνεργείας ἠρτῆσθαι τὴν ἔξω προϊοῦσαν,
τῆς δὲ παντελοῦς τῶν ἰδεῶν μονάδος
τὸν ὅλον κόσμον, τῶν δὲ διακεκριμένων μονάδων
τὰ ἐνταῦθα μέρη τοῦ παντός.
| [3,53] Troisièmement, si rien n'est cause du tout mais que tout naisse du hasard, comment toutes les choses sont elles coordonnées les unes avec les autres. Comment y a-t il toujours des êtres, et commentt toutes les choses conformes à la nature deviennent-elles ainsi le plus souvent, tandis que toutes les choses issues du hasard arrivent le plus rarement ? S'il y a quelque cause une qui coordonne tout mais en s'ignorant elle-même, comment n'y aura-t-il pas quelque autre chose avant celle, qui se connaîtra elle-même et sera cause que celle la sera cause; car ce qui s'ignore soi-même est pire que les choses du tout qui se connaissent elles-mêmes ; mais il sera aussi meilleur : ce qui est impossible. Si ce principe se connaît lui-même, il est évident que se sachant lui-même être cause, il sait aussi les choses dont il est cause, de sorte qu'il contiendra aussi ces choses qu'il connaît. Si donc c'est la raison qui est cause, elle coordonnera toutes choses les unes avec les autres : car il n'y a qu'un seul démiurge du tout : or le tout est divers et les parties ne participent pas toutes de la même dignité et du même rang. Qui donc mesure leur dignité, si ce n'est celui qui les a créées? Qui donc place chacune au rang qui lui convient, dans son siège propre, ici le Soleil, là la Lune, là la Terre, là l'immensité du Ciel, si ce n est celui qui les a produits ? Qui donc a composé tout cet ordre, a constitué de ces corps une seule et unique harmonie, si ce n'est celui qui a donné à chacun sa substance et sa nature. Si donc il a lui-même ordonné tout, il a déterminé à chaque chose sa dignité et sa valeur, il n'a certes pas ignoré ni l'ordre ni le désordre des choses : car créer ainsi serait le fait d'une nature sans raison, et non d'une cause divine, le propre de la nécessité, et non d'une providence intelligente. Si en se pensant lui-même, il s'est connu lui-même: et si, se connaissant lui-même et la substance qu'il a reçue en partage, il a su qu'il est immobile et objet du désir de toutes choses, il a connu les choses auxquelles il est désirable; car ce n'est pas par accident qu'il est désirable, mais par essence. Ignorera-t-il donc ce qu'il est par essence, ou plutôt il le sait et le sachant, il saura qu'il est désirable, et avec cela, il saura que toutes choses le désirent, et ce que sont toutes ces choses ; car des relatifs, savoir l'un avec détermination, et savoir l'autre vaguement, n'est pas le caractère de la science, et à plus forte raison, de la Pensée. Donc sachant d'une manière précise et déterminée les choses qui le désirent, il en connaît les causes puisqu'il regarde en lui-même et ne regarde pas les choses qui viennent après lui. Et s'il ne possède pas en vain les causes de tout, il est nécessaire qu il détermine, conformément à ces causes, l'ordre de tout, et qu'il soit ainsi la cause immobile de tout, comme déterminant à toutes choses leur rang par son être même. Maintenant est-ce parce qu'il devait créer, qu'il les a toutes conçues, ou est-ce parce qu'il les avait conçues qu'il les crée toutes ? Mais si c'est parce qu'il devait créer tout, qu'il a tout conçu, il aura un acte interne et un retour sur lui même plus pauvre que l'acte procédant extérieurement, et il aura en vue d'autres choses, la connaissance des êtres, et il connaîtra les êtres à cause et en vue des choses inférieures. Or si cela est absurde, il sera le créateur de tout par le fait de se penser lui-même. S'il en est ainsi, il fera les choses externes semblables à celles qui sont en lui : car tel est l'ordre des choses conforme à la nature, que l'acte qui procède extérieurement soit suspendu à l'acte interne, que le Cosmos entier soit suspendu à la monade parfaite et complète des Idées, et que les parties du Tout qui sont ici bas, soient suspendues aux monades distinguées.
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