[3,52] Δευτέρον τοίνυν ἐκεῖνον παραλάβωμεν τὸν
λόγον, ὅς φησιν αὐτὰ μὲν τὰ φαινόμενα καὶ ἴσα
καὶ ἄνισα, καὶ ὅμοια καὶ ἀνόμοια, καὶ πάντα
ἁπλῶς, ὅσα αἰσθητὰ μηδαμῶς ἔχειν ἑαυτοῖς
πάντη τὴν προσηγορίαν ἐπαληθεύουσαν. Ποία γὰρ
(789) ἰσότης ἐν τούτοις πρὸς τὴν ἀνισότητα ἀναμεμιγμένοις;
ποία δὲ ὁμοιότης ἀληθὴς ἐν τοῖς τῆς
ἀνομοιότητος ἀναπεπλησμένοις; ποῦ δὲ τὸ αὐτὸ
κάλλος ἐν τούτοις, οἷς τὸ ὑποκείμενον αἰσχρόν;
ποῦ δὲ τὸ ἀγαθὸν, ἐν οἷς τὸ δυνάμει καὶ τὸ ἀτελές;
Ἕκαστον ἄρα τούτων τῶν αἰσθητῶν οὐκ ἔστιν
ὃ λέγεται ἀληθῶς· οὐκοῦν οὐδὲ τὰ οὐράνια σώματα εἰ θεωροίης,
ἀκριβέστερα μὲν γὰρ ἐκεῖνα
τῶν ἐνύλων, ἀλλ´ οὐδὲ ἐν τούτοις πάντη τὸ
ἀκριβές· οὔτε γὰρ κύκλος οὔτε κέντρον οὔτε πόλος ἐν διαστατοῖς
δύναται εἶναι ἀκριβῶς· οἷς
γὰρ ἡ φύσις ἐν τῷ ἀμερεῖ καὶ ἀδιαστάτῳ, πῶς
ἂν εἴη ταῦτα ἐν τῷ διαστατῷ καὶ μεριστῷ
πάντη τελέως; Ἀλλ´ ἥ γε ἡμετέρα ψυχὴ πολλῷ καὶ ἀκριβέστερα
καὶ καθαρώτερα τῶν φαινομένων ἐπινοεῖν δύναται καὶ γεννᾷν· τὸν
γοῦν φαινόμενον κύκλον ἐπιδιορθοῦται, καὶ λέγει καθ´ ὅσον οὗτος
ἀπολείπεται τοῦ ἀκριβοῦς,
καὶ δῆλον ὡς ὁρῶσά τι τούτου κάλλιον ἄλλο
καὶ τελειότερον εἶδος· οὐ γάρ που μηδενὸς ἐφαπτομένη μηδὲ
εἴς τι καθαρώτερον βλέπουσα,
τοῦτο μὲν οὔ φησιν ὄντως εἶναι καλὸν, τοῦτο
δὲ οὐ πάντη ἴσον· αὐτῷ γὰρ τῷ λέγειν ταῦτα
δείκνυσιν ὡς ὁρᾷ τὸ πάντη καλὸν καὶ πάντη
ἴσον. Εἶτα ἡ μὲν μερικὴ ψυχὴ δύναται τούτων
τῶν φαινομένων τελειότερόν τι καὶ ἀκριβέστερον ἀπογεννᾷν,
καὶ θεωρεῖν ἐν ἑαυτῇ καὶ σφαῖραν ἀκριβῆ καὶ κύκλον καὶ καλὸν καὶ ἴσον καὶ
ἕκαστον προβάλλουσα τῶν εἰδῶν, ἡ δὲ τοῦ παντὸς κόσμου
καὶ τῶν φαινομένων κάλλιον οὔτε
γεννᾷν οὔτε ὁρᾷν δύναται; καὶ πῶς ἡ μὲν τοῦ
παντός ἐστι δημιουργὸς, ἡ δὲ μέρους τοῦ παντός;
ἡ γὰρ μείζων δύναμις τελειοτέρων ἐστὶν
οἰστικὴ, καὶ ἡ ἀϋλοτέρα κίνησις κρειττόνων
ἐστὶ νοημάτων θεωρός. Πολλῷ ἄρα μείζω καὶ
ἀκριβέστερα καὶ τελειότερα εἴδη τῶν φαινομένων
καὶ γεννᾷν καὶ νοεῖν δύναται πάντως ὁ τοῦ
κόσμου ποιητής. Ποῦ οὖν αὐτὰ γεννᾷ καὶ ποῦ
(790) θεωρεῖ; δῆλον ὡς ἐν ἑαυτῷ· θεωρεῖ γὰρ ἑαυτὸν,
ὥστε αὐτὸς ἑαυτὸν θεωρῶν καὶ γεννῶν ἅμα καὶ
τὰ εἴδη τῶν φαινομένων ἀϋλότερα καὶ ἀκριβέστερα
ἐν ἑαυτῷ καὶ γεννᾷ καὶ ὑφίστησι.
| [3,52] Deuxièmement il faut admettre l'argument qui dit que les choses phénoménales en soi, égales et inégales, semblables et dissemblables et toutes les choses en un mot qui sont sensibles, n'ont jamais et en rien la dénomination qui leur convient véritablement. Car quelle égalité y a-t-il dans les choses qui sont mêlées d'inégalité ? Quelle ressemblance vraie, dans les choses remplies de dissemblance? où trouver la beauté en soi, dans les choses où le substrat est laid ? Où le bien, dans les choses où se trouvent le en puissance et l'imparfait? Donc chacune de ces choses sensibles n'est pas vraiment ce qu'elle est dite, et par conséquent si on considère les corps lestes, ils sont sans doute ce qu'ils sont plus exactement que les corps matériels, mais en eux-mêmes cependant on ne trouve pas la parfaite et exacte vérité : car ni le cercle, ni les centres, ni le pôle ne peuvent être exactement dans les choses étendues. En effet comment les choses qui, par essence, consistent dans l'inétendu et l'indivisible, pourraient-elles être absolument et parfaitement dans l'étendu et le divisible. Notre âme peut concevoir et engendrer des choses beaucoup plus exactes et plus pures que les choses phénoménales ; elle rectifie le cercle visible et elle dit de combien il est différent du cercle exact, et il est évident que c'est par ce qu'elle voit quelque autre espèce plus belle et plus parfaite que lui : car ce n'est pas sans prendre contact avec aucune idée, sans regarder à quelque chose de plus parfait, qu'elle nie que ceci soit réellement beau, que cela soit parfaitement égal : par le fait même de prononcer ces jugements, elle montre qu'elle voit le parfaitement beau et l'absolument égal. L'âme particulière de son côté peut engendrer quelque chose de plus exact et de plus parfait que les choses phénoménales, voir en elle-même la sphère exacte, le cercle, le beau, l'égal en projetant chacune des espèces, et l'âme du tout ne pourrait pas voir ni engendrer quelque chose de plus beau que le monde et ses phénomènes? Et comment l'une est-elle démiurge du tout et l'autre d'une partie du tout ? Car une plus grande puissance est productrice d'effets plus parfaits: et un mouvement plus immatériel est capable de contempler par la pensée, des objets d'un ordre supérieur. Donc le créateur du Cosmos peut et engendrer et concevoir des espèces plus grandes, plus exactes, plus parfaites que les espèces phénoménales. Où donc les engendre-t-il ? Où donc les voit-il? Évidemment en lui- même : car il se contemple lui-même, de sorte que lui-même se contemplant lui-même et s'engendrant lui-même, engendre en même temps et crée en lui-même des espèces plus immatérielles et plus exactes que les phénoménales.
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