| [16,13] XIII. Ὅτι φησὶ Πολύβιος ἐπεὶ δέ τινες τῶν τὰς κατὰ μέρος γραφόντων 
πράξεις γεγράφασι καὶ περὶ τούτων τῶν καιρῶν, ἐν οἷς τά τε κατὰ 
Μεσσηνίους καὶ τὰ κατὰ τὰς προειρημένας ναυμαχίας συνετελέσθη, 
βούλομαι βραχέα περὶ αὐτῶν διαλεχθῆναι. <2> Ποιήσομαι δ᾽ οὐ πρὸς 
ἅπαντας, ἀλλ᾽ ὅσους ὑπολαμβάνω μνήμης ἀξίους εἶναι καὶ διαστολῆς· εἰσὶ 
δ᾽ οὗτοι Ζήνων καὶ Ἀντισθένης οἱ Ῥόδιοι. <3> Τούτους δ᾽ ἀξίους εἶναι κρίνω 
διὰ πλείους αἰτίας. Καὶ γὰρ κατὰ τοὺς καιροὺς γεγόνασι καὶ προσέτι 
πεπολίτευνται καὶ καθόλου πεποίηνται τὴν πραγματείαν οὐκ ὠφελείας 
χάριν, ἀλλὰ δόξης καὶ τοῦ καθήκοντος ἀνδράσι πολιτικοῖς. <4> Τῷ δὲ τὰς 
αὐτὰς γράφειν ἡμῖν πράξεις ἀναγκαῖόν ἐστι μὴ παρασιωπᾶν, ἵνα μὴ τῷ τῆς 
πατρίδος ὀνόματι καὶ τῷ δοκεῖν οἰκειοτάτας εἶναι Ῥοδίοις τὰς κατὰ 
θάλατταν πράξεις, ἡμῶν ἀντιδοξούντων πρὸς αὐτοὺς ἐνίοτε, μᾶλλον 
ἐπακολουθήσωσιν ἐκείνοις ἤπερ ἡμῖν οἱ φιλομαθοῦντες. 
<5> Οὗτοι τοιγαροῦν ἀμφότεροι πρῶτον μὲν τὴν περὶ Λάδην ναυμαχίαν 
οὐχ ἥττω τῆς περὶ Χίον, ἀλλ᾽ ἐνεργεστέραν καὶ παραβολωτέραν 
ἀποφαίνουσι καὶ τῇ κατὰ μέρος τοῦ κινδύνου χρείᾳ καὶ συντελείᾳ καὶ 
καθόλου φασὶ τὸ νίκημα γεγονέναι κατὰ τοὺς Ῥοδίους. <6> Ἐγὼ δὲ διότι μὲν 
δεῖ ῥοπὰς διδόναι ταῖς αὑτῶν πατρίσι τοὺς συγγραφέας, συγχωρήσαιμ᾽ ἄν, 
οὐ μὴν τὰς ἐναντίας τοῖς συμβεβηκόσιν ἀποφάσεις ποιεῖσθαι περὶ αὐτῶν. 
<7> Ἱκανὰ γὰρ τὰ κατ᾽ ἄγνοιαν γινόμενα τοῖς γράφουσιν, ἃ διαφυγεῖν 
ἄνθρωπον δυσχερές· <8> ἐὰν δὲ κατὰ προαίρεσιν ψευδογραφῶμεν ἢ 
πατρίδος ἕνεκεν ἢ φίλων <ἢ> χάριτος, τί διοίσομεν τῶν ἀπὸ τούτου τὸν βίον 
ποριζομένων; <9> ὥσπερ γὰρ ἐκεῖνοι τῷ λυσιτελεῖ μετροῦντες ἀδοκίμους 
ποιοῦσι τὰς αὑτῶν συντάξεις, οὕτως οἱ πολιτικοὶ τῷ μισεῖν ἢ τῷ φιλεῖν 
ἑλκόμενοι πολλάκις εἰς ταὐτὸ τέλος ἐμπίπτουσι τοῖς προειρημένοις. <10> 
Διὸ δεῖ καὶ τοῦτο τὸ μέρος ἐπιμελῶς τοὺς μὲν ἀναγινώσκοντας παρατηρεῖν, 
τοὺς δὲ γράφοντας αὐτοὺς παραφυλάττεσθαι.
 | [16,13] XIII. Puisque quelques auteurs d'histoires partielles ont aussi traité la 
période à laquelle se rattachent cette guerre de Messénie et les batailles 
de Laden et de Chio, je veux dire ici mon sentiment à cet égard. Ce n'est 
pas que je me propose de les repasser tous en revue ; <2> je ne parlerai 
que de ceux qui me semblent surtout dignes d'attention et de mémoire, je 
veux dire Zénon et Antisthène de Rhodes. <3> Contemporains de ces 
événements, ils ont pris part au gouvernement de leur patrie, et se sont 
livrés à l'histoire, non pas dans des vues d'intérêt , mais par amour seul 
de la gloire et avec cet esprit qui convient à des hommes d'État. <4> De 
plus, comme  leur sujet est exactement le même que le mien, il me 
semble nécessaire de dire plus particulièrement quelques mots de leurs 
ouvrages, de peur que le lecteur, ne se laissant séduire par le nom seul 
de Rhodien et par cette croyance populaire qui fait des hommes de cette 
nation les marins les plus consommés du monde, n'accorde la préférence 
à Antisthène et à Zénon, dès que mes assertions ne s'accorderaient pas 
avec les leurs.
<5> Et d'abord, tous deux affirment que la bataille de Laden ne fut pas 
moins importante que celle de Chio : ils la représentent même comme 
ayant été plus chaude et plus meurtrière ; ils disent enfin que dans 
chaque action particulière, comme dans l'ensemble et dans le 
dénouement du combat, les Rhodiens furent vainqueurs. <6> Que ces 
historiens aient fait pencher la balance du côté de leur patrie, rien n'est 
plus excusable ; mais ce qui ne l'est pas, c'est d'avoir avancé des faits 
absolument contraires à la vérité. Il y a déjà bien assez de fautes où nous 
entraîne malgré nous l'ignorance, et qu'il est difficile à l'homme d'éviter. <7> 
Mais si dans l'intérêt de notre patrie ou de nos amis, <8> si par 
complaisance enfin nous nous jetons de gaieté de cœur dans le 
mensonge, quelle différence y aura-t-il entre nous, auteurs sérieux, et 
ceux qui écrivent pour vivre ? <9> C'est en mesurant tout sur leurs intérêts 
que ces hommes discréditent leurs ouvrages, et les écrivains formés à 
l'école du gouvernement, qui se laissent dominer par la haine ou l'amitié, 
arrivent aux mêmes résultats : coupable partialité dont les lecteurs ne 
sauraient trop se défier, ni l'auteur se défendre. <10> Quelques exemples 
empruntés aux faits dont nous avons parlé, prouveront l'erreur de nos 
deux historiens.
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