HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

POLYBE, Histoire, livre III

Chapitre 98

  Chapitre 98

[3,98] καθ´ οὓς καιροὺς Ἀννίβας ἐποιεῖτο τὴν πορείαν εἰς Ἰταλίαν, ὅσαις πόλεσιν ἠπίστησε τῶν κατὰ τὴν Ἰβηρίαν, ἔλαβε παρὰ τούτων ὅμηρα τοὺς υἱεῖς τῶν ἐπιφανεστάτων ἀνδρῶν· οὓς πάντας εἰς τὴν Ζακανθαίων ἀπέθετο πόλιν διά τε τὴν ὀχυρότητα καὶ διὰ τὴν τῶν ἀπολειπομένων ἐπ´ αὐτῆς ἀνδρῶν πίστιν. ἦν δέ τις ἀνὴρ Ἴβηρ, Ἀβίλυξ ὄνομα, κατὰ μὲν τὴν δόξαν καὶ τὴν τοῦ βίου περίστασιν οὐδενὸς δεύτερος Ἰβήρων, κατὰ δὲ τὴν πρὸς Καρχηδονίους εὔνοιαν καὶ πίστιν πολύ τι διαφέρειν δοκῶν τῶν ἄλλων. οὗτος θεωρῶν τὰ πράγματα καὶ νομίσας ἐπικυδεστέρας εἶναι τὰς τῶν Ῥωμαίων ἐλπίδας, συνελογίσατο παρ´ ἑαυτῷ περὶ τῆς τῶν ὁμήρων προδοσίας συλλογισμὸν Ἰβηρικὸν καὶ βαρβαρικόν. πεισθεὶς γὰρ διότι δύναται μέγας γενέσθαι παρὰ Ῥωμαίοις προσενεγκάμενος ἐν καιρῷ πίστιν ἅμα καὶ χρείαν, ἐγίνετο πρὸς τῷ παρασπονδήσας τοὺς Καρχηδονίους ἐγχειρίσαι τοὺς ὁμήρους τοῖς Ῥωμαίοις. θεωρῶν δὲ τὸν Βώστορα τὸν τῶν Καρχηδονίων στρατηγόν, ὃς ἀπεστάλη μὲν ὑπ´ Ἀσδρούβου κωλύσων τοὺς Ῥωμαίους διαβαίνειν τὸν ποταμόν, οὐ θαρρήσας δὲ τοῦτο ποιεῖν ἀνακεχωρηκὼς ἐστρατοπέδευε τῆς Ζακάνθης ἐν τοῖς πρὸς θάλατταν μέρεσιν, τοῦτον μὲν ἄκακον ὄντα τὸν ἄνδρα καὶ πρᾷον τῇ φύσει, πιστῶς δὲ τὰ πρὸς αὐτὸν διακείμενον, ποιεῖται λόγους ὑπὲρ τῶν ὁμήρων πρὸς τὸν Βώστορα φάσκων, ἐπειδὴ διαβεβήκασι Ῥωμαῖοι τὸν ποταμόν, οὐκέτι δύνασθαι Καρχηδονίους φόβῳ συνέχειν τὰ κατὰ τὴν Ἰβηρίαν, προσδεῖσθαι δὲ τοὺς καιροὺς τῆς τῶν ὑποταττομένων εὐνοίας· νῦν οὖν ἠγγικότων Ῥωμαίων καὶ προσκαθεζομένων τῇ Ζακάνθῃ, καὶ κινδυνευούσης τῆς πόλεως, ἐὰν ἐξαγαγὼν τοὺς ὁμήρους ἀποκαταστήσῃ τοῖς γονεῦσι καὶ ταῖς πόλεσιν, ἐκλύσειν μὲν αὐτὸν τῶν Ῥωμαίων τὴν φιλοτιμίαν· τοῦτο γὰρ αὐτὸ καὶ μάλιστα σπουδάζειν ἐκείνους πρᾶξαι, κυριεύοντας τῶν ὁμήρων· ἐκκαλέσεσθαι δὲ τὴν τῶν Ἰβήρων πάντων πρὸς Καρχηδονίους εὔνοιαν, προϊδόμενον τὸ μέλλον καὶ προνοηθέντα τῆς τῶν ὁμήρων ἀσφαλείας. τὴν δὲ χάριν αὐξήσειν ἔφη πολλαπλασίαν, αὐτὸς γενόμενος χειριστὴς τοῦ πράγματος. ἀποκαθιστάνων γὰρ εἰς τὰς πόλεις τοὺς παῖδας οὐ μόνον τὴν παρ´ αὐτῶν εὔνοιαν ἐπισπάσεσθαι τῶν γεννησάντων ἀλλὰ καὶ παρὰ τῶν πολλῶν, ὑπὸ τὴν ὄψιν τιθεὶς διὰ τοῦ συμβαίνοντος τὴν Καρχηδονίων πρὸς τοὺς συμμάχους αἵρεσιν καὶ μεγαλοψυχίαν. προσδοκᾶν δ´ αὐτὸν ἐκέλευσε καὶ δώρων πλῆθος ἰδίᾳ παρὰ τῶν τὰ τέκνα κομιζομένων· παραδόξως γὰρ ἑκάστους ἐγκρατεῖς γινομένους τῶν ἀναγκαιοτάτων ἅμιλλαν ποιήσεσθαι τῆς εἰς τὸν κύριον τῶν πραγμάτων εὐεργεσίας. παραπλήσια δὲ τούτοις ἕτερα καὶ πλείω πρὸς τὸν αὐτὸν τρόπον διαλεχθεὶς ἔπεισε τὸν Βώστορα συγκαταθέσθαι τοῖς λεγομένοις. [3,98] Au moment où Hannibal était parti pour l'Italie, il avait pris comme otages, dans toutes les villes d'Espagne dont il se défiait, les fils des personnages les plus considérables ; il les avait tous transférés à Sagonte, parce que cette place était bien fortifiée et qu'il était sûr des gens qu'il y laissait. Il y avait là un Espagnol, du nom d'Abilyx, dont personne parmi ses compatriotes n'égalait la réputation et le faste, et qui paraissait, bien plus que tout autre, dévoué à la cause de Carthage. Jugeant, à la tournure que prenaient les événements, que les chances étaient du côté des Romains, il forma le projet de leur livrer les otages, par un calcul bien digne d'un Espagnol et d'un barbare; il était persuadé que les Romains lui sauraient le plus grand gré du service qu'il leur rendrait et du témoignage de fidélité qu'il leur donnerait ainsi. Il ne songeait donc qu'aux moyens de perpétrer la trahison qu'il méditait envers les Carthaginois. Ils avaient pour commandant un officier nommé Bostar, qu'Hasdrubal avait chargé d'empêcher les Romains de passer l'Èbre, mais qui n'avait pas osé leur tenir tête et s'était retiré à Sagonte, où il campait du côté de la mer ; c'était un homme simple et doux de sa nature, peu porté à la défiance. Abilyx alla le trouver, mit la conversation sur les otages. Maintenant que les Romains avaient franchi le fleuve, disait-il, les Carthaginois ne pourraient plus contenir les Espagnols par la crainte ; ils devaient, vu les circonstances, s'attacher leurs sujets par l'amitié. Les Romains étaient tout près, ils menaçaient Sagonte, la ville était en danger ; si le général en retirait les otages pour les rendre à leur famille et à leur patrie, il ruinerait tous les beaux projets des Romains; car c'était là précisément ce qu'ils voulaient faire des otages, s'ils parvenaient à s'en emparer ; ce geste vaudrait à Carthage le dévouement de tous les Espagnols, qui seraient reconnaissants au gouverneur d'avoir songé à pourvoir à la sûreté de leurs enfants. Si Bostar voulait le charger de cette mission, il saurait faire valoir ce bienfait : en ramenant les enfants dans leur pays, il lui concilierait non seulement la gratitude de leurs parents, mais encore celle de tous leurs compatriotes : il n'aurait qu'à leur mettre sous les yeux par cet exemple la bonté et la générosité des Carthaginois envers leurs alliés. Bostar lui-même devait s'attendre à recevoir, pour sa part, les présents les plus riches de la part de ces parents à qui il aurait rendu leurs enfants ; après avoir recouvré, contre toute espérance, ce qu'ils avaient de plus cher au monde, ils rivaliseraient entre eux pour récompenser celui à qui ils devraient ce bonheur. Par ces propos et beaucoup d'autres du même genre, Abilyx réussit à obtenir l'assentiment de Bostar.


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Dernière mise à jour : 30/03/2006