| [3,85] Ἀννίβας δέ, πρὸς αὐτὸν ἐπαναχθέντων τῶν ὑποσπόνδων, 
 ὁμοίως δὲ καὶ τῶν ἄλλων αἰχμαλώτων, συναγαγὼν πάντας,
 ὄντας πλείους τῶν μυρίων καὶ πεντακισχιλίων, πρῶτον 
 μὲν διεσάφησεν ὅτι Μαάρβας οὐκ εἴη κύριος
 ἄνευ τῆς αὑτοῦ γνώμης διδοὺς τὴν ἀσφάλειαν τοῖς
 ὑποσπόνδοις, μετὰ δὲ ταῦτα κατηγορίαν ἐποιήσατο
 Ῥωμαίων. λήξας δὲ τούτων, ὅσοι μὲν ἦσαν Ῥωμαῖοι 
 τῶν ἑαλωκότων, διέδωκεν εἰς φυλακὴν ἐπὶ τὰ
 τάγματα, τοὺς δὲ συμμάχους ἀπέλυσε χωρὶς λύτρων
 ἅπαντας εἰς τὴν οἰκείαν, ἐπιφθεγξάμενος τὸν αὐτὸν
 ὃν καὶ πρόσθεν λόγον ὅτι πάρεστι πολεμήσων οὐκ
 Ἰταλιώταις, ἀλλὰ Ῥωμαίοις ὑπὲρ τῆς Ἰταλιωτῶν
 ἐλευθερίας. τὴν δ´ ἑαυτοῦ δύναμιν ἀνελάμβανε
 καὶ τῶν νεκρῶν τῶν ἐκ τῆς σφετέρας δυνάμεως
 τοὺς ἐπιφανεστάτους ἔθαψεν, ὄντας εἰς τριάκοντα
 τὸν ἀριθμόν· οἱ μὲν γὰρ πάντες εἰς χιλίους καὶ
 πεντακοσίους ἔπεσον, ὧν ἦσαν οἱ πλείους Κελτοί.
 ταῦτα δὲ πράξας διενοεῖτο μετὰ τἀδελφοῦ καὶ τῶν
 φίλων ποῦ καὶ πῶς δεῖ ποιεῖσθαι τὴν ὁρμήν, εὐθαρσὴς 
 ὢν ἤδη περὶ τῶν ὅλων.
 Εἰς δὲ τὴν Ῥώμην προσπεσόντος ἤδη τοῦ γεγονότος 
 ἀτυχήματος, στέλλεσθαι μὲν ἢ ταπεινοῦν τὸ
 συμβεβηκὸς οἱ προεστῶτες τοῦ πολιτεύματος ἠδυνάτουν 
 διὰ τὸ μέγεθος τῆς συμφορᾶς, λέγειν δὲ
 τοῖς πολλοῖς ἠναγκάζοντο τὰ γεγονότα, συναθροίσαντες 
 τὸν δῆμον εἰς ἐκκλησίαν. διόπερ ἅμα τῷ
 τὸν στρατηγὸν εἰπεῖν τοῖς ὄχλοις ἀπὸ τῶν ἐμβόλων
 ὅτι Λειπόμεθα μάχῃ μεγάλῃ“, τηλικαύτην συνέβη γενέσθαι 
 διατροπὴν ὥστε τοῖς παραγενομένοις ἐφ´ ἑκατέρων 
 τῶν καιρῶν πολλῷ μεῖζον τότε φανῆναι τὸ
 γεγονὸς ἢ παρ´ αὐτὸν τὸν τῆς μάχης καιρόν. καὶ
 τοῦτ´ εἰκότως συνέβη. πολλῶν γὰρ χρόνων ἄπειροι
 καὶ τοῦ ῥήματος καὶ τοῦ πράγματος ὑπάρχοντες τῆς
 ὁμολογουμένης ἥττης οὐ μετρίως οὐδὲ κατὰ σχῆμα
 τὴν περιπέτειαν ἔφερον. οὐ μὴν ἥ γε σύγκλητος,
 ἀλλ´ ἐπὶ τοῦ καθήκοντος ἔμενε λογισμοῦ καὶ διενοεῖτο 
 περὶ τοῦ μέλλοντος πῶς καὶ τί πρακτέονἑκάστοις εἴη.
 | [3,85] Quand on eut amené à Hannibal les 
prisonniers qui avaient capitulé et ceux qui avaient 
été faits sur le champ de bataille, il les assembla tous
(il y en avait plus de quinze mille) et déclara aux premiers 
que Maharbal avait outrepassé ses droits en 
prenant un engagement envers eux sans son autorisation ; 
et il partit de là pour se livrer à une violente 
diatribe contre les Romains. Après quoi, il répartit 
entre ses divers bataillons, pour y être tenus sous 
bonne garde, ceux d'entre les captifs qui étaient Romains ; 
au contraire, il libérait sans rançon tous les 
auxiliaires ; il les assura encore, comme il l'avait déjà 
fait, qu'il n'était pas venu faire la guerre aux Italiens, 
mais qu'il la faisait aux Romains pour l'affranchissement 
de l'Italie. Il fit reposer son armée et rendre 
les honneurs funèbres à une trentaine de ses principaux 
officiers qui étaient morts dans le combat ; il avait 
perdu en tout quinze cents hommes, des Gaulois pour 
la plupart. Ensuite, il délibéra avec son frère et ses 
amis pour savoir de quel côté et comment il pousserait 
son offensive ; car il comptait bien, maintenant, sur 
le succès définitif.
Cependant la nouvelle de la défaite était arrivée à 
Rome. Le désastre était trop grand pour qu'il fût possible 
aux magistrats de l'atténuer ou de le dissimuler ; 
on réunit le peuple en assemblée et il fallut bien lui 
dire la vérité. Dès que le préteur fut monté à la tribune 
et eut proféré ces paroles : "Nous avons été vaincus 
dans une grande bataille", une telle consternation 
s'empara de la foule que. ceux des citoyens qui avaient 
déjà assisté au combat eurent alors l'impression d'un 
malheur plus considérable que lorsqu'ils étaient sur 
les lieux. Et c'était fort naturel : il y avait si longtemps 
que les Romains n'avaient pas subi de défaite et n'avaient 
entendu prononcer ce mot ; aussi ne savaient-ils 
pas supporter avec calme et dignité l'annonce officielle 
de ce revers. Le Sénat seul ne perdit pas la notion de 
son devoir : il se mit à délibérer sur les mesures à prendre 
et la conduite à tenir dans la suite de la campagne.
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