| [3,71] πάλαι δὲ συνεωρακὼς μεταξὺ τῶν στρατοπέδων 
 τόπον ἐπίπεδον μὲν καὶ ψιλόν, εὐφυῆ δὲ πρὸς ἐνέδραν διά τι 
 ῥεῖθρον ἔχον ὀφρῦν, ἐπὶ δὲ ταύτης ἀκάνθας καὶ βάτους 
 συνεχεῖς ἐπιπεφυκότας, ἐγίνετο πρὸς τῷ στρατηγεῖν 
 τοὺς ὑπεναντίους. ἔμελλεν δ´ εὐχερῶς λήσειν·
 οἱ γὰρ Ῥωμαῖοι πρὸς μὲν τοὺς ὑλώδεις τόπους
 ὑπόπτως εἶχον διὰ τὸ τοὺς Κελτοὺς ἀεὶ τιθέναι
 τὰς ἐνέδρας ἐν τοῖς τοιούτοις χωρίοις, τοῖς δ´ ἐπιπέδοις 
 καὶ ψιλοῖς ἀπεπίστευον, οὐκ εἰδότες ὅτι καὶ
 πρὸς τὸ λαθεῖν καὶ πρὸς τὸ μηδὲν παθεῖν τοὺς
 ἐνεδρεύσαντας εὐφυέστεροι τυγχάνουσιν ὄντες τῶν
 ὑλωδῶν διὰ τὸ δύνασθαι μὲν ἐκ πολλοῦ προορᾶν
 πάντα τοὺς ἐνεδρεύοντας, εἶναι δ´ ἐπιπροσθήσεις
 ἱκανὰς ἐν τοῖς πλείστοις τόποις. τὸ γὰρ τυχὸν
 ῥεῖθρον μετὰ βραχείας ὀφρύος, ποτὲ δὲ κάλαμοι
 καὶ πτέρεις καί τι γένος ἀκανθῶν, οὐ μόνον πεζοὺς
 ἀλλὰ καὶ τοὺς ἱππεῖς ἐνίοτε δύναται κρύπτειν, ἐὰν
 βραχέα τις προνοηθῇ τοῦ τὰ μὲν ἐπίσημα τῶν
 ὅπλων ὕπτια τιθέναι πρὸς τὴν γῆν, τὰς δὲ περικεφαλαίας 
 ὑποτιθέναι τοῖς ὅπλοις. πλὴν ὅ γε τῶν
 Καρχηδονίων στρατηγὸς κοινολογηθεὶς Μάγωνι τἀδελφῷ 
 καὶ τοῖς συνέδροις περὶ τοῦ μέλλοντος ἀγῶνος, 
 συγκατατιθεμένων αὐτῷ πάντων ταῖς ἐπιβολαῖς, 
 ἅμα τῷ δειπνοποιήσασθαι τὸ στρατόπεδον
 ἀνακαλεσάμενος Μάγωνα τὸν ἀδελφόν, ὄντα νέον
 μὲν ὁρμῆς δὲ πλήρη καὶ παιδομαθῆ περὶ τὰ πολεμικά, 
 συνέστησε τῶν ἱππέων ἄνδρας ἑκατὸν καὶ
 πεζοὺς τοὺς ἴσους. ἔτι δὲ τῆς ἡμέρας οὔσης ἐξ
 ὅλου τοῦ στρατοπέδου σημηνάμενος τοὺς εὐρωστοτάτους 
 παρηγγέλκει δειπνοποιησαμένους ἥκειν ἐπὶ
 τὴν αὑτοῦ σκηνήν. παρακαλέσας δὲ καὶ παραστήσας
 τούτοις τὴν πρέπουσαν ὁρμὴν τῷ καιρῷ παρήγγελλε 
 δέκα τοὺς ἀνδρωδεστάτους ἕκαστον ἐπιλεξάμενον 
 ἐκ τῶν ἰδίων τάξεων ἥκειν εἴς τινα τόπον
 (τακτὸν) ἤδη τῆς στρατοπεδείας. τῶν δὲ πραξάντων
 τὸ συνταχθέν, τούτους μὲν ὄντας ἱππεῖς χιλίους
 καὶ πεζοὺς ἄλλους τοσούτους ἐξαπέστειλε νυκτὸς
 εἰς τὴν ἐνέδραν, συστήσας ὁδηγοὺς καὶ τἀδελφῷ
 διαταξάμενος περὶ τοῦ καιροῦ τῆς ἐπιθέσεως· αὐτὸς 
 δ´ ἅμα τῷ φωτὶ τοὺς Νομαδικοὺς ἱππεῖς συναγαγών, 
 ὄντας φερεκάκους διαφερόντως, παρεκάλεσε
 καί τινας δωρεὰς ἐπαγγειλάμενος τοῖς ἀνδραγαθήσασι 
 προσέταξε πελάσαντας τῷ τῶν ἐναντίων χάρακι
 κατὰ σπουδὴν ἐπιδιαβαίνειν τὸν ποταμὸν καὶ προσακροβολιζομένους 
 κινεῖν τοὺς πολεμίους, βουλόμενος ἀναρίστους 
 καὶ πρὸς τὸ μέλλον ἀπαρασκεύους
 λαβεῖν τοὺς ὑπεναντίους. τοὺς δὲ λοιποὺς ἡγεμόνας 
 ἁθροίσας ὁμοίως παρεκάλεσε πρὸς τὸν κίνδυνον 
 καὶ πᾶσιν ἀριστοποιεῖσθαι παρήγγειλε καὶ περὶ τὴν 
 τῶν ὅπλων καὶ τῶν ἵππων γίνεσθαι θεραπείαν.
  | [3,71] Il avait depuis longtemps reconnu le 
terrain qui séparait les deux armées : c'était une plaine 
très nue, mais où l'on pouvait aisément dresser une 
embuscade, grâce à la présence d'un ruisseau, dont 
les berges étaient escarpées et, de plus, hérissées d'une 
haie ininterrompue de ronces et d'épines. La ruse 
avait toutes chances de réussir ; car si les Romains 
étaient en garde contre les embuscades que les Gaulois
avaient l'habitude de tendre dans les endroits boisés, 
ils ne se méfiaient pas des lieux plats et découverts. 
Ils ne savaient pas combien une région de ce genre 
est préférable à un bois pour s'y embusquer sans être 
vu et sans courir aucun danger ; on peut voir de loin 
de tous les côtés et on ne manque généralement pas 
d'accidents de terrain où l'on peut se dissimuler. Il 
suffit du premier ruisseau venu, avec une berge légèrement 
élevée, de roseaux, de broussailles ou d'épines 
quelconques pour cacher non seulement de l'infanterie, 
mais parfois même de la cavalerie ; on n'a qu'à prendre 
la précaution très simple de poser à terre les armes 
trop visibles et de mettre les casques sous les boucliers.
Le général carthaginois tint donc conseil avec son 
frère Magon et ses autres lieutenants; il leur communiqua 
son plan pour la bataille qui allait avoir lieu et 
tout le monde l'approuva. Dès que les troupes eurent 
dîné, il fit appeler Magon ; c'était encore un jeune 
homme, mais plein de fougue et qui s'exerçait depuis 
son enfance au métier des armes. Il mit à sa disposition 
cent cavaliers et autant de fantassins ; tandis 
qu'il faisait encore jour, il avait désigné à cet effet les 
soldats les plus vigoureux de toute l'armée et leur 
avait ordonné de venir le trouver dans sa tente quand 
ils auraient pris leur repas. Après leur avoir inspiré 
par ses exhortations l'ardeur qu'exigeaient les circonstances, 
il leur donna l'ordre de choisir chacun 
dans leur propre compagnie les dix hommes les plus 
courageux et de se rendre avec eux à un endroit déterminé 
du camp. Ils constituèrent ainsi un corps de 
mille cavaliers et de fantassins en nombre égal ; Hannibal 
les envoya alors de nuit se poster en embuscade, 
en leur donnant des guides et en indiquant à son frère 
le moment où il convenait d'attaquer. Pour lui, au 
point du jour, il assemble ses cavaliers numides, gens 
des plus endurcis à la fatigue, leur adresse des encouragements, 
promet des récompenses à ceux qui se 
conduiront bien et leur ordonne d'approcher du camp 
romain, de passer rapidement la rivière, de provoquer 
l'ennemi par des escarmouches et de le faire sortir de 
ses retranchements ; son intention était de surprendre 
ses adversaires à un moment où ils n'auraient encore 
pris aucune nourriture et ne s'attendraient pas à 
ce qu'une bataille fût engagée. Puis il convoque 
le reste de ses officiers, les anime également au combat, 
donne l'ordre de faire déjeuner tous les hommes, 
fait préparer les armes et les chevaux.
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