| [3,29] Τὰ μὲν οὖν ὑπὸ Καρχηδονίων τότε ῥηθέντα δεδηλώκαμεν, 
 τὰ δ´ ὑπὸ Ῥωμαίων λεγόμενα νῦν ἐροῦμεν· 
 οἷς τότε μὲν οὐκ ἐχρήσαντο διὰ τὸν ἐπὶ τῇ
 Ζακανθαίων ἀπωλείᾳ θυμόν· λέγεται δὲ πολλάκις
 καὶ ὑπὸ πολλῶν παρ´ αὐτοῖς. πρῶτον μὲν ὅτι τὰς
 πρὸς Ἀσδρούβαν γενομένας ὁμολογίας οὐκ ἀθετητέον, 
 καθάπερ οἱ Καρχηδόνιοι λέγειν ἐθάρρουν·
 οὐ γὰρ προσέκειτο, καθάπερ ἐπὶ τοῦ Λυτατίου,
 κυρίας εἶναι ταύτας, ἐὰν καὶ τῷ δήμῳ δόξῃ τῶν
 Ῥωμαίων·“ ἀλλ´ αὐτοτελῶς ἐποιήσατο τὰς ὁμολογίας
 Ἀσδρούβας, ἐν αἷς ἦν, τὸν Ἴβηρα ποταμὸν μὴ διαβαίνειν 
 ἐπὶ πολέμῳ Καρχηδονίους.“ καὶ μὴν ἐν
 ταῖς περὶ Σικελίαν συνθήκαις ἦν ἔγγραπτον, καθάπερ 
 κἀκεῖνοί φασιν, ὑπάρχειν τοῖς ἀμφοτέρων συμμάχοις 
 τὴν παρ´ ἑκατέρων ἀσφάλειαν,“ οὐκ αὐτοῖς
 μόνον τοῖς τότε συμμαχοῦσι, καθάπερ ἐποιοῦντο τὴν
 ἐκδοχὴν οἱ Καρχηδόνιοι· προσέκειτο γὰρ ἂν ἤτοι τὸ
 μὴ προσλαμβάνειν ἑτέρους συμμάχους παρὰ τοὺς
 ὑπάρχοντας ἢ τὸ μὴ παραλαμβάνεσθαι τοὺς ὕστερον 
 προσληφθέντας τούτων τῶν συνθηκῶν. ὅτε δὲ
 τούτων οὐδέτερον ἐγράφη, προφανὲς ἦν ὅτι πᾶσι
 τοῖς ἑκατέρων συμμάχοις, καὶ τοῖς οὖσι τότε καὶ τοῖς
 μετὰ ταῦτα προσληφθησομένοις, τὴν παρ´ ἀμφοῖν
 ἀσφάλειαν ἀεὶ δέον ἦν ὑπάρχειν. ὃ δὴ καὶ πάντως
 ἂν εἰκὸς εἶναι δόξειεν. οὐ γὰρ δήπου τοιαύτας ἔμελλον 
 ποιήσεσθαι συνθήκας δι´ ὧν ἀφελοῦνται τὴν
 ἐξουσίαν σφῶν αὐτῶν τοῦ προσλαμβάνειν κατὰ καιρούς, 
 ἄν τινες ἐπιτήδειοι φανῶσιν αὐτοῖς φίλοι καὶ
 σύμμαχοι, οὐδὲ μὴν προσλαβόντες εἰς τὴν σφετέραν
 πίστιν περιόψεσθαι τούτους ὑπό τινων ἀδικουμένους· 
 ἀλλ´ ἦν ἀμφοτέρων τὸ συνέχον τῆς ἐννοίας
 τῆς ἐν ταῖς συνθήκαις τῶν μὲν ὑπαρχόντων ἀμφοτέροις 
 τότε συμμάχων ἀφέξεσθαι καὶ κατὰ μηδένα
 τρόπον τοὺς ἑτέρους παρὰ τῶν ἑτέρων ἐπιδέξεσθαί
 τινας τούτων εἰς συμμαχίαν, περὶ δὲ τῶν μετὰ ταῦτα
 προσληφθησομένων αὐτὸ τοῦτο, μήτε ξενολογεῖν
 μήτ´ ἐπιτάττειν μηδετέρους μηδὲν ἐν ταῖς ἀλλήλων
 ἐπαρχίαις καὶ συμμαχίαις, ὑπάρχειν τε τὴν ἀσφάλειαν 
 πᾶσι τὴν παρ´ ἀμφοῖν.
 | [3,29] J'ai déjà rapporté les allégations des Carthaginois ; 
voyons maintenant celles des Romains. Il 
ne s'agit pas d'arguments qu'ils auraient alors fait valoir, 
car ils étaient si indignés du sac de Sagonte qu'ils 
ne songeaient pas à discuter, mais de raisons qu'on les 
entend souvent invoquer aujourd'hui. Ils soutiennent 
en premier lieu que les Carthaginois avaient tort de ne 
tenir aucun compte de la convention passée avec 
Hasdrubal, car elle ne portait pas, comme celle de 
Lutatius : « Le présent traité aura force de loi s'il est 
ratifié par le peuple romain. » Mais Hasdrubal avait 
eu pleine autorité pour conclure ce pacte, où il était 
dit simplement que « les Carthaginois ne s'avanceraient 
pas en armes au-delà de l'Èbre. » Dans le traité 
relatif à la Sicile, il était bel et bien stipulé, comme 
l'affirment les Romains, que « chacun des deux contractants 
s'abstiendrait de molester les alliés de l'autre » ; 
ce texte ne s'applique pas uniquement aux alliés qu'ils 
avaient alors, comme le prétendaient les Carthaginois ; 
car on aurait ajouté, en ce cas, qu'aucune alliance ne 
serait conclue en dehors de celles qui existaient déjà 
ou que le traité ne concernait pas les peuples avec qui
l'on ferait alliance ultérieurement. Puisqu'aucune de 
ces deux restrictions n'avait été énoncée, il était clair 
que chaque état devait s'abstenir de molester les alliés 
que l'autre avait alors ou qu'il se créerait ensuite. Cette 
interprétation était tout à fait logique : ils n'allaient 
évidemment pas signer un traité qui leur enlevât la 
liberté de contracter les amitiés et les alliances que les 
circonstances exigeraient ou qui les contraignît de 
laisser en butte à des vexations des gens qui se seraient 
placés sous leur protection. Tout ce que l'on entendait 
stipuler de part et d'autre par ce traité, c'était, pour 
les alliés que les deux états avaient alors, qu'aucun des 
deux ne devait soit faire tort à ceux de l'autre, soit les 
admettre dans son alliance ; pour les alliés qu'ils feraient 
ensuite, qu'on ne lèverait pas chez eux des mercenaires, 
qu'aucun des deux peuples ne prélèverait de 
force quoi que ce fût dans les possessions de l'autre ou 
chez ses alliés, et que les alliés de l'un seraient toujours 
en sûreté chez l'autre.
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