HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Numa

Chapitre 24

  Chapitre 24

[24] (1) Ὅλως δὲ φαίνονται πρὸς τὴν αὐτάρκειαν ἀμφότεροι καὶ σωφροσύνην ὁμοίως ἄγοντες τὰ πλήθη, τῶν δὲ ἄλλων ἀρετῶν μὲν τὴν ἀνδρείαν μᾶλλον, δὲ τὴν δικαιοσύνην ἠγαπηκώς· (2) εἰ μὴ νὴ Δία διὰ τὴν ὑποκειμένην τῶν πολιτευμάτων ἑκατέρου φύσιν συνήθειαν, οὐχ ὁμοίαν οὖσαν, ἀνομοίας ἔδει παρασκευῆς. (3) οὔτε γὰρ Νομᾶς διὰ δειλίαν κατέλυσε τὸ πολεμεῖν, ἀλλ´ ἐπὶ τῷ μὴ ἀδικεῖν, οὔτε Λυκοῦργος εἰς ἀδικίαν κατεσκεύασε πολεμικούς, ἀλλ´ ὑπὲρ τοῦ μὴ ἀδικεῖσθαι. (4) τὰς οὖν ὑπερβολὰς ἀφαιροῦντες ἀμφότεροι καὶ τὰς ἐνδείας ἀναπληροῦντες τῶν ὑπαρχόντων περὶ τοὺς πολίτας, ἠναγκάζοντο μεγάλαις χρῆσθαι μεταβολαῖς. (5) Καὶ μὴν τῆς τε διατάξεως καὶ τῆς διαιρέσεως τῶν πολιτευμάτων ὀχλικὴ μὲν ἀκράτως τοῦ Νομᾶ καὶ θεραπευτικὴ τοῦ πλήθους, ἐκ χρυσοχόων καὶ αὐλητῶν καὶ σκυτοτόμων συμμιγῆ τινα καὶ παμποίκιλον ἀποφαίνοντος δῆμον, (6) αὐστηρὰ δὲ Λυκούργειος καὶ ἀριστοκρατική, τὰς μὲν βαναύσους ἀποκαθαίρουσα τέχνας εἰς οἰκετῶν καὶ μετοίκων χεῖρας αὐτοὺς δὲ τοὺς πολίτας εἰς τὴν ἀσπίδα καὶ τὸ δόρυ συνάγουσα, πολέμου χειροτέχνας καὶ θεράποντας Ἄρεως ὄντας, ἄλλο δὲ οὐδὲν εἰδότας οὐδὲ μελετῶντας πείθεσθαι τοῖς ἄρχουσι καὶ κρατεῖν τῶν πολεμίων. (7) Οὐδὲ γὰρ χρηματίζεσθαι τοῖς ἐλευθέροις ἐξῆν, ἵνα ἐλεύθεροι παντελῶς καὶ καθάπαξ ὦσιν, ἀλλ´ ἦν περὶ τὰ χρήματα κατασκευὴ δεδομένη δούλοις καὶ Εἵλωσιν, ὥσπερ περὶ τὸ δεῖπνον καὶ ὄψον διακονία. (8) Νομᾶς δὲ οὐδὲν διέκρινε τοιοῦτον, ἀλλὰ τὰς μὲν στρατιωτικὰς ἔπαυσε πλεονεξίας, τὸν δὲ ἄλλον οὐκ ἐκώλυσε χρηματισμόν, οὐδὲ τὴν τοιαύτην κατεστόρεσεν ἀνωμαλίαν, ἀλλὰ καὶ πλούτῳ προϊέναι μέχρι παντὸς ἐφῆκε, καὶ πενίας πολλῆς ἀθροιζομένης καὶ ὑπορρεούσης εἰς τὴν πόλιν ἠμέλησε, (9) δέον εὐθὺς ἐν ἀρχῇ, μηδέπω πολλῆς μηδὲ μεγάλης ἀνισότητος οὔσης, ἀλλ´ ἔτι τοῖς βίοις ὁμαλῶν καὶ παραπλησίων ὄντων, ἐνστῆναι πρὸς τὴν πλεονεξίαν, ὥσπερ Λυκοῦργος, καὶ φυλάξασθαι τὰς ἀπ´ αὐτῆς βλάβας, οὐ μικρὰς γενομένας, ἀλλὰ τῶν πλείστων καὶ μεγίστων κακῶν, ὅσα συνηνέχθη, σπέρμα καὶ ἀρχὴν παρασχούσας. (10) δὲ τῆς γῆς ἀναδασμὸς οὔτε τὸν Λυκοῦργον, ἐμοὶ δοκεῖν, ποιεῖ ψεκτὸν γενόμενος οὔτε τὸν Νομᾶν μὴ γενόμενος. (11) τῷ μὲν γὰρ ἕδραν καὶ κρηπῖδα τῆς πολιτείας ἰσότης αὕτη παρέσχε, τὸν δὲ προσφάτου τῆς κληρουχίας οὔσης οὐδὲν ἤπειγεν ἄλλον ἐμβαλεῖν ἀναδασμὸν οὐδὲ κινεῖν τὴν πρώτην νέμησιν, ὡς εἰκός ἐστι, κατὰ χώραν μένουσαν. [24] (1) En général il est aisé de voir que tous les deux conduisaient également leurs peuples à se contenter de ce qu'ils avaient et à pratiquer la tempérance; mais, quant aux autres vertus, l’un aimait davantage la vaillance, et l’autre, la justice. (2) Peut-être aussi, par Zeus, le caractère des institutions que chacun des deux se proposait de créer ou la différence des habitudes de leurs nations n’exigeait-il des mesures différentes. (3) Car ce n’est point par lâcheté que Numa fit cesser les guerres, mais pour ne pas faire tort aux autres peuples; et, si Lycurgue rendit ses concitoyens belliqueux, ce n’était point pour les mettre en état de commettre l’injustice, mais pour les préserver de la subir. (4) L’un et l’autre, pour retrancher les excès de leurs peuples et en combler les lacunes, étaient donc contraints à de grands changements. (5) Cependant pour l’organisation et la répartition des citoyens, l'oeuvre de Numa fut absolument favorable aux masses et démocratique, car il composa son peuple d'un mélange très varié d'orfèvres, de flûtistes et de cordonniers. (6) La division établir par Lycurgue fut au contraire rigide et aristocratique. Comme il tenait les métiers des ouvriers pour impurs, il les relégua dans les mains des esclaves et des métèques, et réduisit les citoyens proprement dits au port du bouclier et de la lance; il en fit des artisans de la guerre et des serviteurs d’Arès, sans les laisser rien savoir, ni s’exercer à rien d’autre que d’obéir à leurs chefs et de vaincre leurs ennemis. (7) Car il n’était même pas permis aux hommes libres de s’occuper d’affaires lucratives; voulant qu'ils fussent, une fois pour toutes, entièrement libres, il confia aux esclaves et aux hilotes le soin de gagner de l’argent, comme le service de la table et la cuisine. (8) Numa, lui, ne fit aucune distinction de ce genre: s’il mit fin à l’enrichissement par les armes, il n’empêcha point les autres trafics, et n’aplanit nullement l’inégalité qui en résultait; il laissa même la richesse s’accroître indéfiniment; et, bien qu’une grande pauvreté, toujours croissante, envahît la Ville, il ne s’en soucia pas. (9) Il aurait pourtant fallu agir dès le début, quand l’inégalité était encore faible et peu sensible, et que le genre de vie, pour tous, était à peu près au même niveau, s’opposer à l’accroissement des richesses, comme Lycurgue, et en prévenir les inconvénients, qui, loin d’être médiocres, furent pour la société le germe et le principe des maux les plus nombreux et les plus grands. (10) Quant au partage de la terre, il me semble qu’on ne doit blâmer, ni Lycurgue de l’avoir fait, ni le roi Numa de ne l’avoir point fait. (11) Car cette répartition égale fournissait à l’un l’assiette et la base de sa constitution; mais pour l’autre, le lotissement de Romulus étant encore tout récent, rien ne le pressait de faire un second partage, ni de changer le premier, qui, selon toute vraisemblance, était encore en vigueur.


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Dernière mise à jour : 19/05/2005