[2] (1) Ἕβδομον ἐνιαυτὸν ἡ Ῥώμη καὶ τριακοστὸν ἤδη
Ῥωμύλου βασιλεύοντος ᾠκεῖτο· πέμπτῃ δὲ ἱσταμένου μηνός, ἣν νῦν ἡμέραν νώνας
Καπρατίνας καλοῦσι, θυσίαν τινὰ δημοτελῆ πρὸ τῆς πόλεως ὁ Ῥωμύλος ἔθυε περὶ τὸ
καλούμενον Αἰγὸς ἕλος, καὶ παρῆν ἥ τε βουλὴ καὶ τοῦ δήμου τὸ πλεῖστον. (2) ἐξαίφνης
δὲ μεγάλης περὶ τὸν ἀέρα τροπῆς γενομένης καὶ νέφους ἐπὶ τὴν γῆν ἐρείσαντος ἅμα
πνεύματι καὶ ζάλῃ, τὸν μὲν ἄλλον ὅμιλον ἐκπλαγέντα συνέβη φυγεῖν καὶ
σκεδασθῆναι, τὸν δὲ Ῥωμύλον ἀφανῆ γενέσθαι, καὶ μήτε αὐτὸν ἔτι μήτε σῶμα
τεθνηκότος εὑρεθῆναι, (3) χαλεπὴν δέ τιν´ ὑπόνοιαν ἅψασθαι τῶν πατρικίων, καὶ ῥυῆναι
λόγον ἐν τῷ δήμῳ κατ´ αὐτῶν ὡς πάλαι βαρυνόμενοι τὸ βασιλεύεσθαι καὶ μεταστῆσαι
τὸ κράτος εἰς αὑτοὺς θέλοντες ἀνέλοιεν τὸν βασιλέα. καὶ γὰρ ἐδόκει τραχύτερον
ἤδη προσφέρεσθαι καὶ μοναρχικώτερον αὐτοῖς. (4) ἀλλὰ ταύτην μὲν τὴν ὑποψίαν
ἐθεράπευον εἰς θεῶν τιμὰς ἀνάγοντες ὡς οὐ τεθνηκότα τὸν Ῥωμύλον, ἀλλὰ κρείττονος
ὄντα μοίρας· καὶ Πρόκλος, ἀνὴρ ἐπιφανής, διωμόσατο Ῥωμύλον ἰδεῖν εἰς οὐρανὸν σὺν
τοῖς ὅπλοις ἀναφερόμενον, καὶ φωνῆς ἀκοῦσαι κελεύοντος αὐτὸς ὀνομάζεσθαι
Κυρῖνον. (5) Ἑτέρα δὲ ταραχὴ καὶ στάσις κατελάμβανε τὴν πόλιν ὑπὲρ τοῦ μέλλοντος
ἀποδειχθήσεσθαι βασιλέως, οὔπω τῶν ἐπηλύδων κομιδῇ τοῖς πρώτοις συγκεκραμένων
πολίταις, ἀλλ´ ἔτι τοῦ τε δήμου πολλὰ κυμαίνοντος ἐν ἑαυτῷ καὶ τῶν πατρικίων ἐν
ὑποψίαις ἐκ τοῦ διαφόρου πρὸς ἀλλήλους ὄντων. (6) οὐ μὴν ἀλλὰ βασιλεύεσθαι μὲν
ἐδόκει πᾶσιν, ἤρισαν δὲ καὶ διέστησαν οὐχ ὑπὲρ ἀνδρὸς μόνον, ἀλλὰ καὶ γένους,
ὁπότερον παρέξει τὸν ἡγεμόνα. (7) καὶ γὰρ οἱ μετὰ Ῥωμύλου πρῶτοι συνοικίσαντες τὴν
πόλιν οὐκ ἀνασχετὸν ἐποιοῦντο πόλεως καὶ χώρας τοὺς Σαβίνους μεταλαβόντας ἄρχειν
βιάζεσθαι τῶν ἐπὶ ταῦτα δεξαμένων, καὶ τοῖς Σαβίνοις ἦν τις εὐγνώμων λόγος, ἐπεὶ
Τατίου τοῦ βασιλέως αὐτῶν ἀποθανόντος οὐκ ἐστασίασαν πρὸς Ῥωμύλον, ἀλλ´ εἴασαν
ἄρχειν μόνον, αὖθις ἀξιούντων τὸν ἄρχοντα γενέσθαι παρ´ αὑτῶν. (8) οὔτε γὰρ ἐκ
ταπεινοτέρων κρείττοσι προσγενέσθαι, καὶ προσγενόμενοι πλήθει τε ῥῶσαι καὶ
προαγαγεῖν εἰς ἀξίωμα πόλεως ἐκείνους μεθ´ ἑαυτῶν. ὑπὲρ μὲν οὖν τούτων
ἐστασίαζον. (9) Ὅπως δὲ μὴ σύγχυσιν ἐκ τῆς ἀναρχίας ἡ στάσις ἀπεργάσεται, μετεώρου
τοῦ πολιτεύματος ὄντος, ἔταξαν οἱ πατρίκιοι, πεντήκοντα καὶ ἑκατὸν ὄντων αὐτῶν,
ἕκαστον ἐν μέρει τοῖς βασιλικοῖς παρασήμοις κοσμούμενον θύειν τε τοῖς θεοῖς τὰ
νενομισμένα καὶ χρηματίζειν ἓξ μὲν ὥρας τῆς νυκτός, ἓξ δὲ τῆς ἡμέρας. (10) καὶ γὰρ ἡ
διανομὴ τῶν καιρῶν ἑκατέρου πρὸς ἱσότητα καλῶς ἔχειν ἐδόκει τοῖς ἄρχουσι, καὶ
πρὸς τὸν δῆμον ἡ μεταβολὴ τῆς ἐξουσίας ἀφαιρεῖν τὸν φθόνον, ὁρῶντα τῆς αὐτῆς
ἡμέρας καὶ νυκτὸς τὸν αὐτὸν ἰδιώτην ἐκ βασιλέως γινόμενον. τὸ δὲ σχῆμα τοῦτο τῆς
ἀρχῆς μεσοβασιλείαν Ῥωμαῖοι καλοῦσιν.
| [2] (1) Il y avait trente-sept ans que Rome était bâtie et que Romulus régnait, lorsque le
cinquième jour du mois, jour qu’on appelle maintenant Nones caprotines, Romulus alla offrir
hors de la ville un sacrifice public, près du marais de la Chèvre: là se trouvait le sénat et
presque tout le peuple. (2) Tout à coup il se fait dans l’air un mouvement extraordinaire; une
nuée épaisse et ténébreuse fond sur la terre, accompagnée de vent et d’ouragan; la foule
épouvantée prend la fuite et se disperse: Romulus disparaît et l’on ne retrouve pas même son
cadavre. (3) De violents soupçons s’élèvent contre les patriciens: le bruit courut, à leur sujet,
parmi le peuple, que las depuis longtemps d’obéir à un roi et désireux de concentrer en eux
toute l’autorité, ils l’avaient mis à mort. Il est vrai que depuis quelque temps Romulus semblait
les traiter avec trop de dureté et de despotisme. (4) Mais ils apaisèrent ces soupçons en
décernant à Romulus les honneurs divins, et en affirmant qu’il n’était point mort, mais entré
dans une condition meilleure. Proculus, homme considéré, jura qu’il avait vu Romulus monter
au ciel avec ses armes et qu’il l’avait entendu ordonner qu’on l’appelât Quirinus. (5) La mort
de Romulus, en créant la nécessité de pourvoir à la vacance du trône par le choix d’un
successeur, fut bientôt dans la ville une source de troubles et de dissensions. Les nouveaux
citoyens ne s’étaient pas encore bien incorporés avec les anciens; le peuple était violemment
agité; et les patriciens eux-mêmes, divisés, se suspectaient les uns les autres. (6) Tous pourtant
s’accordaient sur la nécessité d’avoir un roi, mais ils étaient partagés non seulement sur celui
qu’il fallait élire, mais aussi sur celle des deux nations où ils le prendraient. (7) Ceux qui,
attachés les premiers à Romulus, avaient bâti Rome avec lui, trouvaient injuste que les Sabins,
qu’ils avaient admis au partage de leur ville et de leur territoire, voulussent dominer sur eux
qui les y avaient appelés. Les Sabins, de leur côté, donnaient des raisons plausibles: ils
disaient qu’après la mort de Tatius leur roi, loin de se soulever contre Romulus, ils l’avaient
laissé paisiblement régner seul. Ils demandaient qu'en retour, ne nouveau roi fût pris, cette fois,
parmi eux. (8) Ils ajoutaient que lorsqu’ils avaient été reçus dans Rome, ils n’étaient pas
inférieurs aux Romains; qu’en s’unissant avec eux, ils avaient accru considérablement leurs
forces, et les avaient élevés à la dignité et à la puissance de cité. Voilà donc ce qui les divisait.
(9) Mais de peur que la dissension, en suspendant l’exercice de tout pouvoir, n’amenât le
désordre et l’anarchie dans la ville, les patriciens, qui étaient au nombre de cent cinquante,
convinrent que chacun d’eux porterait à son tour les marques de la dignité royale, ferait aux
dieux les sacrifices d’usage, et rendrait la justice six heures du jour et six heures de la nuit.
(10) Ce partage parut avantageux aux notables en raison de l’égalité qu’il mettait entre eux;
quant au peuple, voyant, par ce changement d’autorité, que le même homme serait dans l'espace
d'un jour et d'une nuit roi et simple citoyen, il n’aurait plus aucun prétexte de jalousie contre les
patriciens. Les Romains donnent le nom d’interrègne à cette forme de gouvernement.
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