[37] (1) Τότε δὲ συμμίξας τῷ Τάχῳ παρασκευαζομένῳ πρὸς τὴν στρατείαν, οὐχ, ὥσπερ
ἤλπιζεν, ἁπάσης στρατηγὸς ἀπεδείχθη τῆς δυνάμεως, ἀλλὰ τῶν μισθοφόρων μόνων, τοῦ
δὲ ναυτικοῦ Χαβρίας ὁ ᾿Αθηναῖος· ἡγεμὼν δὲ συμπάν των αὐτὸς ἦν ὁ Τάχως. (2) καὶ
τοῦτο πρῶτον ἠνίασε τὸν ᾿Αγησίλαον· ἔπειτα τὴν ἄλλην ἀλαζονείαν καὶ κενοφροσύνην
τοῦ Αἰγυπτίου βαρυνόμενος ἠναγκάζετο φέρειν· καὶ συνεξέπλευσεν ἐπὶ τοὺς Φοίνικας
αὐτῷ, παρὰ τὴν ἀξίαν τὴν ἑαυτοῦ καὶ τὴν φύσιν ὑπείκων καὶ καρτερῶν, ἄχρι οὗ
καιρὸν ἔλαβε. (3) Νεκτάναβις γὰρ ἀνεψιὸς ὢν τοῦ Τάχω καὶ μέρος ἔχων ὑφ’ ἑαυτῷ τῆς
δυνάμεως ἀπέστη· καὶ βασιλεὺς ὑπὸ τῶν Αἰγυπτίων ἀναγορευθεὶς διεπέμπετο πρὸς τὸν
᾿Αγησίλαον ἀξιῶν αὐτῷ βοηθεῖν· τὰ δ’ αὐτὰ καὶ τὸν Χαβρίαν παρεκάλει, μεγάλας
ὑπισχνούμενος ἀμφοτέροις δωρεάς. (4) αἰσθομένου δὲ ταῦτα τοῦ Τάχω καὶ τραπομένου
πρὸς δέησιν αὐτῶν, ὁ μὲν Χαβρίας ἐπειρᾶτο καὶ τὸν ᾿Αγησίλαον ἐν τῇ φιλίᾳ τοῦ
Τάχω πείθων καὶ παραμυθούμενος κατέχειν, (5) ὁ δὲ ᾿Αγησίλαος εἶπεν ὅτι "Σοὶ μέν, ὦ
Χαβρία, κατὰ σεαυτὸν ἀφιγμένῳ χρῆσθαι τοῖς ἑαυτοῦ λογισμοῖς ἔξεστιν, ἐγὼ δὲ ὑπὸ
τῆς πατρίδος ἐδόθην Αἰγυπτίοις στρατηγός. (6) οὐκ οὖν ἂν ἔχοι μοι καλῶς οἷς ἐπέμφθην
σύμμαχος πολεμεῖν, ἐὰν μὴ πάλιν ἡ πατρὶς κελεύσῃ." (7) ταῦτα δὲ εἰπὼν ἔπεμψεν εἰς
Σπάρτην ἄνδρας, οἳ τοῦ μὲν Τάχω κατηγορήσειν, ἐπαινέσεσθαι δὲ τὸν Νεκτάναβιν
ἔμελλον. (8) ἔπεμψαν δὲ κἀκεῖνοι δεόμενοι τῶν Λακεδαιμονίων, ὁ μὲν ὡς πάλαι σύμμαχος
γεγονὼς καὶ φίλος, ὁ δὲ ὡς εὔνους καὶ προθυμότερος περὶ τὴν πόλιν ἐσόμενος.
(9) ἀκούσαντες οὖν οἱ Λακεδαιμόνιοι τοῖς μὲν Αἰγυπτίοις ἀπεκρίναντο φανερῶς
᾿Αγησιλάῳ περὶ τούτων μελήσειν, ἐκείνῳ δὲ ἐπέστειλαν ὁρᾶν κελεύοντες ὅπως πράξει
τὸ τῇ Σπάρτῃ συμφέρον. (10) οὕτω δὴ λαβὼν τοὺς μισθοφόρους ὁ ᾿Αγησίλαος ἀπὸ τοῦ Τάχω
μετέστη πρὸς τὸν Νεκτάναβιν, ἀτόπου καὶ ἀλλοκότου πράγματος παρακαλύμματι τῷ
συμφέροντι τῆς πατρίδος χρησάμενος· ἐπεὶ ταύτης γε τῆς προφάσεως ἀφαιρεθείσης τὸ
δικαιότατον ὄνομα τῆς πράξεως ἦν προδοσία. (11) Λακεδαιμόνιοι δὲ τὴν πρώτην τοῦ καλοῦ
μερίδα τῷ τῆς πατρίδος συμφέροντι διδόντες οὔτε μανθάνουσιν οὔτε ἐπίστανται
δίκαιον ἄλλο πλὴν ὃ τὴν Σπάρτην αὔξειν νομίζουσιν.
| [37] (1) Pour le moment, il prit contact avec Tachôs, qui se disposait à partir
en campagne; mais il ne fut pas, comme il l'espérait, nommé généralissime de
toutes les forces armées; il n'eut que le commandement des mercenaires, et
l'Athénien Chabrias fut mis à la tête de la flotte; le commandant en chef était
Tachôs lui-même. (2) C'est ce qui froissa d'abord Agésilas; ensuite la
suffisance et la folle vanité de l'Égyptien lui pesaient, quoiqu'il fût obligé
de les supporter. Il l'accompagna dans une expédition navale contre la Phénicie,
se résignant, en dépit de sa dignité et de son naturel, à plier devant lui,
jusqu'au moment où il saisit l'occasion de rompre. (3) Justement Nectanébis,
neveu de Tachôs, qui avait une partie de l'armée sous ses ordres, se révolta;
et, proclamé roi par les Égyptiens, il envoya solliciter Agésilas de lui prêter
main-forte. Il fit la même démarche auprès de Chabrias, en leur promettant à
tous deux d'importantes gratifications. (4)Tachôs, qui en fut instruit,
s'abaissa, avec eux, jusqu'à la prière; et Chabrias essayait, par la persuasion
et en termes engageants, de retenir Agésilas dans le camp de Tachôs. (5) Mais
Agésilas lui répondit: "Toi, Chabrias, qui es venu ici en ton propre nom, tu as
le droit de te conduire par tes réflexions personnelles; mais moi, c'est ma
patrie qui m'a donné aux Égyptiens comme général. (6) Il ne serait donc pas
beau, de ma part, d'entrer en guerre contre ceux à qui j'ai été envoyé comme
allié, à moins que ma patrie ne m'en donne l'ordre." (7) Après avoir parlé de la
sorte, il envoya à Sparte des intermédiaires, qui devaient accuser Tachôs et
faire l'éloge de Nectanébis.(8) Les deux adversaires envoyèrent aussi, chacun
de son côté, plaider leur cause à Lacédémone, l'un faisant valoir son alliance
et son amitié de longue date avec cette ville, l'autre promettant plus de
dévouement et de zèle que son rival. (9) Après avoir entendu développer ces
arguments, les autorités de Lacédémone répondirent ouvertement aux Égyptiens
qu'Agésilas s'occuperait de la question, et ils lui écrivirent de pourvoir à
l'intérêt de Sparte. (10) Ainsi donc, prenant avec lui ses mercenaires, Agésilas
passa du parti de Tachôs à celui de Nectanébis, acte étrange et irrégulier,
qu'il couvrit du voile de l'intérêt national; car, faute de ce prétexte, le nom
qui conviendrait le mieux à sa volte-face serait celui de trahison. (11) Mais
les Lacédémoniens donnent, en morale, la première place à l'intérêt de la
patrie; ils ne veulent connaître, ni savoir, rien de juste, en dehors de ce
qu'ils croient utile à la grandeur de Sparte.
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