[36] (1) ῎Ετι δὲ μᾶλλον ἠδόξησε Τάχῳ τῷ Αἰγυπτίῳ στρατηγὸν ἐπιδοὺς ἑαυτόν.
(2) οὐ γὰρ ἠξίουν ἄνδρα τῆς ῾Ελλάδος ἄριστον κεκριμένον καὶ δόξης ἐμπεπληκότα τὴν
οἰκουμένην, ἀποστάτῃ βασιλέως, ἀνθρώπῳ βαρβάρῳ, χρῆσαι τὸ σῶμα καὶ τοὔνομα καὶ
τὴν δόξαν ἀποδόσθαι χρημάτων, ἔργα μισθοφόρου καὶ ξεναγοῦ διαπραττόμενον. (3) κεἰ
γὰρ ὑπὲρ ὀγδοήκοντα γεγονὼς ἔτη καὶ πᾶν ὑπὸ τραυμάτων τὸ σῶμα κατακεκομμένος
ἐκείνην αὖθις ἀνεδέξατο τὴν καλὴν καὶ περίβλεπτον ἡγεμονίαν ὑπὲρ τῆς τῶν
῾Ελλήνων ἐλευθερίας, οὐ πάμπαν ἄμεμπτον εἶναι τὴν φιλοτιμίαν· (4) τοῦ γὰρ καλοῦ
καιρὸν οἰκεῖον εἶναι καὶ ὥραν, μᾶλλον δὲ ὅλως τὰ καλὰ τῶν αἰσχρῶν τῷ μετρίῳ
διαφέρειν. (5) οὐ μὴν ἐφρόντιζε τούτων ὁ ᾿Αγησίλαος, οὐδὲ ᾤετο παρ’ ἀξίαν εἶναι
λειτούργημα δημόσιον οὐδέν, ἀλλὰ μᾶλλον ἀνάξιον ἑαυτοῦ τὸ ζῆν ἄπρακτον ἐν τῇ
πόλει καὶ καθῆσθαι περιμένοντα τὸν θάνατον. (6) ὅθεν ἀθροίσας μισθοφόρους ἀφ’ ὧν ὁ
Τάχως αὐτῷ χρημάτων ἔπεμψε, καὶ πλοῖα πληρώσας, ἀνήχθη, τριάκοντα συμβούλους
ἔχων μεθ’ ἑαυτοῦ Σπαρτιάτας, ὡς πρότερον. (7) ᾿Επεὶ δὲ κατέπλευσεν εἰς τὴν Αἴγυπτον,
εὐθὺς οἱ πρῶτοι τῶν βασιλικῶν ἡγεμόνων καὶ διοικητῶν ἐβάδιζον ἐπὶ ναῦν
θεραπεύοντες αὐτόν. (8) ἦν δὲ καὶ τῶν ἄλλων Αἰγυπτίων σπουδή τε μεγάλη καὶ προσδοκία
διὰ τοὔνομα καὶ τὴν δόξαν τοῦ ᾿Αγησιλάου, καὶ συνετρόχαζον ἅπαντες ἐπὶ τὴν θέαν.
(9) ὡς δὲ ἑώρων λαμπρότητα μὲν καὶ κατασκευὴν οὐδεμίαν, ἄνθρωπον δὲ πρεσβύτην
κατακείμενον ἔν τινι πόᾳ παρὰ τὴν θάλασσαν, εὐτελῆ καὶ μικρὸν τὸ σῶμα, τραχὺ καὶ
φαῦλον ἱμάτιον ἀμπεχόμενον, σκώπτειν αὐτοῖς καὶ γελωτοποιεῖν ἐπῄει, καὶ λέγειν
ὅτι τοῦτο ἦν τὸ μυθολογούμενον ὠδίνειν ὄρος, εἶτα μῦν ἀποτεκεῖν. (10) ἔτι δὲ μᾶλλον
αὐτοῦ τὴν ἀτοπίαν ἐθαύμασαν, ὅτε ξενίων προσκομισθέντων καὶ προσαχθέντων ἄλευρα
μὲν καὶ μόσχους καὶ χῆνας ἔλαβε, τραγήματα δὲ καὶ πέμματα καὶ μύρα διωθεῖτο, καὶ
βιαζομένων λαβεῖν καὶ λιπαρούντων ἐκέλευσε τοῖς εἵλωσι διδόναι κομίζοντας. (11) τῇ
μέντοι στεφανωτρίδι βύβλῳ φησὶν αὐτὸν ἡσθέντα Θεόφραστος διὰ τὴν λιτότητα καὶ
καθαριότητα τῶν στεφάνων αἰτήσασθαι καὶ λαβεῖν, ὅτε ἀπέπλει, παρὰ τοῦ βασιλέως.
| [36] (1) Ce qui fit encore plus de tort à Agésilas dans l'opinion fut de s'être
mis, comme général, au service de Tachôs d'Égypte; (2) car on n'admettait pas
qu'un homme reconnu pour le plus illustre de la Grèce, et qui avait rempli le
monde de sa gloire, prêtât sa personne à un barbare, traître à son roi, et lui
vendît, à prix d'argent, son nom et sa réputation, faisant ainsi l'office de
mercenaire et de chef de bande. (3) Et si en effet, âgé de plus de quatre-vingts
ans et tout le corps criblé de blessures, il avait accepté de reprendre le noble
et glorieux commandement exercé jadis pour la liberté des Grecs, son ambition
n'eût pourtant pas été absolument irréprochable; (4) car il y a, pour faire le
bien, un temps et une saison; ou plutôt la différence entre le bien et le mal
est essentiellement une question de mesure. (5) Cependant Agésilas ne se
souciait pas de ces considérations et ne regardait aucun service d'État comme
inférieur à sa dignité; il jugeait plutôt indigne de lui, de vivre à Sparte sans
rien faire, et d'y attendre, dans l'oisiveté, la mort. (6) Il recruta donc des
mercenaires avec l'argent envoyé par Tachôs, et en garnit des vaisseaux où lui-
même prit place. Il avait avec lui trente conseillers spartiates comme
autrefois. (7) Quand il fut arrivé en Égypte, les premiers des officiers et des
fonctionnaires royaux montèrent à bord pour lui faire leur cour. (8) Il y avait,
même chez les autres Égyptiens, beaucoup d'empressement et de curiosité,
justifiés par le nom et la réputation d'Agésilas; et tous accouraient pour le
voir. (9) Mais ne trouvant pas l'ombre d'éclat ni d'appareil, et n'ayant en face
d'eux qu'un vieillard accroupi sur l'herbe au bord de la mer, d'un corps grêle
et petit, vêtu d'un manteau grossier et de mauvaise qualité, ils se mirent à le
railler et à faire de lui des gorges chaudes, en disant que c'était bien la
fable de la montagne en travail qui accouche d'une souris. (10) Ils s'étonnèrent
davantage encore de son incorrection quand on lui offrit les présents de
bienvenue apportés exprès. Il accepta les farines, les veaux et les oies; quant
aux friandises, aux confitures et aux parfums, il les repoussa; et, comme on
insistait pour le forcer à les prendre, il dit d'aller les porter à ses ilotes.
(11) Cependant Théophraste affirme qu'il fut ravi d'un présent de papyrus, à
cause du poli et de la netteté des bandelettes qu'on en fabrique. Il en demanda
d'autre au roi et en emporta lors de son départ.
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