[34] (1) Οἰκιζομένης δὲ
Μεσσήνης ὑπὸ τῶν περὶ τὸν ᾿Επαμεινώνδαν, καὶ τῶν ἀρχαίων πολιτῶν πανταχόθεν εἰς
αὐτὴν συμπορευομένων, διαμάχεσθαι μὲν οὐκ ἐτόλμων οὐδὲ κωλύειν ἐδύναντο, χαλεπῶς
δὲ καὶ βαρέως πρὸς τὸν ᾿Αγησίλαον εἶχον, ὅτι χώραν οὔτε πλήθει τῆς Λακωνικῆς
ἐλάττονα καὶ πρωτεύουσαν ἀρετῇ τῆς ῾Ελληνικῆς ἔχοντες καὶ καρπούμενοι χρόνον
τοσοῦτον ἐπὶ τῆς ἐκείνου βασιλείας ἀπολωλέκασι. (2) διὸ καὶ προτεινομένην ὑπὸ τῶν
Θηβαίων τὴν εἰρήνην ὁ ᾿Αγησίλαος οὐκ ἐδέξατο. μὴ βουλόμενος δὲ τῷ λόγῳ προέσθαι
τοῖς ἔργῳ κρατοῦσι τὴν χώραν, ἀλλὰ φιλονεικῶν, ἐκείνην μὲν οὐκ ἀπέλαβε, μικροῦ
δὲ τὴν Σπάρτην προσαπέβαλε καταστρατηγηθείς. (3) ἐπεὶ γὰρ οἱ Μαντινεῖς αὖθις
ἀπέστησαν τῶν Θηβαίων καὶ μετεπέμποντο τοὺς Λακεδαιμονίους, αἰσθόμενος ὁ
᾿Επαμεινώνδας τὸν ᾿Αγησίλαον ἐξεστρατευμένον μετὰ τῆς δυνάμεως καὶ προσιόντα,
λαθὼν τοὺς Μαντινεῖς ἀνέζευξε νυκτὸς ἐκ Τεγέας ἄγων ἐπ’ αὐτὴν τὴν Λακεδαίμονα τὸ
στράτευμα, καὶ μικρὸν ἐδέησε παραλλάξας τὸν ᾿Αγησίλαον ἔρημον ἐξαίφνης
καταλαβεῖν τὴν πόλιν. (4) Εὐθύνου δὲ Θεσπιέως, ὡς Καλλισθένης φησίν, ὡς δὲ Ξενοφῶν,
Κρητός τινος, ἐξαγγείλαντος τῷ ᾿Αγησιλάῳ, ταχὺ προπέμψας ἱππέα τοῖς ἐν τῇ πόλει
φράσοντα, μετ’ οὐ πολὺ καὶ αὐτὸς παρῆλθεν εἰς τὴν Σπάρτην. (5) ὀλίγῳ δὲ ὕστερον οἱ
Θηβαῖοι διέβαινον τὸν Εὐρώταν καὶ προσέβαλλον τῇ πόλει, μάλα ἐρρωμένως τοῦ
᾿Αγησιλάου καὶ παρ’ ἡλικίαν ἐπαμύνοντος. (6) οὐ γάρ, ὡς πρότερον, ἀσφαλείας ἑώρα τὸν
καιρὸν ὄντα καὶ φυλακῆς, ἀλλὰ μᾶλλον ἀπονοίας καὶ τόλμης, οἷς τὸν ἄλλον χρόνον
οὐδέποτε πιστεύσας οὐδὲ χρησάμενος, τότε μόνοις ἀπεώσατο τὸν κίνδυνον, ἐκ τῶν
χειρῶν τοῦ ᾿Επαμεινώνδου τὴν πόλιν ἐξαρπάσας, καὶ στήσαςτρόπαιον, (7) καὶ τοῖς παισὶ
καὶ ταῖς γυναιξὶν ἐπιδείξας τὰ κάλλιστα τροφεῖα τῇ πατρίδι τοὺς Λακεδαιμονίους
ἀποδιδόντας, ἐν δὲ πρώτοις τὸν ᾿Αρχίδαμον ἀγωνιζόμενον ὑπερηφάνως τῇ τε ῥώμῃ τῆς
ψυχῆς καὶ τῇ κουφότητι τοῦ σώματος, ὀξέως ἐπὶ τὰ θλιβόμενα τῆς μάχης διαθέοντα
διὰ τῶν στενωπῶν καὶ πανταχοῦ μετ’ ὀλίγων ἀντερείδοντα τοῖς πολεμίοις· (8) ᾿Ισίδαν
δὲ δοκῶ, τὸν Φοιβίδου υἱόν, οὐ τοῖς πολίταις μόνον, ἀλλὰ καὶ τοῖς πολεμίοις
θέαμα φανῆναι καινὸν καὶ ἀγαστόν. (9) ἦν μὲν γὰρ ἐκπρεπὴς τὸ εἶδος καὶ τὸ μέγεθος
τοῦ σώματος, ὥραν δὲ ἐν ᾗ τὸ ἥδιστον ἀνθοῦσιν ἄνθρωποι παριόντες εἰς ἄνδρας ἐκ
παίδων εἶχε, γυμνὸς δὲ καὶ ὅπλων τῶν σκεπόντων καὶ ἱματίων, λίπα χρισάμενος τὸ
σῶμα, καὶ τῇ μὲν ἔχων χειρὶ λόγχην, τῇ δὲ ξίφος, ἐξήλατο τῆς οἰκίας, καὶ διὰ
μέσων τῶν μαχομένων ὠσάμενος ἐν τοῖς πολεμίοις ἀνεστρέφετο, παίων τὸν
προστυχόντα καὶ καταβάλλων. (10) ἐτρώθη δὲ ὑπ’ οὐδενός, εἴτε θεοῦ δι’ ἀρετὴν
φυλάττοντος αὐτόν, εἴτε μεῖζόν τι καὶ κρεῖττον ἀνθρώπου φανεὶς τοῖς ἐναντίοις.
(11) ἐπὶ τούτῳ δὲ λέγεται τοὺς ἐφόρους στεφανώσαντας αὐτὸν εἶτα χιλίων δραχμῶν
ἐπιβαλεῖν ζημίαν, ὅτι χωρὶς ὅπλων διακινδυνεύειν ἐτόλμησεν.
| [34] (1) Quand Messène était restaurée par Épaminondas, et que, de tous côtés,
les anciens habitants y affluaient, les Lacédémoniens n'osaient pas prendre les
armes et ne pouvaient pas empêcher cette restauration; mais ils en voulaient à
Agésilas et ne se consolaient pas d'avoir perdu, sous son règne, une contrée
aussi étendue que la Laconie et la première de Grèce pour la qualité de son sol,
après tant d'années de possession et d'exploitation. (2) Aussi, quand les
Thébains offraient la paix, Agésilas ne l'accepta-t-il pas, refusant de
ratifier, par sa parole, le sacrifice d'un pays occupé, de fait, par les autres.
Son obstination ne lui fit pas recouvrer la Messénie; et, pis encore, il s'en
fallut de peu qu'il ne perdît Sparte à la suite d'une manoeuvre de l'ennemi. (3)
En effet, lorsque les Mantinéens se séparèrent à nouveau des Thébains et
appelèrent chez eux les Lacédémoniens, Épaminondas, apprenant qu'Agésilas
s'était mis en marche avec son armée et qu'il avançait, partit la nuit de Tégée
à l'insu des Mantinéens et conduisit ses troupes dans la direction de Lacédémone
même. Il s'en fallut de peu, car il avait pris un chemin différent de celui
d'Agésilas, qu'il n'emportât d'assaut, en un moment, la ville privée de
défenseurs. (4) Mais Euthynos de Thespies, comme l'affirme Callisthène, ou,
suivant Xénophon, un Crétois, avertit Agésilas qui envoya, en toute hâte, un
cavalier prévenir les citoyens restés à Sparte, où il ne fut pas long à arriver
lui-même. (5) Peu après, les Thébains passaient l'Eurotas et marchaient sur la
ville. Agésilas la défendit, malgré son âge, avec une extrême vigueur. (6) Il
voyait que ce n'était plus, comme la première fois, le moment de la prudence et
de la circonspection, mais celui de l'audace et du courage désespéré. Ces moyens
auxquels, le reste du temps, il ne s'était jamais fié et qu'il n'employait pas,
furent alors les seuls dont il se servit pour écarter le danger. Il arracha la
ville des mains d'Épaminondas et érigea un trophée. (7) Il fit admirer aux
enfants et aux femmes les Lacédémoniens qui payaient à la patrie le plus beau
des salaires pour leur éducation, et, au premier rang, Archidamos, se surpassant
dans la mêlée grâce à la vigueur de son âme et à la légèreté de son corps, se
portant vivement, tour à tour, par les raccourcis, sur les points où le front
cédait, et partout, avec une poignée d'hommes, tenant en échec l'ennemi. (8)
Quant à Isadas, le fils de Phoebidas, il donna, je pense, non seulement à ses
concitoyens, mais aux ennemis, un beau, un admirable spectacle. (9) Il se
distinguait par sa beauté et sa haute taille; il avait la grâce de cet âge en
fleur où l'on passe de l'enfance à la virilité. Il était nu, sans armes
défensives et sans vêtements, le corps simplement frotté d'huile. Une pique dans
l'une de ses mains, une épée dans l'autre, il bondit hors de sa maison, et, en
jouant des coudes, il se fraya un chemin à travers les combattants. Il se
trouvait maintenant au milieu des ennemis, frappant et renversant quiconque se
présentait à lui. (10) Il ne fut blessé par personne, soit qu'un dieu le gardât
à cause de son mérite, soit qu'il apparût aux adversaires comme un être
d'exception, supérieur à l'humanité. (11) À la suite de cet exploit les éphores
commencèrent, dit-on, par lui décerner une couronne; puis ils lui infligèrent
une amende de mille drachmes, pour avoir osé s'exposer sans armes défensives.
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