HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie d'Agesilas

Chapitre 33

  Chapitre 33

[33] (1) Τοῦτο μὲν οὖν οὐκ οἶδα ὅπως ἠγνόησαν οἱ ἄλλοι, μόνος δὲ Θεόπομπος ᾔσθετο. (2) τοῦ δὲ σωθῆναι τὴν Σπάρτην τότε πάντες αἴτιον ὁμολογοῦσι γενέσθαι τὸν ᾿Αγησίλαον, ὅτι τῶν ἐμφύτων αὐτῷ παθῶν, φιλονεικίας καὶ φιλοτιμίας, ἀποστάς, ἐχρήσατο τοῖς πράγμασιν ἀσφαλῶς. (3) οὐ μέντοι τήν γε δύναμιν καὶ τὴν δόξαν ἐδυνήθη τῆς πόλεως ἀναλαβεῖν ἐκ τοῦ πταίσματος, ἀλλὥσπερ σώματος ὑγιεινοῦ, λίαν δὲ ἀκριβεῖ καὶ κατησκημένῃ κεχρημένου διαίτῃ παρὰ πάντα τὸν χρόνον, ἁμαρτία μία καὶ ῥοπὴ τὴν πᾶσαν ἔκλινεν εὐτυχίαν τῆς πόλεως· οὐκ ἀλόγως. (4) πρὸς γὰρ εἰρήνην καὶ ἀρετὴν καὶ ὁμόνοιαν ἄριστα συντεταγμένῳ πολιτεύματι προσαγαγόντες ἀρχὰς καὶ δυναστείας βιαίους, ὧν οὐδενὸς ἡγεῖτο δεῖσθαι πόλιν εὐδαιμόνως βιωσομένην Λυκοῦργος, ἐσφάλησαν. (5) Αὐτὸς μὲν οὖν ᾿Αγησίλαος ἤδη πρὸς τὰς στρατείας ἀπειρήκει διὰ τὸ γῆρας, ᾿Αρχίδαμος δὲ υἱὸς αὐτοῦ, τὴν ἐκ Σικελίας ἥκουσαν παρὰ τοῦ τυράννου βοήθειαν ἔχων, ἐνίκησεν ᾿Αρκάδας τὴν λεγομένην ἄδακρυν μάχην· οὐδεὶς γὰρ ἔπεσε τῶν μεταὐτοῦ, συχνοὺς δὲ τῶν ἐναντίων ἀνεῖλεν. (6) αὕτη μάλιστα τὴν ἀσθένειαν ἤλεγξεν νίκη τῆς πόλεως. πρότερον μὲν γὰρ οὕτω σύνηθες ἡγοῦντο καὶ προσῆκον ἔργον αὐτοῖς εἶναι τὸ νικᾶν τοὺς πολεμίους, ὥστε μήτε θύειν τοῖς θεοῖς πλὴν ἀλεκτρυόνα νικητήριον ἐν τῇ πόλει, μήτε μεγαληγορεῖν τοὺς ἀγωνισαμένους, μήτε ὑπερχαίρειν τοὺς πυνθανομένους, (7) ἀλλὰ καὶ τῆς ἐν Μαντινείᾳ μάχης γενομένης, ἣν Θουκυδίδης γέγραφε, τῷ πρώτῳ φράσαντι τὴν νίκην οἱ ἄρχοντες ἐκ φιδιτίου κρέας ἔπεμψαν εὐαγγέλιον, ἄλλο δὲ οὐδέν· (8) τότε δὲ τῆς μάχης ἀγγελθείσης καὶ τοῦ ᾿Αρχιδάμου προσιόντος οὐδεὶς ἐκαρτέρησεν, ἀλλὰ πρῶτος πατὴρ ἀπήντα δακρύων ὑπὸ χαρᾶς καὶ μετἐκεῖνον τὰ ἀρχεῖα, τῶν δὲ πρεσβυτέρων καὶ τῶν γυναικῶν τὸ πλῆθος ἐπὶ τὸν ποταμὸν κατῄει, τάς τε χεῖρας ὀρεγόντων καὶ θεοκλυτούντων, ὥσπερ ἀπεωσμένης τὰ παρἀξίαν ὀνείδη τῆς Σπάρτης καὶ λαμπρὸν αὖθις ἐξ ἀρχῆς τὸ φῶς ὁρώσης· ἐπεὶ πρότερόν γέ φασιν οὐδὲ ταῖς γυναιξὶν ἀντιβλέπειν τοὺς ἄνδρας αἰσχυνομένους ἐφοἷς ἔπταισαν. [33] (1) Je ne sais comment ce détail, ignoré des autres historiens, aurait pu être connu du seul Théopompe. (2) Mais si Sparte fut alors sauvée, tout le monde s'accorde à reconnaître que le mérite en revient à Agésilas, qui, sacrifiant ses passions innées, l'ambition et l'amour de la lutte, ne s'occupa que de la sûreté de l'État. (3) Il ne put cependant pas faire recouvrer à sa patrie, après la défaite, la puissance et la gloire d'autrefois. Un corps sain, soumis à un régime trop rigoureux et trop strict, décline pour un seul écart, une seule infraction. Ce fut le cas de Lacédémone, qui perdit, en un moment, tout son bonheur. On en voit la raison. (4) L'État spartiate était constitué parfaitement pour la vertu, la paix et la concorde. En y annexant par la force d'autres communautés politiques, ce dont une ville n'avait nullement besoin, d'après Lycurgue, pour vivre heureuse, les Lacédémoniens se trompèrent. (5) Agésilas lui-même avait renoncé désormais aux expéditions à cause de sa vieillesse; mais son fils Archidamos, ayant reçu l'armée de secours que lui envoyait le tyran de Sicile, gagna sur les Arcadiens ce qu'on appelle la bataille sans larmes; car nul des siens ne tomba, et il tua une grande partie des ennemis. (6) Cette victoire montra au plus haut point la faiblesse de la ville. Car autrefois les Lacédémoniens regardaient comme un acte si normal et si naturel pour eux, de vaincre les ennemis, qu'ils ne sacrifiaient aux dieux, en action de grâces, qu'un seul coq, et dans la citadelle, que les combattants ne se vantaient pas et que les citoyens informés du succès ne témoignaient pas de joie excessive. (7) Même après la bataille de Mantinée, que Thucydide raconte, le premier qui vint annoncer la victoire reçut des magistrats une portion de viande du repas public, et rien d'autre, comme récompense de sa bonne nouvelle. (8) Mais cette fois-là, quand on apprit l'issue de la bataille et qu'Archidamos revint, nul ne put se contenir. Son père alla tout le premier à sa rencontre en pleurant de joie, et, après lui, les autorités. La foule des vieillards et des femmes descendit jusqu'aux bords du fleuve, levant les mains au ciel et bénissant les dieux, comme si Sparte avait à jamais effacé les traces d'une honte récente et revoyait briller l'éclat de son ancien prestige. Car on prétend qu'avant cette journée les maris n'osaient même pas regarder en face leurs femmes, tant ils avaient honte de leurs défaites!


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Dernière mise à jour : 20/05/2005