[3] (1) Βασιλεύοντος δὲ ῎Αγιδος ἧκεν
᾿Αλκιβιάδης ἐκ Σικελίας φυγὰς εἰς Λακεδαίμονα· καὶ χρόνον οὔπω πολὺν ἐν τῇ πόλει
διάγων, αἰτίαν ἔσχε τῇ γυναικὶ τοῦ βασιλέως, Τιμαίᾳ, συνεῖναι. καὶ τὸ γεννηθὲν
ἐξ αὐτῆς παιδάριον οὐκ ἔφη γινώσκειν ὁ ῏Αγις, ἀλλ’ ἐξ ᾿Αλκιβιάδου γεγονέναι.
(2) τοῦτο δὲ οὐ πάνυ δυσκόλως τὴν Τιμαίαν ἐνεγκεῖν φησι Δοῦρις, ἀλλὰ καὶ
ψιθυρίζουσαν οἴκοι πρὸς τὰς εἱλωτίδας ᾿Αλκιβιάδην τὸ παιδίον, οὐ Λεωτυχίδην,
καλεῖν· καὶ μέντοι καὶ τὸν ᾿Αλκιβιάδην αὐτὸν οὐ πρὸς ὕβριν τῇ Τιμαίᾳ φάναι
πλησιάζειν, ἀλλὰ φιλοτιμούμενον βασιλεύεσθαι Σπαρτιάτας ὑπὸ τῶν ἐξ ἑαυτοῦ
γεγονότων. (3) διὰ ταῦτα μὲν τῆς Λακεδαίμονος ᾿Αλκιβιάδης ὑπεξῆλθε, φοβηθεὶς τὸν
῏Αγιν· ὁ δὲ παῖς τὸν μὲν ἄλλον χρόνον ὕποπτος ἦν τῷ ῎Αγιδι, καὶ γνησίου τιμὴν
οὐκ εἶχε παρ’ αὐτῷ, νοσοῦντι δὲ προσπεσὼν καὶ δακρύων ἔπεισεν υἱὸν ἀποφῆναι
πολλῶν ἐναντίον. (4) Οὐ μὴν ἀλλὰ τελευτήσαντος τοῦ ῎Αγιδος ὁ Λύσανδρος, ἤδη
κατανεναυμαχηκὼς ᾿Αθηναίους καὶ μέγιστον ἐν Σπάρτῃ δυνάμενος, τὸν ᾿Αγησίλαον ἐπὶ
τὴν βασιλείαν προῆγεν, ὡς οὐ προσήκουσαν ὄντι νόθῳ τῷ Λεωτυχίδῃ. (5) πολλοὶ δὲ καὶ
τῶν ἄλλων πολιτῶν, διὰ τὴν ἀρετὴν τοῦ ᾿Αγησιλάου καὶ τὸ συντετράφθαι καὶ
μετεσχηκέναι τῆς ἀγωγῆς, ἐφιλοτιμοῦντο καὶ συνέπραττον αὐτῷ προθύμως. (6) ἦν δὲ
Διοπείθης ἀνὴρ χρησμολόγος ἐν Σπάρτῃ, μαντειῶν τε παλαιῶν ὑπόπλεως καὶ δοκῶν
περὶ τὰ θεῖα σοφὸς εἶναι καὶ περιττός. (7) οὗτος οὐκ ἔφη θεμιτὸν εἶναι χωλὸν
γενέσθαι τῆς Λακεδαίμονος βασιλέα, καὶ χρησμὸν ἐν τῇ δίκῃ τοιοῦτον ἀνεγίνωσκε·
"Φράζεο δή, Σπάρτη, καίπερ μεγάλαυχος ἐοῦσα, / μὴ σέθεν ἀρτίποδος βλάστῃ χωλὴ
βασιλεία· / δηρὸν γὰρ νοῦσοί σε κατασχήσουσιν ἄελπτοι / φθισιβρότου τ’ ἐπὶ κῦμα
κυλινδόμενον πολέμοιο". (8) πρὸς ταῦτα Λύσανδρος ἔλεγεν ὡς, εἰ πάνυ φοβοῖντο τὸν
χρησμὸν οἱ Σπαρτιᾶται, φυλακτέον αὐτοῖς εἴη τὸν Λεωτυχίδην· οὐ γὰρ εἰ
προσπταίσας τις τὸν πόδα βασιλεύοι, τῷ θεῷ διαφέρειν, ἀλλ’ εἰ μὴ γνήσιος ὢν μηδὲ
῾Ηρακλείδης, τοῦτο τὴν χωλὴν εἶναι βασιλείαν. (9) ὁ δὲ ᾿Αγησίλαος ἔφη καὶ τὸν
Ποσειδῶ καταμαρτυρεῖν τοῦ Λεωτυχίδου τὴν νοθείαν, ἐκβαλόντα σεισμῷ τοῦ θαλάμου
τὸν ῏Αγιν· ἀπ’ ἐκείνου δὲ πλέον ἢ δέκα μηνῶν διελθόντων γενέσθαι τὸν Λεωτυχίδην.
| [3] (1) Pour en revenir au règne d'Agis, Alcibiade fugitif était venu de Sicile
à Lacédémone, et il ne séjournait pas encore depuis longtemps dans cette ville
quand il fut accusé de concubinage avec Timaïa, la femme du roi. Agis déclara ne
pas reconnaître l'enfant qui naquit à cette princesse, et qui, d'après lui,
était le fils d'Alcibiade. (2) Cette attitude ne fut pas autrement pénible à
Timaïa, d'après le récit de Douris: elle aurait même à mi-voix chez elle, devant
ses servantes, appelé l'enfant Alcibiade, et non Léotychidas. On dit de plus
qu'Alcibiade lui-même affirmait qu'en ayant des rapports avec Timaïa il ne
cédait pas à l'entraînement des sens, mais au désir de donner aux Spartiates des
rois de son sang. (3) Ce scandale lui fit quitter Lacédémone, où il craignait la
vengeance d'Agis; et l'enfant, le reste du temps, fut suspect à Agis, auprès
duquel il n'eut jamais rang de fils légitime. Mais pendant la dernière maladie
du roi, Léotychidas se jeta à ses pieds et le décida, par ses larmes, à le
déclarer son fils devant plusieurs personnes. (4) Cependant, après la mort
d'Agis, Lysandre, déjà vainqueur des Athéniens sur mer et qui, à ce titre, était
alors le plus influent des Spartiates, fit campagne pour élever Agésilas à la
royauté, qui ne pouvait, à ses yeux, revenir à un bâtard comme Léotychidas. (5)
Même parmi les autres citoyens, beaucoup, en raison du mérite d'Agésilas et de
l'éducation qu'il avait reçue avec eux en s'initiant à la discipline spartiate,
aspiraient à son avènement et prenaient avec ardeur fait et cause pour lui. (6)
Or il y avait à Sparte un colporteur d'oracles, nommé Diopeithès, farci de
vieilles prophéties et qui passait pour extrêmement versé dans les choses
divines. (7) Celui-là déclarait qu'il n'était pas régulier qu'un boiteux devînt
roi de Lacédémone, et il lut à cette occasion devant la justice un oracle ainsi
conçu: "Prends bien garde, Sparte, malgré ton orgueil, / à ne pas te laisser
porter tort par la royauté infirme d'un boiteux; / car des maladies inattendues
s'empareront de ta chair, / et les flots meurtriers de la guerre rouleront sur
toi. (8) À cela Lysandre objectait que, si les Spartiates avaient tellement peur
de l'oracle, il leur fallait se défier de Léotychidas; car un homme atteint de
claudication pouvait bien régner sans que le dieu s'en souciât; mais placer sur
le trône un bâtard au lieu d'un Héraclide, c'était bien là faire boiter la
royauté. (9) Agésilas, lui, déclara que même Poséidon attestait l'illégitimité
de Léotychidas, puisqu'il avait, par un tremblement de terre, chassé Agis de la
chambre nuptiale; or plus de dix mois s'étaient écoulés entre cet événement et
la naissance de Léotychidas.
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