[33] Πραττομένων δὲ τούτων, ὁ μὲν Φωκίων ἐθορυβεῖτο καὶ
κατεφρονεῖτο τοὺς Ἀθηναίους ἐξάγειν βουλόμενος,
Ἀλέξανδρος δ' ὁ Πολυπέρχοντος υἱὸς ἧκε μετὰ δυνάμεως, λόγῳ
μὲν ἐπὶ τὸν Νικάνορα τοῖς ἐν ἄστει βοηθήσων, ἔργῳ δὲ τὴν
πόλιν εἰ δύναιτο καταληψόμενος, αὐτὴν ἑαυτῇ (2) περιπετῆ
γενομένην. οἵ τε γὰρ φυγάδες αὐτῷ συνεισβαλόντες εὐθὺς
ἦσαν ἐν ἄστει, καὶ τῶν ξένων ἅμα καὶ τῶν ἀτίμων πρὸς αὐτοὺς
συνδραμόντων, ἐκκλησία παμμιγὴς ἠθροίσθη καὶ ἄτακτος, ἐν ᾗ
τὸν Φωκίωνα τῆς ἀρχῆς (3) ἀπολύσαντες ἑτέρους εἵλοντο
στρατηγούς. εἰ δὲ μὴ συνιὼν εἰς λόγους ὁ Ἀλέξανδρος τῷ
Νικάνορι μόνος παρὰ τὸ τεῖχος ὤφθη, καὶ τοῦτο ποιοῦντες
πολλάκις ὑποψίαν τοῖς Ἀθηναίοις παρέσχον, οὐκ ἂν ἡ πόλις
διέφυγε τὸν κίνδυνον.
(4) Ἐπεὶ δ' Ἁγνωνίδης ὁ ῥήτωρ εὐθὺς ἐπεφύετο τοῖς περὶ
τὸν Φωκίωνα καὶ κατηγόρει προδοσίας, οἱ μὲν περὶ
Καλλιμέδοντα καὶ Χαρικλέα φοβηθέντες ἀπῆλθον ἐκ τῆς
πόλεως, ὁ δὲ Φωκίων καὶ μετ' αὐτοῦ τῶν φίλων οἱ
παραμείναντες ᾤχοντο πρὸς Πολυπέρχοντα, καὶ
συνεξῆλθον αὐτοῖς χάριτι τοῦ Φωκίωνος ὁ Πλαταιεὺς Σόλων
καὶ Δείναρχος ὁ Κορίνθιος, ἐπιτήδειοι τοῦ (6) Πολυπέρχοντος
εἶναι δοκοῦντες καὶ συνήθεις. ἀρρωστίᾳ δὲ χρησαμένου τοῦ
Δεινάρχου, συχνὰς ἡμέρας ἐν Ἐλατείᾳ διέτριψαν, ἐν αἷς
Ἁγνωνίδου πείσαντος, Ἀρχεστράτου δὲ τὸ ψήφισμα γράψαντος,
ἔπεμπε πρεσβείαν ὁ (7) δῆμος κατηγορήσουσαν τοῦ Φωκίωνος.
ἅμα δὲ καὶ συνέμειξαν ἀμφότεροι τῷ Πολυπέρχοντι, μετὰ τοῦ
βασιλέως πορευομένῳ, περὶ κώμην τινὰ τῆς Φωκίδος Φαρύγας,
κειμένην ὑπὸ τὸ Ἀκρούριον ὄρος, ὃ νῦν Γαλάτην καλοῦσιν.
ἐνταῦθα δὴ θεὶς ὁ Πολυπέρχων τὸν χρυσοῦν οὐρανίσκον, καὶ
καθίσας ὑπ' αὐτῷ τὸν βασιλέα καὶ τοὺς φίλους, τὸν μὲν
Δείναρχον εὐθὺς ἐκ προσόδου λαβεῖν ἐκέλευσε καὶ
στρεβλώσαντας ἀποκτεῖναι, τοῖς δ' Ἀθηναίοις ἀπέδωκε
λόγον. ὡς δὲ θόρυβον καὶ κραυγὴν ἐποίουν, ἀντικατηγοροῦντες
ἀλλήλων ἐν τῷ συνεδρίῳ, καὶ προσελθὼν ὁ Ἁγνωνίδης εἶπεν
"ἅπαντας ἡμᾶς εἰς μίαν ἐμβαλόντες γαλεάγραν Ἀθηναίοις
ἀναπέμψατε λόγον ὑφέξοντας," ὁ μὲν βασιλεὺς ἐγέλασεν, οἱ δὲ
περιεστῶτες τῷ συνεδρίῳ Μακεδόνες καὶ ξένοι σχολὴν ἄγοντες
ἐπεθύμουν ἀκούειν, καὶ τοὺς πρέσβεις παρεκάλουν ἀπὸ
νεύματος ἐνταῦθα ποιεῖσθαι τὴν κατηγορίαν. (10) ἦν δ' οὐδὲν
ἴσον, ἀλλὰ τῷ μὲν Φωκίωνι πολλάκις ἀντέκρουσεν ὁ
Πολυπέρχων λέγοντι, μέχρι οὗ τῇ βακτηρίᾳ πατάξας τὴν γῆν
ἀπέστη καὶ (11) κατεσιώπησεν. Ἡγήμονος δὲ φήσαντος ὅτι
μάρτυς αὐτῷ τῆς πρὸς τὸν δῆμον εὐνοίας Πολυπέρχων ἐστί, καὶ
τοῦ Πολυπέρχοντος ἀποκριναμένου πρὸς ὀργὴν "παῦσαί μου
πρὸς τὸν βασιλέα καταψευδόμενος," ἀναπηδήσας (12) ὁ
βασιλεὺς ὥρμησε λόγχῃ τὸν Ἡγήμονα πατάξαι. ταχὺ δὲ τοῦ
Πολυπέρχοντος περιλαβόντος αὐτόν, οὕτω διελύθη τὸ συνέδριον.
| [33] Phocion alors ayant voulu faire marcher les Athéniens contre Nicanor, ils
se soulevèrent, et refusèrent de le suivre. XXXVIII. Cependant Alexandre, fils de
Polyperchon, se rendit à Athènes avec des troupes, sous prétexte de secourir la ville
contre Nicanor; mais, dans le fait, pour profiter, s'il lui était possible, des divisions
dont la ville était agitée, afin de s'en saisir lui-même. Les bannis qui l'avaient suivi
étaient entrés dans Athènes; une multitude d'étrangers et de gens notés d'infamie,
s'étant jointe à eux, ils tinrent une assemblée composée d'hommes de toute espèce,
sans ordre ni discipline, dans laquelle ils déposèrent Phocion, et nommèrent d'autres
généraux. Si l'on n'eût pas vu Alexandre s'entretenir seul avec Nicanor au pied de la
muraille, et que leurs fréquentes entrevues n'eussent pas donné quelque soupçon,
jamais Athènes n'eût échappé à ce danger. Mais l'orateur Agnonides, s'étant aussitôt
déclaré contre Phocion, et l'ayant accusé de trahison, Callimédon et Périclès, qui
craignaient pour eux-mêmes, sortirent de la ville; et Phocion, avec ceux de ses amis
qui étaient restés, se rendit auprès de Polyperchon. Solon de Platée et Dinarque le
Corinthien, qui passaient pour les amis particuliers de Polyperchon, voulurent
l'accompagner, pour lui faire plaisir; mais Dinarque étant tombé malade en chemin,
ils s'arrêtèrent plusieurs jours à Élatée. Dans cet intervalle, les Athéniens, par l'avis
d'Agnonides et sur le décret d'Archestrate, envoyèrent à Polyperchon des
ambassadeurs, chargés d'accuser Phocion. Les deux partis arrivèrent en même temps
auprès de Polyperchon, à l'instant qu'il traversait avec le roi un bourg de la
Phocide nommé alors Pharyges, situé près du mont Acrorion, et qui s'appelle
aujourd'hui Galate. XXXIX. Là, Polyperchon fit tendre un dais d'or, sous lequel il
plaça le roi, entouré de ses principaux courtisans; et avant tout, ayant fait saisir
Dinarque, il ordonna qu'après avoir reçu la torture, il pérît du dernier supplice. Il
permit ensuite aux Athéniens de parler ; mais comme ils criaient beaucoup et
faisaient un grand bruit, en s'accusant les uns les autres en présence du roi et de son
conseil, Agnonides s'avança au milieu de l'assemblée. "Seigneur, dit-il, ordonnez
qu'on nous enferme tous dans une cage, et qu'on nous renvoie à Athènes, pour y
rendre compte de notre conduite". Le roi se mit à rire de cette saillie; mais les
Macédoniens qui étaient présents à ce conseil, et les étrangers que la curiosité y avait
amenés, désirant d'entendre plaider cette cause, faisaient signe aux ambassadeurs
d'exposer tout de suite leurs chefs d'accusation. Polyperchon fit paraître une
partialité révoltante : lorsque Phocion voulut se justifier, il l'interrompit à tout
moment; et enfin ayant frappé la terre de son bâton, il l'obligea de se taire et de se
retirer. Hégémon ayant pris Polyperchon à témoin de son affection pour le peuple,
celui-ci, transporté de colère : « Oses-tu, lui dit-il, porter ainsi en présence du prince
un faux témoignage contre moi? » Le roi, se levant de son siége, voulut percer
Hégémon de sa lance; mais Polyperchon l'ayant saisi, l'arrêta, et l'assemblée fut
rompue.
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