[32] Ἐν τούτῳ δὲ Πολυπέρχων, τὴν τοῦ βασιλέως
ἐπιμέλειαν ἔχων ὑφ' ἑαυτῷ καὶ καταπολιτευόμενος τὸν
Κάσσανδρον, ἔπεμψεν ἐπιστολὴν τοῖς ἐν ἄστει γεγραμμένην,
ὡς τοῦ βασιλέως ἀποδιδόντος αὐτοῖς τὴν δημοκρατίαν καὶ
πολιτεύεσθαι κατὰ τὰ πάτρια πάντας Ἀθηναίους κελεύοντος.
(2) ἦν δὲ τοῦτο κατὰ τοῦ Φωκίωνος ἐπιβουλή. συσκευαζόμενος
γὰρ εἰς ἑαυτόν, ὡς μικρὸν ὕστερον ἔδειξε τοῖς ἔργοις, ὁ
Πολυπέρχων τὴν πόλιν, (3) οὐδὲν ἤλπιζε περαίνειν μὴ τοῦ
Φωκίωνος ἐκπεσόντος· ἐκπεσεῖσθαι δ' ἐκεῖνον ἅμα τῶν
ἀπεψηφισμένων ἐπιχυθέντων τῇ πολιτείᾳ καὶ πάλιν τὸ (4)
βῆμα δημαγωγῶν κατασχόντων καὶ συκοφαντῶν.
ὑποκινουμένων δὲ πρὸς ταῦτα τῶν Ἀθηναίων, βουλόμενος
ἐντυχεῖν αὐτοῖς ὁ Νικάνωρ, ἐν Πειραιεῖ (5) βουλῆς γενομένης,
παρῆλθε τῷ Φωκίωνι ἐμπιστεύσας τὸ σῶμα. Δερκύλλου δὲ τοῦ
ἐπὶ τῆς χώρας στρατηγοῦ συλλαβεῖν αὐτὸν ἐπιχειρήσαντος,
ἐκεῖνος μὲν προαισθόμενος ἐξεπήδησε καὶ φανερὸς ἦν εὐθὺς
ἀμυνούμενος (6) τὴν πόλιν· ὁ δὲ Φωκίων ἐπὶ τῷ προέσθαι τὸν
ἄνδρα καὶ μὴ κατασχεῖν ἐγκαλούμενος, ἔφη πιστεύειν μὲν τῷ
Νικάνορι καὶ μηδὲν ἀπ' αὐτοῦ προσδοκᾶν δεινόν· εἰ δὲ μή,
μᾶλλον ἐθέλειν ἀδικούμενος ἢ ἀδικῶν φανερὸς (7) γενέσθαι.
τοῦτο δὲ <τὸ> ὑπὲρ αὑτοῦ μὲν ἄν τινι σκοποῦντι δοκοίη
καλοκαγαθικῶς λελέχθαι καὶ γενναίως· ὁ δ' εἰς πατρίδος
ἀποκινδυνεύων σωτηρίαν, καὶ ταῦτα στρατηγὸς καὶ ἄρχων, οὐκ
οἶδα μὴ μεῖζόν τι παραβαίνει (8) καὶ πρεσβύτερον, τὸ πρὸς τοὺς
πολίτας δίκαιον. οὐδὲ γὰρ ἐκεῖν' ἔστιν εἰπεῖν, ὅτι φοβούμενος
μὲν εἰς πόλεμον ἐμβαλεῖν τὴν πόλιν ὁ Φωκίων ἀπέσχετο τοῦ
Νικάνορος, ἄλλως δὲ προὐβάλετο τὴν πίστιν καὶ τὸ δίκαιον,
ὅπως αἰδούμενος ἐκεῖνος ἡσυχίαν ἄγῃ καὶ μηδὲν ἀδικῇ τοὺς
Ἀθηναίους· (9) ἀλλ' ὄντως ἔοικεν ἰσχυρά τις αὐτῷ περὶ τοῦ
Νικάνορος ἐγγενέσθαι πίστις, ὅν γε πολλῶν προδιαβαλλόντων
καὶ κατηγορούντων ἐπιτίθεσθαι τῷ Πειραιεῖ καὶ διαβιβάζειν εἰς
Σαλαμῖνα ξένους καὶ διαφθείρειν τινὰς τῶν ἐν (10) Πειραιεῖ
κατοικούντων, οὐ προσήκατο τὸν λόγον οὐδ' ἐπίστευσεν, ἀλλὰ
καὶ Φιλομήλου τοῦ Λαμπτρέως ψήφισμα γράψαντος,
Ἀθηναίους ἅπαντας ἐν τοῖς ὅπλοις εἶναι καὶ τῷ στρατηγῷ
Φωκίωνι προσέχειν, ἠμέλησεν, ἄχρι οὗ προσάγων ὁ Νικάνωρ ἐκ
τῆς Μουνυχίας τὰ ὅπλα τὸν Πειραιᾶ περιετάφρευσε.
| [32] Cependant Polyperchon, à qui la personne du jeune roi avait été confiée,
voulant susciter des affaires à Cassandre, écrivit aux Athéniens que le
roi leur rendait le gouvernement démocratique, et voulait que tous les citoyens,
suivant l'ancien usage, fussent indistinctement admis aux charges. C'était un
piége qu'il tendait à Phocion, dans le dessein qu'il avait dès lors de se rendre maître
d'Athènes, comme sa conduite le prouva bientôt : il désespérait d'y réussir, s'il ne
commençait par en faire chasser Phocion; et cela devait arriver infailliblement, dès
que ceux qui avaient été privés du droit de bourgeoisie viendraient, pour ainsi dire,
se déborder dans le gouvernement; que les démagogues et les sycophantes
recommenceraient à dominer dans les tribunaux. La lettre de Polyperchon ayant
excité du mouvement parmi les Athéniens, et Nicanor voulant leur parler au Pirée, le
peuple s'y assembla; Nicanor s'y rendit, après s'être remis à Phocion de la sûreté de
sa personne. Dercyllus, qui commandait pour le roi dans l'Attique, ayant formé le
dessein de se saisir de lui, Nicanor, qui en fut averti, s'enfuit à temps du Pirée, et fit
connaître aussitôt qu'il se vengerait de cette trahison sur la ville. XXXVII. Phocion,
qu'on accusa de l'avoir laissé échapper quand il pouvait si aisément le retenir,
répondit qu'il n'avait pas lieu de se méfier de Nicanor, ni de rien craindre de sa part;
qu'au reste, s'il en arrivait autrement, il aimait beaucoup mieux souffrir
manifestement une injustice que de la commettre. A ne considérer que Phocion seul,
cette réponse paraîtra dictée par la magnanimité et l'amour de la justice; mais si l'on
pense qu'il mettait en danger le salut de sa patrie, lui qui en était le général et le
premier magistrat, on trouvera peut-être qu'il violait un droit plus ancien et plus fort,
qui le liait envers ses concitoyens. On ne peut pas dire, pour le justifier, que la crainte
de jeter Athènes dans une guerre inévitable l'empêcha de l'arrêter, et qu'il prétexta la
foi et la justice qu'il lui devait, afin que Nicanor, retenu par le respect qu'il aurait
pour lui, vécût en paix avec les Athéniens, et ne leur fit aucun tort. Dans le fait, il
avait la plus grande confiance en Nicanor, et ne voulut jamais croire ni écouter les
rapports d'un grand nombre de citoyens qui accusaient cet officier de vouloir
surprendre le Pirée, de travailler à corrompre quelques habitants de ce port, et à faire
passer des troupes étrangères à Salamine. Bien plus, Philomèdes, du bourg de
Lampra, ayant fait un décret pour ordonner à tous les Athéniens de prendre les
armes, et d'obéir à Phocion leur général, il en négligea l'exécution, jusqu'à ce que
Nicanor, sortant avec ses troupes de la forteresse de Munychia, environna le port de
tranchées ;
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