[22] Καὶ δὴ καὶ Πυθονίκης τῆς ἑταίρας ἀποθανούσης, ἣν
εἶχεν ὁ Ἅρπαλος ἐρῶν καὶ θυγατρίου πατὴρ ἐξ αὐτῆς γεγονώς,
μνημεῖον ἀπὸ χρημάτων πολλῶν ἐπιτελέσαι θελήσας,
προσέταξε τῷ Χαρικλεῖ τὴν ἐπιμέλειαν. (2) οὖσαν δὲ τὴν
ὑπουργίαν ταύτην ἀγεννῆ, προσκατῄσχυνεν ὁ τάφος
συντελεσθείς -- διαμένει γὰρ ἔτι νῦν ἐν Ἑρμείῳ, ᾗ βαδίζομεν ἐξ
ἄστεος εἰς Ἐλευσῖνα -- μηδὲν ἔχων τῶν τριάκοντα ταλάντων
ἄξιον, ὅσα τῷ Ἁρπάλῳ (3) λογισθῆναί φασιν εἰς τὸ ἔργον ὑπὸ
τοῦ Χαρικλέους. καὶ μέντοι καὶ τελευτήσαντος αὐτοῦ τὸ
παιδάριον ὑπὸ τοῦ Χαρικλέους καὶ τοῦ Φωκίωνος (4)
ἀναληφθὲν ἐτύγχανε πάσης ἐπιμελείας. κρινομένου μέντοι τοῦ
Χαρικλέους ἐπὶ τοῖς Ἁρπαλείοις καὶ δεομένου βοηθεῖν αὐτῷ τὸν
Φωκίωνα καὶ συνεισελθεῖν εἰς τὸ δικαστήριον, οὐκ ἠθέλησεν
εἰπών· "ἐγώ σ' ὦ Χαρίκλεις ἐπὶ πᾶσι τοῖς δικαίοις γαμβρὸν
ἐποιησάμην."
(5) Πρώτου δ' Ἀθηναίοις Ἀσκληπιάδου τοῦ Ἱππάρχου
τεθνάναι προσαγγείλαντος Ἀλέξανδρον, ὁ μὲν Δημάδης
ἐκέλευε μὴ προσέχειν· πάλαι γὰρ ἂν ὅλην ὄζειν νεκροῦ τὴν
οἰκουμένην· ὁ δὲ Φωκίων ἐπηρμένον ὁρῶν πρὸς τὸ νεωτερίζειν
τὸν δῆμον, ἐπειρᾶτο παρηγορεῖν (6) καὶ κατέχειν.
ἀναπηδώντων δὲ πολλῶν ἐπὶ τὸ βῆμα καὶ βοώντων ἀληθῆ τὸν
Ἀσκληπιάδην ἀπαγγέλλειν καὶ τεθνάναι τὸν Ἀλέξανδρον,
"οὐκοῦν" εἶπεν "εἰ σήμερον τέθνηκε, καὶ αὔριον ἔσται καὶ εἰς
τρίτην τεθνηκώς, ὥσθ' ἡμᾶς ἐν ἡσυχίᾳ βουλεύσασθαι, μᾶλλον
δὲ μετ' ἀσφαλείας."
| [22] au point que, voulant faire bâtir un magnifique tombeau à la courtisane
Pithionice, qu'il avait fort aimée et dont il avait une fille, il lui en
confia le soin. Cette commission, si honteuse en elle-même, le fut bien plus encore
par la manière dont Chariclès la remplit : ce tombeau, qu'on voit encore aujourd'hui
dans le lieu appelé Hermus, sur le chemin d'Athènes à Éleusis, n'a rien qui
réponde à la somme de trente talents que Chariclès porta en dépense dans l'état qu'il
remit à Harpalus. Après la mort de ce dernier, Chariclès et Phocion prirent chez eux
la fille qu'il avait eue de cette courtisane, et la firent élever avec le plus grand soin.
Dans la suite, Chariclès, appelé en justice pour l'argent qu'il avait reçu d'Harpalus,
pria Phocion de l'aider dans sa défense, et de l'accompagner au tribunal. « Chariclès,
lui dit Phocion en le refusant, je vous ai choisi pour mon gendre en tout ce qui sera
honnête. » XXV. La première nouvelle de la mort d'Alexandre fut apportée dans
Athènes par Asclépiade, fils d'Hipparque; mais Démade ne voulait pas qu'on y
ajoutât foi. « Si la nouvelle était vraie, disait cet orateur, l'odeur d'un tel mort se serait
déjà répandue dans toute la terre ». » Phocion, qui voyait le peuple lever la tête, et
songer à introduire des nouveautés dans le gouvernement, s'efforçait de le modérer
et de le contenir; et comme plusieurs orateurs couraient à la tribune, en criant
qu'Asclépiade n'avait rien annoncé que de vrai, et qu'Alexandre était certainement
mort : « S'il est mort aujourd'hui, leur dit Phocion, il le sera demain et encore après
demain; ainsi nous aurons le temps de délibérer à loisir et avec plus de sûreté. »
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