[9] Πρῶτον μὲν οὖν τὰ περὶ τὰς τάξεις καὶ τοὺς
ὁπλισμοὺς φαύλως ἔχοντα τοῖς Ἀχαιοῖς ἐκίνησεν. ἐχρῶντο
γὰρ θυρεοῖς μὲν εὐπετέσι διὰ λεπτότητα καὶ στενωτέροις τοῦ
περιστέλλειν τὰ σώματα, δόρασι δὲ μικροτέ(3)ροις πολὺ τῶν
σαρισῶν· καὶ διὰ τοῦτο πλῆκται καὶ μάχιμοι πόρρωθεν ἦσαν
ὑπὸ κουφότητος, προσμείξαντες δὲ (4) τοῖς πολεμίοις ἔλαττον
εἶχον· εἶδος δὲ τάξεως καὶ σχήματος εἰς σπεῖραν οὐκ ἦν
σύνηθες, φάλαγγι δὲ χρώμενοι μήτε προβολὴν ἐχούσῃ μήτε
συνασπισμόν, ὡς ἡ Μακεδόνων, ῥᾳδίως ἐξεθλίβοντο καὶ
διεσπῶντο. ταῦθ' ὁ Φιλοποίμην διδάξας ἔπεισεν αὐτοὺς ἀντὶ
μὲν θυρεοῦ καὶ δόρατος ἀσπίδα λαβεῖν καὶ σάρισαν, κράνεσι δὲ
καὶ θώραξι καὶ περικνημῖσι πεφραγμένους μόνιμον καὶ
βεβηκυῖαν ἀντὶ δρομικῆς καὶ πελταστικῆς μάχην ἀσκεῖν.
πείσας δὲ καθοπλίσασθαι τοὺς ἐν ἡλικίᾳ, πρῶτον μὲν ἐπῆρε
θαρρεῖν ὡς ἀμάχους γεγονότας, ἔπειτα τὰς τρυφὰς (7) αὐτῶν
καὶ τὰς πολυτελείας ἄριστα μετεκόσμησεν. ἀφελεῖν γὰρ οὐκ ἦν
παντάπασιν ἐκ πολλοῦ νοσούντων τὸν κενὸν καὶ μάταιον
ζῆλον, ἐσθῆτας ἀγαπώντων περιττάς, στρωμνάς τε
βαπτομένων ἁλουργεῖς, καὶ περὶ δεῖπνα φιλοτιμουμένων καὶ
τραπέζας. ὁ δ' ἀρξάμενος ἐκτρέπειν ἀπὸ τῶν οὐκ ἀναγκαίων
ἐπὶ τὰ χρήσιμα καὶ καλὰ τὴν φιλοκοσμίαν, ταχὺ πάντας ἔπεισε
καὶ παρώρμησε τὰς καθ' ἡμέραν περὶ σῶμα δαπάνας
κολούσαντας, ἐν ταῖς στρατιωτικαῖς καὶ πολεμικαῖς
παρασκευαῖς διαπρεπεῖς ὁρᾶσθαι καὶ κεκοσμημένους. ἦν
οὖν ἰδεῖν τὰ μὲν ἐργαστήρια μεστὰ κατακοπτομένων φιαλῶν
καὶ Θηρικλείων, χρυσουμένων δὲ θωράκων καὶ
καταργυρουμένων θυρεῶν καὶ χαλινῶν, τὰ δὲ στάδια πώλων
δαμαζομένων καὶ νεανίσκων ὁπλομαχούντων, ἐν δὲ ταῖς χερσὶ
τῶν γυναικῶν κράνη καὶ πτερὰ βαφαῖς κοσμούμενα καὶ
Χιτώνων (10) ἱππικῶν καὶ στρατιωτικῶν χλαμύδων
διηνθισμένων. ἡ δ' ὄψις αὕτη τὸ θάρσος αὔξουσα καὶ
παρακαλοῦσα τὴν ὁρμὴν <ἐν>εποίει φιλοπαράβολον καὶ
πρόθυμον ἐπὶ τοὺς κιν(11)δύνους. ἡ μὲν γὰρ ἐν τοῖς ἄλλοις
θεάμασι πολυτέλεια τρυφὴν ἐπάγεται καὶ μαλακίαν ἐνδίδωσι
τοῖς χρωμένοις, ὥσπερ ὑπὸ νυγμῶν καὶ γαργαλισμῶν τῆς
αἰσθήσεως συν(12)επικλώσης τὴν διάνοιαν· ἡ δ' εἰς τὰ τοιαῦτα
ῥώννυσι καὶ μεγαλύνει τὸν θυμόν, ὥσπερ Ὅμηρος ἐποίησε τὸν
Ἀχιλλέα τῶν καινῶν ὅπλων παρατεθέντων ἐγγὺς ὑπὸ τῆς
ὄψεως οἷον ὀργῶντα καὶ φλεγόμενον πρὸς τὴν δι' (13) αὐτῶν
ἐνέργειαν. οὕτω δὲ κοσμήσας τοὺς νέους ἐγύμναζε καὶ διεπόνει
ταῖς κινήσεσι, προθύμως ὑπακούοντας (14) καὶ φιλοτίμως. καὶ
γὰρ ἡ τάξις θαυμαστῶς ἠγαπᾶτο, ἄθραυστόν τι λαμβάνειν
πύκνωμα δοκοῦσα, καὶ τὰ ὅπλα τοῖς σώμασιν ἐγίνετο χειροήθη
καὶ κοῦφα, μεθ' ἡδονῆς διὰ λαμπρότητα καὶ κάλλος ἁπτομένων
καὶ φορούντων, ἐναγωνίσασθαί τε βουλομένων καὶ
διακριθῆναι τάχιστα πρὸς τοὺς πολεμίους.
| [9] XI. Il commença par changer leur ordonnance de bataille et leur armure :
ils portaient des boucliers très légers, à la vérité, mais si étroits et si minces,
qu'ils ne leur couvraient pas tout le corps. Leurs piques étaient beaucoup plus
courtes que les sarisses des Macédoniens ; et si leur légèreté les rendait propres à
frapper de loin, elle leur donnait, dans la mêlée, beaucoup de désavantage. Ils
n'étaient pas accoutumés à cette ordonnance de bataille qu'on nomme spirale.
Leur phalange carrée, qui n'avait pas de front, et qu'ils ne savaient pas fortifier,
comme les Macédoniens, en serrant leurs boucliers les uns contre les autres, les
exposait à être facilement enfoncés et rompus. Philopémen changea cette manière
défectueuse de s'armer : à la place de ces courtes piques et de ces targes étroites, il
leur donna de grands boucliers et des sarisses, les couvrit de casques, de cuirasses et
de cuissarts; et au lieu de les laisser courir et voltiger comme des troupes légères, il
les dressa à combattre de pied ferme. Il arma de même tous les jeunes gens
qui,étaient en âge de servir; et, en leur persuadant qu'ils pouvaient être invincibles,
il les remplit de la plus grande confiance. Ensuite il modéra sagement l'excès de leur
luxe et de leur dépense; car il n'eût pas été possible de leur arracher entièrement cet
amour de la vanité, qui était en eux une maladie invétérée. Ils aimaient avec passion
les habits magnifiques, les lits et les meubles de pourpre, la délicatesse et la
somptuosité des tables. XII. Mais dès qu'une fois il eut commencé à détourner des
choses superflues ce goût de parure, pour les porter vers des objets utiles et
honnêtes, il ne tarda pas à leur faire désirer le retranchement des dépenses qu'ils
faisaient chaque jour pour le soin de leur corps; et ils ne recherchèrent plus la
magnificence que dans leurs armes et dans leur équipage de guerre. On vit bientôt
les boutiques des fourbisseurs pleines de coupes et de vases précieux mis en pièces,
dont on faisait des cuirasses, des boucliers, et des mors dorés ou argentés. Les
stades étaient remplis de jeunes chevaux qu'on domptait, et de jeunes gens qui
s'exerçaient aux armes. On voyait entre les mains des femmes des casques et des
panaches teints des plus belles couleurs, des cottes d'armes et des manteaux
militaires qu'elles brodaient pour les cavaliers. Cette vue augmentait l'audace de la
jeunesse, excitait son ardeur, lui inspirait un vif désir de gloire et le mépris de tous
les dangers; car la magnificence dans les autres objets extérieurs produit le luxe, et
porte la mollesse dans l'âme de ceux qui les recherchent. C'est une irritation et
comme un chatouillement des sens, qui brise toute la force de l'âme; mais lorsque
cette magnificence a pour objet un appareil militaire, elle la fortifie et l'agrandit.
Ainsi Homère nous peint Achille, qui, à la vue des nouvelles armes que sa mère a
mises à ses pieds, est transporté hors de lui-même, et brûle d'impatience d'en faire
usage. Quand Philopémen eut mis dans les armes toute la parure des jeunes gens, il
s'appliqua à les former par l'exercice; et il leur inspira tant d'émulation et d'ardeur,
qu'ils obéissaient avec plaisir à tous les mouvements qu'il voulait leur faire exécuter.
Ils goûtèrent beaucoup leur nouvel ordre de bataille, ils sentirent que leurs rangs,
ainsi serrés, seraient plus difficiles à rompre, et ils trouvèrent leurs armes plus
légères, plus maniables; ils les portaient avec plus de plaisir; charmés de leur éclat et
de leur beauté, ils brûlaient d'ardeur de combattre, pour les essayer plus tôt contre
les ennemis.
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