[7] Ἐκ τούτου δόξαν ἔσχεν ὥσπερ εἰκὸς ὁ Φιλοποίμην. καὶ
τοῦ μὲν Ἀντιγόνου σπουδάσαντος ὅπως στρατεύοιτο μετ'
αὐτοῦ, καὶ διδόντος ἡγεμονίαν καὶ χρήματα, παρῃτήσατο,
μάλιστα τὴν ἑαυτοῦ φύσιν καταμαθὼν πρὸς (2) τὸ ἄρχεσθαι
δυσκόλως καὶ χαλεπῶς ἔχουσαν· ἀργεῖν δὲ καὶ σχολάζειν οὐ
βουλόμενος, ἀσκήσεως ἕνεκα καὶ μελέτης τῶν πολεμικῶν εἰς
Κρήτην ἔπλευσεν ἐπὶ στρατείαν· (3) κἀκεῖ συχνὸν χρόνον
ἐγγυμνασάμενος ἀνδράσι μαχίμοις καὶ ποικίλοις
μεταχειρίσασθαι πόλεμον, ἔτι δὲ σώφροσι καὶ κεκολασμένοις
περὶ δίαιταν, ἐπανῆλθεν οὕτω λαμπρὸς εἰς τοὺς Ἀχαιούς, ὥστ'
εὐθὺς ἵππαρχος ἀποδειχθῆναι. παραλαβὼν δὲ τοὺς ἱππεῖς
φαύλοις μὲν ἱππαρίοις ἐκ τοῦ προστυχόντος ὅτε συμβαίνοι
στρατεία προσχρωμένους, αὐτοὺς δὲ τὰς πολλὰς τῶν
στρατειῶν ἀποδιδράσκοντας, ἑτέρους δὲ πέμποντας ἀνθ'
ἑαυτῶν, δεινὴν δ' ἀπειρίαν μετ' ἀτολμίας πάντων οὖσαν,
περιορῶντας δὲ ταῦτα τοὺς ἄρχοντας ἀεὶ διά τε τὸ πλεῖστον ἐν
τοῖς Ἀχαιοῖς τοὺς ἱππεῖς δύνασθαι καὶ μάλιστα κυρίους (5) εἶναι
τιμῆς καὶ κολάσεως, οὐχ ὑπεῖξεν οὐδ' ἀνῆκεν, ἀλλὰ καὶ τὰς
πόλεις ἐπιών, καὶ κατ' ἄνδρα τῶν νέων ἕκαστον ἐπὶ τὴν
φιλοτιμίαν συνεξορμῶν, καὶ κολάζων τοὺς ἀνάγκης δεομένους,
μελέταις τε καὶ πομπαῖς καὶ πρὸς ἀλλήλους ἁμίλλαις
χρώμενος, ὅπου πλεῖστοι θεᾶσθαι μέλλοιεν, (6) <ἐν> ὀλίγῳ
χρόνῳ πᾶσι ῥώμην τε θαυμαστὴν καὶ προθυμίαν παρέστησε,
καὶ ὃ μέγιστον ἦν ἐν τοῖς τακτικοῖς, ἐλαφροὺς καὶ ὀξεῖς πρός τε
τὰς κατ' οὐλαμὸν ἐπιστροφὰς καὶ περισπασμοὺς καὶ τὰς καθ'
ἵππον ἐπιστροφὰς καὶ κλίσεις ἀπειργάσατο, καὶ συνείθισεν ὡς
ἑνὶ σώματι κινουμένῳ καθ' ὁρμὴν ἑκούσιον ἐοικέναι τὴν ὅλου
τοῦ συστήματος (7) ἐν ταῖς μεταβολαῖς εὐχέρειαν. συστάσης δὲ
τῆς περὶ τὸν Λάρισσον αὐτοῖς ποταμὸν ἰσχυρᾶς μάχης πρὸς
Αἰτωλοὺς καὶ Ἠλείους, ὁ τῶν Ἠλείων ἵππαρχος Δαμόφαντος
ὥρ(8)μησεν ἐπὶ τὸν Φιλοποίμενα προεξελάσας. δεξάμενος δὲ
τὴν ὁρμὴν ἐκεῖνος αὐτοῦ καὶ φθάσας τῷ δόρατι παίει καὶ (9)
καταβάλλει τὸν Δαμόφαντον. εὐθὺς δὲ τούτου πεσόντος
ἔφυγον οἱ πολέμιοι, καὶ λαμπρὸς ἦν ὁ Φιλοποίμην, ὡς οὔτε
κατὰ χεῖρα τῶν νέων τινὸς οὔτε συνέσει τῶν πρεσβυτέρων
ἀπολειπόμενος, ἀλλὰ καὶ μάχεσθαι καὶ στρατηγεῖν
ἱκανώτατος.
| [7] Depuis ce temps-là, Philopémen eut une célébrité bien méritée. Antigonus, qui
désirait de l'attacher à son service, lui ayant fait offrir un commandement dans son
armée et de grandes richesses, il les refusa, se connaissant un caractère trop difficile
et trop indépendant pour obéir à un étranger. IX. Mais comme il ne voulait pas
demeurer oisif et sans emploi, qu'il était bien aise de s'exercer et de se former de
plus en plus au métier des armes, il s'embarqua pour l'île de Crète, où l'on faisait la
guerre. Il y servit longtemps avec des hommes belliqueux, versés dans toutes les
parties de l'art militaire, très sobres d'ailleurs, et accoutumés à la vie la plus austère;
il y acquit une si grande réputation qu'à son retour il fut nommé, par les Achéens,
général de la cavalerie. Lorsqu'il eut pris possession de cette charge, il trouva ses
cavaliers très mal montés : ils n'avaient que de mauvais chevaux, qu'ils prenaient au
hasard lorsqu'ils devaient partir pour une expédition; le plus souvent même ils se
dispensaient d'y aller, et se faisaient remplacer; presque tous manquaient
d'expérience, et n'avaient ni courage ni hardiesse; leurs généraux négligeaient de
réformer ces abus, parce que, chez les Achéens, les cavaliers sont très puissants,
ayant le droit de récompenser et de punir. Philopémen ne voulut pas se laisser
entraîner à leur exemple, ni souffrir ce relâchement. Il parcourut lui-même les villes; et,
en piquant d'honneur chacun des jeunes gens en particulier, en châtiant même ceux
qu'il fallait contraindre, il leur faisait faire de fréquents exercices, des revues, des
combats d'apprentissage dans les lieux où ils avaient le plus de spectateurs. Par là il
les rendit en peu de temps aussi robustes que courageux, et, ce qui est encore plus
important dans la tactique, si légers et si prompts, que, dans toutes les évolutions,
dans tous les mouvements, soit de tout l'escadron ensemble, soit de chaque cavalier,
l'habitude des exercices leur avait donné une si grande agilité, que toute cette
cavalerie ne paraissait qu'un seul et même corps qui suivait un mouvement libre et
volontaire. X. Dans une grande bataille que les Achéens livrèrent près de la rivière
de Larisse contre les Étoliens et les Éléens, Damophante, général de la cavalerie
éléenne, sortant des rangs, courut sur Philopémen qui l'attendit de pied ferme, et
qui, l'ayant prévenu, le frappa si rudement de sa pique, qu'il le renversa de dessus
son cheval. Les ennemis, le voyant tombé, prirent aussitôt la fuite. Cet exploit accrut
beaucoup la réputation de Philopémen; on reconnut qu'il ne le cédait à aucun des
jeunes gens en courage, ni à aucun des vieillards en prudence, et qu'il était également
capable de combattre et de commander.
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