[6] Ἐπεὶ δ' Ἀντίγονος ὁ βασιλεὺς βοηθῶν ἐπὶ τὸν Κλεομένην
μετὰ τῶν Ἀχαιῶν ἐστράτευσε, καὶ τὰς περὶ Σελλασίαν ἄκρας
καὶ τὰς ἐμβολὰς κατέχοντος αὐτοῦ, παρέταξε τὴν δύναμιν
ἐγγύς, ἐπιχειρεῖν καὶ βιάζεσθαι δια(2)νοούμενος, ἦν μὲν ἐν τοῖς
ἱππεῦσι μετὰ τῶν ἑαυτοῦ πολιτῶν τεταγμένος καὶ ὁ
Φιλοποίμην, καὶ παραστάτας εἶχεν Ἰλλυριούς, οἷς τὰ λήγοντα
τῆς παρατάξεως συνεπέφρακτο, (3) πολλοῖς οὖσι καὶ μαχίμοις.
εἴρητο δ' αὐτοῖς ἐφεδρεύουσιν ἡσυχίαν ἔχειν, ἄχρι ἂν ἀπὸ
θατέρου κέρως ὑπὸ τοῦ (4) βασιλέως ἀρθῇ φοινικὶς ὑπὲρ
σαρίσης διατεταμένη. τῶν δ' ἡγεμόνων τοῖς Ἰλλυριοῖς
πειρωμένων ἐκβιάζεσθαι τοὺς Λακεδαιμονίους, καὶ τῶν
Ἀχαιῶν ὥσπερ προσετέτακτο τὴν ἐφεδρείαν ἐν τάξει
διαφυλαττόντων, Εὐκλείδας ὁ τοῦ Κλεομένους ἀδελφὸς
καταμαθὼν τὸ γινόμενον διάσπασμα περὶ τοὺς πολεμίους,
ταχὺ τοὺς ἐλαφροτάτους τῶν ψιλῶν περιέπεμψεν, ἐξόπισθεν
τοῖς Ἰλλυριοῖς ἐπιπεσεῖν κελεύσας καὶ περισπᾶν ἐρήμους τῶν
ἱππέων ἀπολελειμμένους. γινομένων δὲ τούτων, καὶ τῶν
ψιλῶν τοὺς Ἰλλυριοὺς περισπώντων καὶ διαταραττόντων,
συνιδὼν ὁ Φιλοποίμην οὐ μέγ' ὂν ἔργον ἐπιθέσθαι τοῖς ψιλοῖς,
καὶ τὸν καιρὸν ὑφηγούμενον τοῦτο, πρῶτον μὲν ἔφραζε τοῖς (7)
βασιλικοῖς· ὡς δ' οὐκ ἔπειθεν, ἀλλὰ μαίνεσθαι δοκῶν
κατεφρονεῖτο, οὐδέπω μεγάλης οὐδ' ἀξιοπίστου πρὸς τηλικοῦτο
στρατήγημα δόξης περὶ αὐτὸν οὔσης, αὐτὸς (8) ἐμβάλλει
συνεπισπασάμενος τοὺς πολίτας. γενομένης δὲ ταραχῆς τὸ
πρῶτον, εἶτα φυγῆς καὶ φόνου πολλοῦ τῶν ψιλῶν, βουλόμενος
ἔτι μᾶλλον ἐπιρρῶσαι τοὺς βασιλικοὺς καὶ προσμεῖξαι κατὰ
τάχος θορυβουμένοις τοῖς πολεμίοις, τὸν μὲν ἵππον ἀφῆκεν,
αὐτὸς δὲ πρὸς χωρία σκολιὰ καὶ μεστὰ ῥείθρων καὶ φαράγγων
πεζὸς ἐν ἱππικῷ θώρακι καὶ σκευῇ βαρυτέρᾳ χαλεπῶς καὶ
ταλαιπώρως ἁμιλλώμενος, διελαύνεται διαμπερὲς ὁμοῦ τοὺς
μηροὺς ἑκατέρους ἑνὶ μεσαγκύλῳ, καιρίας μὲν οὐ γενομένης,
ἰσχυρᾶς δὲ τῆς πληγῆς, ὥστε τὴν αἰχμὴν ἐπὶ θάτερα διῶσαι.
τὸ μὲν οὖν πρῶτον ἐνσχεθεὶς ὥσπερ δεσμῷ, παντάπασιν
ἀπόρως εἶχε. τὸ γὰρ ἔναμμα τῆς ἀγκύλης χαλεπὴν ἐποίει τοῦ
ἀκοντίσματος ἀνελκομένου διὰ τῶν τραυμάτων τὴν
πάροδον· ὡς δ' ὤκνουν οἱ παρόντες ἅψασθαι, καὶ τῆς μάχης
ἀκμὴν ὀξεῖαν ἐχούσης ἐσφάδαζεν ὑπὸ θυμοῦ καὶ φιλοτιμίας
πρὸς τὸν ἀγῶνα, τῇ παραβάσει καὶ τῇ παραλλάξει τῶν
σκελῶν διὰ μέσου κλάσας τὸ ἀκόντισμα, χωρὶς ἐκέλευσεν
ἑλκύσαι τῶν ἀγμάτων ἑκάτερον. οὕτω δ' ἀπαλλαγεὶς καὶ
σπασάμενος τὸ ξίφος, ἐχώρει διὰ τῶν προμάχων ἐπὶ τοὺς
πολεμίους, ὥστε πολλὴν προθυμίαν καὶ ζῆλον ἀρετῆς
παρασχεῖν τοῖς <συν>αγωνιζομένοις. (12) νικήσας οὖν ὁ
Ἀντίγονος ἀπεπειρᾶτο τῶν Μακεδόνων, ἐρω(13)τῶν διὰ τί μὴ
κελεύσαντος αὐτοῦ τὸ ἱππικὸν ἐκίνησαν. τῶν δ'
ἀπολογουμένων, ὡς παρὰ γνώμην βιασθεῖεν εἰς χεῖρας ἐλθεῖν
τοῖς πολεμίοις, μειρακίου Μεγαλοπολιτικοῦ προεμβαλόντος,
γελάσας ὁ Ἀντίγονος "ἐκεῖνο τοίνυν τὸ μειράκιον" εἶπεν "ἔργον
ἡγεμόνος μεγάλου πεποίηκεν."
| [6] VII. Quelque temps après, le roi Antigonus ayant marché avec les Achéens contre
Cléomène, qui s'était emparé des hauteurs de Sellasie et en occupait tous les passages,
rangea son armée en bataille fort près de lui, résolu de l'attaquer, et de le forcer dans ce
poste. Philopémen était avec ceux de Mégalopolis dans la cavalerie du roi, et se trouvait
soutenu par les Illyriens, qui, très nombreux et remplis de courage, fermaient la
bataille de ce côté-là. Ils avaient ordre de ne faire aucun mouvement, jusqu'à ce
qu'Antigonus, de l'aile où il était, eût élevé au bout d'une pique une cotte d'armes
de pourpre. Leurs chefs ayant voulu forcer les Lacédémoniens qu'ils avaient en tête,
les Achéens restèrent toujours immobiles, suivant l'ordre qu'ils en avaient reçu.
Alors Euclidas, frère de Cléomène, voyant cette infanterie séparée des gens de
cheval, fait avancer sur-le-champ son infanterie légère, pour charger par derrière les
Illyriens, ainsi dégarnis de leur cavalerie, et les obliger de tourner tête. Cet ordre fut
exécuté; l'infanterie légère d'Euclidas fit retourner les Illyriens, et les mit en
désordre. Philopémen voyant qu'il ne serait pas difficile de tomber sur cette
infanterie légère et de l'enfoncer, et que c'était le moment d'agir, en fait d'abord la
proposition aux officiers du roi. Mais loin de l'écouter, ils le traitèrent de fou, et ne
firent aucun cas de son avis. Sa réputation n'était pas encore assez grande, ni assez
bien établie, pour qu'on voulût risquer, sur sa parole, une telle manoeuvre. Alors
Philopémen, entraînant ses concitoyens, seul avec eux, fond sur cette infanterie qu'il
a bientôt enfoncée; il l'oblige enfin de prendre ouvertement la fuite, et en fait un
grand carnage. VIII. Pour encourager davantage les troupes du roi, et pousser avec
plus de vigueur les ennemis, dans le désordre où ils étaient, il quitte son cheval, et
marchant à pied, couvert d'une cuirasse de cavalier et de ses autres armes toutes
très pesantes, il s'avance à travers des chemins tortueux, pleins de torrents et de
fondrières. Il combattait ainsi avec beaucoup de peine et de difficulté, lorsqu'il eut les
deux cuisses percées d'un coup de javelot. La blessure, sans être mortelle, était très
grande; car le fer du javelot traversait les deux cuisses. Arrêté d'abord comme s'il eût
été lié, il ne savait que faire. La courroie du javelot s'opposait à ce qu'on pût le
retirer par la plaie, et personne de ceux qui étaient auprès de lui n'osait y toucher.
Cependant le combat était dans sa plus grande force, et devait se terminer bientôt.
Philopémen, qui brûlait de combattre, s'agitait de dépit et d'impatience; et, à force
d'avancer et de retirer alternativement ses cuisses, il vint à bout de rompre le javelot
par le milieu, et en fit retirer séparément les deux tronçons. A peine dégagé, il fond
sur les ennemis l'épée à la main, à la tête des premiers rangs, et, par son exemple,
inspire aux siens tant de courage et d'émulation, qu'il met les Spartiates en fuite.
Antigonus, après la victoire, voulant savoir la vérité, demanda à ses Macédoniens
pourquoi ils avaient fait charger leur cavalerie avant qu'il en eût donné l'ordre. Ils lui
dirent, pour se justifier, qu'ils avaient été forcés, malgré eux, d'en venir aux mains
avec les ennemis, parce qu'un jeune Mégalopolitain avait prévenu son ordre. « Ce
jeune homme, leur dit Antigonus en riant, s'est conduit en grand capitaine".
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