[4] Ἀπαλλαγεὶς δὲ διδασκάλων καὶ παιδαγωγῶν, ἐν μὲν
ταῖς πολιτικαῖς στρατείαις, ἃς ἐποιοῦντο κλωπείας ἕνεκα καὶ
λεηλασίας εἰς τὴν Λακωνικὴν ἐμβάλλοντες, εἴθισεν αὑτὸν
πρῶτον μὲν ἐκστρατευόντων, ὕστατον δ' ἀπερχομένων
βαδίζειν. σχολῆς δ' οὔσης ἢ κυνηγῶν διεπόνει τὸ σῶμα καὶ
κατεσκεύαζε κοῦφον ἅμα καὶ ῥωμαλέον, ἢ γεωργῶν. ἦν γὰρ
ἀγρὸς αὐτῷ καλὸς ἀπὸ σταδίων εἴκοσι τῆς πόλεως· εἰς τοῦτον
ἐβάδιζε καθ' ἡμέραν μετὰ τὸ ἄριστον ἢ μετὰ τὸ δεῖπνον, καὶ
καταβαλὼν ἑαυτὸν ἐπὶ στιβαδίου τοῦ τυχόντος ὥσπερ ἕκαστος
τῶν ἐργατῶν ἀνεπαύετο. (4) πρωῒ δ' ἀναστὰς καὶ
συνεφαψάμενος ἔργου τοῖς ἀμπελουργοῦσιν ἢ βοηλατοῦσιν,
αὖθις εἰς πόλιν ἀπῄει, καὶ περὶ τὰ δημόσια τοῖς φίλοις καὶ τοῖς
ἄρχουσι συνησχολεῖτο. τὰ μὲν οὖν ἐκ τῶν στρατειῶν
προσιόντα κατανήλισκεν εἰς ἵππους καὶ ὅπλα καὶ λύσεις
αἰχμαλώτων, τὸν δ' οἶκον ἀπὸ τῆς γεωργίας αὔξειν ἐπειρᾶτο
<τῷ> δικαιοτάτῳ τῶν χρηματισμῶν, οὐδὲ τοῦτο ποιούμενος
πάρεργον, ἀλλὰ καὶ πάνυ προσήκειν οἰόμενος οἰκεῖα
κεκτῆσθαι τὸν ἀλλοτρίων ἀφεξόμενον. ἠκροᾶτο δὲ λόγων
καὶ συγγράμμασι φιλοσόφων ἐνετύγχανεν, οὐ πᾶσιν, ἀλλ' ἀφ'
ὧν ἐδόκει (7) πρὸς ἀρετὴν ὠφελεῖσθαι. καὶ τῶν Ὁμηρικῶν ὅσα
(τὰς) πρὸς ἀνδρείαν ἐγείρειν καὶ παροξύνειν ἐνόμιζε <τὰς>
φαν(8)τασίας, τούτοις προσεῖχε. τῶν δ' ἄλλων ἀναγνωσμάτων
μάλιστα τοῖς Εὐαγγέλου τακτικοῖς ἐνεφύετο, καὶ τὰς περὶ
Ἀλέξανδρον ἱστορίας κατεῖχε, τοὺς λόγους ἐπὶ τὰ πράγματα
καταστρέφειν οἰόμενος, εἰ μὴ σχολῆς ἕνεκα καὶ (9) λαλιᾶς
ἀκάρπου περαίνοιντο. καὶ γὰρ τῶν τακτικῶν θεωρημάτων, τὰς
ἐπὶ τοῖς πινακίοις διαγραφὰς ἐῶν χαίρειν, ἐπὶ τῶν τόπων αὐτῶν
ἐλάμβανεν ἔλεγχον καὶ μελέτην ἐποιεῖτο, χωρίων συγκλινίας
καὶ πεδίων ἀποκοπὰς καὶ ὅσα περὶ ῥείθροις ἢ τάφροις ἢ
στενωποῖς πάθη καὶ σχήματα διασπωμένης καὶ πάλιν
συστελλομένης φάλαγγος ἐπισκοπῶν αὐτὸς πρὸς αὑτὸν ἐν ταῖς
ὁδοιπορίαις, καὶ τοῖς (10) μεθ' ἑαυτοῦ προβάλλων. ἔοικε γὰρ
οὗτος <ὁ> ἀνὴρ περαιτέρω τῆς ἀνάγκης ἐμφιλοκαλῆσαι τοῖς
στρατιωτικοῖς, καὶ τὸν πόλεμον ὡς ποικιλωτάτην ὑπόθεσιν τῆς
ἀρετῆς ἀσπάσασθαι, καὶ ὅλως καταφρονεῖν τῶν
ἀπολειπομένων ὡς ἀπράκτων.
| [4] Lorsqu'il eut quitté ses maîtres et ses gouverneurs, il prit part aux incursions
que ceux de Mégalopolis faisaient dans la Laconie pour piller et pour
emmener du butin. Il y prit l'habitude d'être toujours le premier à marcher, et le
dernier à revenir. Dans les jours de loisir, il s'exerçait ou à chasser, afin de rendre
son corps agile et robuste, ou à labourer la terre. Il avait, à vingt stades de la ville,
un beau domaine, où il allait tous les jours après dîner ou après souper. La nuit, il se
jetait sur une méchante paillasse, comme le moindre de ses ouvriers, et s'y reposait.
Le lendemain, il se levait au point du jour, et travaillait avec ses laboureurs ou ses
vignerons, et revenait ensuite à la ville s'occuper des affaires publiques avec ses
amis et les magistrats. Tout ce qu'il gagnait à la guerre, il l'employait en chevaux, en
armes ou en rachat de prisonniers. Il cherchait à augmenter son bien par les
produits de l'agriculture, le plus juste de tous les moyens d'acquérir; et il ne s'en
faisait pas une sorte d'amusement et de jeu; il s'y appliquait avec le plus grand soin,
persuadé que rien n'est plus convenable que d'accroître sa fortune par son travail,
pour n'être pas tenté d'usurper le bien des autres. V. Il aimait à s'instruire, et lisait les
ouvrages des philosophes, non pas tous, à la vérité, mais ceux qui pouvaient le
former à la vertu. Il choisissait, dans les poésies d'Homère, les endroits qu'il croyait
propres à exciter, à enflammer son courage. De toutes les autres lectures, il
préférait les Traités de tactique d'Évangelus, et les historiens d'Alexandre. Il
croyait que les paroles devaient toujours avoir pour but les actions, et qu'il ne fallait
pas lire seulement pour s'amuser, et pour se former à un babil infructueux. Dans les
ouvrages même de tactique, il attachait peu de prix aux plans tracés sur des
planches; il allait en faire l'application sur les lieux mêmes, afin d'en acquérir une
connaissance exacte. Dans ses marches, il observait avec soin les élévations et les
enfoncements du terrain, les inégalités, les formes et les situations diverses
auxquelles les troupes sont obligées de se plier, soit pour s'étendre, soit pour se
resserrer, selon que le champ de bataille est coupé de ruisseaux, de fossés et de
défilés; il en raisonnait ensuite avec ceux qui l'accompagnaient. Il paraît qu'en
général Philopémen avait porté trop loin sa passion pour la guerre : il s'était attaché
au métier des armes, comme à celui qui ouvrait le champ le plus vaste à la vertu; et il
méprisait comme des gens inutiles ceux qui ne suivaient pas cette profession.
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