[3] Γενόμενος δὲ γονέων παντάπασιν ἀδόξων, αὐτουργῶν
δὲ καὶ πενήτων, πατρὸς μὲν ὁμωνύμου, μητρὸς δὲ Φουλκινίας,
ὀψέ ποτε πόλιν εἶδε καὶ τῶν ἐν πόλει διατριβῶν ἐγεύσατο, τὸν
δ' ἄλλον χρόνον ἐν κώμῃ Κερεατίνων τῆς Ἀρπίνης δίαιταν εἶχε,
πρὸς μὲν ἀστεῖον καὶ γλαφυρὸν βίον ἀγροικοτέραν, σώφρονα
δὲ καὶ ταῖς (2) πάλαι Ῥωμαίων τροφαῖς ἐοικυῖαν. πρώτην δὲ
στρατείαν στρατευσάμενος ἐπὶ Κελτίβηρας, ὅτε Σκιπίων
Ἀφρικανὸς Νομαντίαν ἐπολιόρκει, τὸν στρατηγὸν οὐκ
ἐλάνθανεν ἀνδρείᾳ τῶν ἄλλων νέων διαφέρων, καὶ τὴν
μεταβολὴν τῆς διαίτης, ἣν ὑπὸ τρυφῆς καὶ πολυτελείας
διεφθαρμένοις ἐπῆγε τοῖς στρατεύμασιν ὁ Σκιπίων,
εὐκολώτατα (3) προσδεχόμενος. λέγεται δὲ καὶ πολέμιον ἄνδρα
συστὰς (4) καταβαλεῖν ἐν ὄψει τοῦ στρατηγοῦ. διὸ ταῖς τ'
ἄλλαις προήγετο τιμαῖς ὑπ' αὐτοῦ, καί ποτε λόγου μετὰ
δεῖπνον ἐμπεσόντος ὑπὲρ στρατηγῶν, καὶ τῶν παρόντων ἑνὸς
εἴτ' ἀληθῶς διαπορήσαντος εἴτε πρὸς ἡδονὴν ἐρομένου τὸν
Σκιπίωνα, τίνα δὴ τοιοῦτον ἕξει μετ' ἐκεῖνον ἡγεμόνα καὶ
προστάτην ὁ Ῥωμαίων δῆμος, ὑπερκατακειμένου τοῦ Μαρίου
τῇ χειρὶ τὸν ὦμον ἠρέμα πατάξας ὁ Σκιπίων (5) "τάχα δὲ
τοῦτον" εἶπεν. οὕτως εὐφυὴς ἦν ὁ μὲν ἐκ μειρακίου φανῆναι
μέγας, ὁ δ' ἀπὸ τῆς ἀρχῆς τὸ τέλος νοῆσαι.
| [3] III. Il naquit de parents obscurs et pauvres, réduits à gagner leur vie du
travail de leurs mains. Son père s'appelait, comme lui, Marius, et sa mère, Fulcinie. Il
ne vint pas de bonne heure à Rome, et ne connut que tard les moeurs et les usages
de la ville. Il avait passé les premières années de sa vie dans un bourg de l'Arpinum,
nommé Cerrétinum, où il menait une vie grossière, en comparaison de la
politesse et de l'urbanité des villes, mais tempérante, et semblable à celle des anciens
Romains. Il fit sa première campagne contre les Celtibériens, pendant que Scipion
l'Africain faisait le siége de Numance. Ce général eut bientôt reconnu dans Marius
une grande supériorité de courage sur tous les autres jeunes gens; il lui vit embrasser
avec la plus grande facilité la nouvelle discipline que Scipion avait introduite dans
des armées corrompues par le luxe et par la mollesse. Il combattit un jour un des
ennemis à la vue de son général, et le tua. Scipion chercha depuis à se l'attacher en le
comblant d'honneurs; et un soir que Marius était à sa table, la conversation étant
tombée, après le souper, sur les généraux de ce temps-là, un des convives, soit qu'il
fût véritablement dans le doute, soit qu'il voulut flatter Scipion, lui demanda quel
capitaine le peuple romain aurait après lui pour le remplacer. Scipion, qui avait
Marius au-dessous de lui, le frappa doucement de la main sur l'épaule, en disant :
«Ce sera peut-être celui-ci; » tant ces deux hommes étaient heureusement nés, l'un
pour annoncer dès sa jeunesse sa grandeur future, et l'autre pour conjecturer quelle
fin aurait le début de ce jeune homme!
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