[8,6] ΠΡΟΒΛΗΜΑ
Περὶ τῶν ὀψὲ παραγινομένων ἐπὶ τὸ δεῖπνον· ἐν ᾧ καὶ πόθεν
ἀκράτισμα καὶ ἄριστον καὶ δεῖπνον ὠνομάσθη.
Τῶν υἱῶν μου τοὺς νεωτέρους ἐν θεάτρῳ προσδιατρίψαντας
ἀκροάμασι καὶ βράδιον ἐπὶ τὸ δεῖπνον ἐλθόντας
οἱ Θέωνος υἱοὶ ’κωλυσιδείπνους‘ καὶ ’ζοφοδορπίδας‘
καὶ τοιαῦτα μετὰ παιδιᾶς ἔσκωπτον· οἱ δ´
ἀμυνόμενοι πάλιν ἐκείνους ’τρεχεδείπνους‘ ἀπεκάλουν.
καί τις εἶπε τῶν πρεσβυτέρων τρεχέδειπνον εἶναι τὸν
ὑστερίζοντα τοῦ δείπνου· θᾶττον γὰρ ἢ βάδην ἐπειγόμενον,
ὅταν βραδύνῃ, φαίνεσθαι· καὶ Γάββα τοῦ παρὰ
Καίσαρι γελωτοποιοῦ χάριεν ἀπεμνημόνευσεν· ἐκεῖνος γὰρ
’ἐπιθυμοδείπνους‘ ἐκάλει τοὺς ὀψὲ παραγινομένους ἐπὶ
δεῖπνον, ἀσχολουμένους γὰρ αὐτοὺς ὅμως διὰ τὸ φιλόδειπνον
οὐκ ἀπολέγεσθαι τὰς κλήσεις.
ἐγὼ δ´ εἶπον, ὅτι καὶ Πολύχαρμος ἐν Ἀθήναις δημαγωγῶν καὶ
τοῦ βίου διδοὺς ἀπολογισμὸν ἐν ἐκκλησίᾳ ’ταῦτ´‘ εἶπεν,
’ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τἀμά· καὶ πρὸς τούτοις, οὐδέποτε κληθεὶς
ἐπὶ δεῖπνον ὕστατος ἀφικόμην.‘ δημοτικὸν γὰρ εὖ
μάλα δοκεῖ τὸ τοιοῦτο, καὶ τοὐναντίον οἱ ἄνθρωποι τοὺς
ὀψὲ παραγινομένους ἀναγκαζόμενοι περιμένειν ὡς ἀηδεῖς
καὶ ὀλιγαρχικοὺς βαρύνονται.
Ὁ δὲ Σώκλαρος ὑπερδικῶν τῶν νεανίσκων ’ἀλλ´
οὐδὲ τὸν Πιττακόν‘ ἔφη ’ζοφοδορπίδαν ὁ Ἀλκαῖος
ὡς ὀψὲ δειπνοῦντα λέγεται προσειπεῖν, ἀλλ´
ὡς ἀδόξοις τὰ πολλὰ καὶ φαύλοις ἡδόμενον συμπόταις·
τὸ μέντοι πρωίτερον δειπνεῖν ὄνειδος ἦν πάλαι, καὶ τὸ
ἀκράτισμά φασιν οὕτως λέγεσθαι διὰ τὴν ἀκρασίαν.‘
ὑπολαβὼν δ´ ὁ Θέων ’ἥκιστ´‘ εἶπεν, ’εἰ δεῖ τοῖς τὸν
ἀρχαῖον βίον διαμνημονεύουσιν πιστεύειν. φασὶ γὰρ ἐκείνους,
ἐργατικοὺς ἅμα καὶ σώφρονας ὄντας, ἕωθεν ἐσθίειν
ἄρτον ἐν ἀκράτῳ, καὶ μηθὲν ἄλλο· διὸ τοῦτο μὲν ἀκράτισμα
καλεῖν διὰ τὸν ἄκρατον, ὄψον δὲ τὸ παρασκευαζόμενον
εἰς δεῖπνον αὐτοῖς· ὀψὲ γὰρ δειπνεῖν ἀπὸ τῶν πράξεων
γενομένους.‘
Ἐκ τούτου καὶ τὸ δεῖπνον καὶ τὸ ἄριστον, ἀφ´ ὅτου λάβοι
τοὔνομα, ζήτησιν παρέσχεν. καὶ τὸ μὲν ἄριστον ἐδόκει
τῷ ἀκρατίσματι ταὐτὸν εἶναι, μαρτυρεῖ τῷ Ὁμήρῳ λέγοντι
τοὺς περὶ τὸν Εὔμαιον
’ἐντύνοντ´ ἄριστον ἅμ´ ἠοῖ φαινομένῃφι,‘
καὶ πιθανὸν ἐδόκει διὰ τὴν ἑωθινὴν αὔραν ἄριστον ὠνομάσθαι
καθάπερ τὸ αὔριον· τὸ δὲ δεῖπνον, ὅτι τῶν πόνων
διαναπαύει· πράξαντες γάρ τι δειπνοῦσιν ἢ μεταξὺ πράττοντες·
ἔστι δὲ καὶ τοῦτο παρ´ Ὁμήρου λαβεῖν λέγοντος
’ἦμος δὲ δρυτόμος περ ἀνὴρ ὡπλίσσατο δεῖπνον.‘
εἰ μὴ νὴ Δία τὸ ἄριστον αὐτόθεν ἀπραγμόνως προσφερόμενοι
καὶ ῥᾳδίως ἀπὸ τῶν τυχόντων, τὸ δὲ δεῖπνον ἤδη
παρεσκευασμένον, ἐκεῖνο μὲν ῥᾷστον, τοῦτο δ´ ὥσπερ
διαπεπονημένον ἐκάλεσαν.
Ὑβριστὴς δ´ ὢν καὶ φιλόγελως φύσει ὁ ἀδελφὸς
ἡμῶν Λαμπρίας ἔφη μυρίῳ τὰ Ῥωμαϊκὰ δείξειν οἰκειότερα
τῶν Ἑλληνικῶν ὀνόματα, τοσαύτης ἀδείας τῷ φλυαρεῖν
δεδομένης. ’τὸ μὲν γὰρ δεῖπνόν φασι ‘κῆναν’ διὰ
τὴν κοινωνίαν καλεῖσθαι· καθ´ ἑαυτοὺς γὰρ ἠρίστων ἐπιεικῶς
οἱ πάλαι Ῥωμαῖοι συνδειπνοῦντες τοῖς φίλοις. τὸ
δ´ ἄριστον ἐκλήθη ‘πράνδιον’ ἀπὸ τῆς ὥρας· ἔνδιον γὰρ
τὸ δειλινόν, καὶ τὴν μετ´ ἄριστον ἀνάπαυσιν ἐνδιάζειν·
ἢ πρωινήν τινα σημαίνοντες ἐδωδήν, ἢ τροφὴν ᾗ χρῶνται
πρὶν ἐνδεεῖς γενέσθαι. καὶ μήν, ἵν´ ἀφῶ τὰ στρώματ´‘
ἔφη ’τὸν οἶνον τὸ μέλι τοὔλαιον τὸ γεύσασθαι τὸ προπιεῖν
ἕτερα πάμπολλα τοῖς αὐτοῖς ὀνόμασι καταφανῶς χρώμενα,
τίς οὐκ ἂν εἴποι ἐπὶ κῶμον Ἑλληνικῶς ‘κωμισσᾶτον’
λέγεσθαι, καὶ τὸ κεράσαι ‘μισκῆρε’ καθ´ Ὅμηρον
‘ἡ δ´ αὖτ´ ἐν κρητῆρι μελίφρονα οἶνον ἔμισγε,’
καί ‘μῆνσαν’ μὲν τὴν τράπεζαν ἀπὸ τῆς ἐν μέσῳ
θέσεως, ‘πᾶνιν’ δὲ τὸν ἄρτον ὡς ἀνιέντα τὴν πεῖναν, τὸν
δὲ στέφανον ‘κορῶναν’ ἀπὸ τῆς κεφαλῆς ὡς Ὅμηρος
τὸ κράνος εἴκασέ που στεφάνῃ, τὸ δ´ ἔδειν
‘ἔδερε’ | καί ‘δέντης’ τοὺς ὀδόντας καί ‘λάβρα’ τὰ
χείλη ἀπὸ τοῦ λαμβάνειν τὴν βορὰν δι´ αὐτῶν; ἢ καὶ τούτων
οὖν ἀκουστέον ἀγελαστὶ λεγομένων ἢ μηδ´ ἐκείνοις
εὐκόπους οὕτως διὰ τῶν ὀνομάτων ὥσπερ τριγχίων τὰ
μὲν ἐκκόπτουσι μέρη τὰ δὲ καθαιροῦσιν παραδύσεις διδῶμεν.‘
| [8,6] QUESTION VI.
Sur ceux qui viennent tard au souper; et, à cette occasion, d'où
l'acratisma (déjeuner), l'ariston (dîner), et le deipnon (souper), ont
reçu leur nom.
PERSONNAGES DU DIALOGUE :
LES FILS DE PLUTARQUE - LES FILS DE THÉON - THÉON -
PLUTARQUE - SOCLARUS.
1. Mes deux fils cadets étaient restés un peu plus longtemps
au théâtre, à entendre ce qui s'y récitait; et comme
ils étaient arrivés en retard au souper, les fils de Théon se
moquaient d'eux, disant qu'ils empêchaient les soupers, que
c'étaient des «soupeurs de ténèbres» ; et ils leur lançaient,
en plaisantant, d'autres propos semblables. Les miens ripostaient
à leur tour, les traitant, eux autres, de «coureurs
de soupers». Alors un des plus âgés d'entre nous se mit à
dire que le coureur de soupers est celui qui arrive après
les autres, puisqu'on le voit se hâter de venir plus vite que
le pas en raison de ce qu'il est en retard. A ce propos il
cita une plaisanterie assez piquante de Battus, bouffon de
César. Battus disait de ceux qui viennent tard au festin, que
ce sont des «soupeurs passionnés», puisque malgré leurs
affaires ils ne refusent pas pour cela les invitations, tant ils
aiment les bons morceaux.
2. Je rappelai alors un autre mot, d'un certain Polycharme.
Comme il était un des démagogues d'Athènes et
qu'il rendait compte de sa conduite dans une assemblée :
«Athéniens, dit-il en terminant son discours, voilà mes
actes. Et de plus, jamais, quand j'ai été invité à un festin,
je ne suis arrivé le dernier de tous.» Une pareille exactitude
semble, en effet, essentiellement démocratique; et, au contraire,
ceux qui, par leur retard, forcent des conviés d'attendre,
les indisposent gravement, et sont traités par eux
de gens désagréables et d'aristocrates.
3. Mais Soclarus plaida en faveur de mes jeunes gens.
«Ne croyez pas non plus, dit-il, que quand Alcée appelle
Pittacus «soupeur de ténèbres», il fasse allusion à l'habitude
qu'avait celui-ci de souper tard : c'est à cause que Pittacus,
le plus souvent, se plaisait à réunir des convives
obscurs et de bas étage. Autrefois c'était souper de trop
bonne heure qui était une honte, et l'on prétend que le mot
acratisma (déjeuner) vient de "a" privatif et de "cratos" «empire sur soi».
4. Théon prenant alors la parole : Il n'en est rien, dit-il,
si nous devons ajouter foi à ceux qui ont conservé des
souvenirs exacts sur l'ancienne manière de vivre. Car on dit que nos
pères, hommes à la fois laborieux et modérés, mangeaient
le matin du pain trempé dans du vin pur, sans rien de plus,
et qu'à cause de cela, cette réfection s'appelait "acratisma",
du mot "a cratos", vin pur; que ce qui leur était servi à table
pour le souper se nommait "opson", parce qu'ils soupaient
tard, "opse", et quand ils avaient terminé leurs affaires.»
De là on en vint à demander quelle est aussi l'origine
du mot deipnon, et celle du mot ariston. On inclinait à
penser que a l'ariston était le même repas que «l'acratisma» ;
et l'on s'appuyait du témoignage d'Homère, qui
nous montre Eumée :
"Au lever du soleil apprêtant l'ariston."
Or il paraît vraisemblable, que c'était à cause de l'heure
matinale qu'il s'appelait «ariston», comme qui dirait
"aurion" (matin). Quant à «deipnon», on le faisait dériver
de "dianapauein tôn ponôn", «mettre un terme aux travaux».
Car le souper se prend à la suite de quelque besogne
terminée, ou pendant qu'elle s'accomplit. C'est ce
que l'on peut conclure encore de ces paroles d'Homère :
"Lorsque le bucheron préparait son deipnon."
A moins, en vérité, que l' "ariston" ne fût un repas qui se
prenait sur place, sans le moindre embarras, un repas que
l'on se procurait facilement, avec la première chose venue,
au lieu que le "deipnon" était préparé de longue main. En ce
cas le premier de ces deux mots viendrait de "raston" «très
facile», et le second, de "diapeponéménon" «excessivement travaillé».
5. En sa qualité d'homme à nature caustique et facétieuse,
mon frère Lamprias dit alors, que du moment qu'était
accordée une licence si complète de dire des futilités, il
nous montrerait des mots latins mille fois plus judicieusement
appropriés que ceux-là ne le sont en grec. «Le souper
"coena" est ainsi appelé, dit-il, parce que c'est une réunion en
commun (coinos). En effet, les anciens Romains avaient
généralement l'habitude de dîner seuls, mais de souper avec
leurs amis. Le dîner, prandium, tire son nom de l'heure
où l'on dîne, "para endion": vu que "endion" signifie «matinal»,
et que «rester tranquille après dîner» se dit "endiadzein".
Ou bien encore, continua Lamprias, ce mot désigne quelque
nourriture du matin, que l'on mange avant d'avoir besoin,
"prin endeisthai". Je vous fais grâce des mots stromata, vinum,
mel, oleum, "gueusasthai" (goûter) "propinein" (boire à la
santé de quelqu'un), et d'une foule d'autres, qui sont
visiblement empruntés au grec ; mais on ne saurait nier que
comessari (faire débauche à table) n'ait emprunté son étymologie
au grec "kômos"; que miscere (mêler) ne tire la sienne
de "kerasai", qui se trouve employé dans Homère:
"Elle mélangea d'eau le doux vin de la coupe".
Mensa (table), vient de "en mesô thesis" (place au milieu);
panis (pain), de "peinan anieis", «faisant disparaître la
faim» ; corona (couronne), de carène, «tête». Quelque
part Homère, pour signifier casque, emploie le mot stephané
qui veut dire «ruban de tête». Caedere (battre de verges),
vient de "déreïn"; dentes (les dents), de "di' autôn", «par
elles-mêmes»; labra (les lèvres), de "lambanein boran",
«prendre la nourriture». Ou bien il faut accepter ces étymologies
sans en rire, ou bien il ne faut pas ouvrir si largement
la porte à ceux qui, fourrageant à travers les mots
comme à travers une chevelure épaisse, rognent les uns et
suppriment les autres.»
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