[8,1] ΠΡΟΒΛΗΜΑ Α
Περὶ ἡμερῶν ἐν αἷς γεγόνασί τινες τῶν ἐπιφανῶν· ἐν ᾧ καὶ
περὶ τῆς λεγομένης ἐκ θεῶν γενέσεως.
Τῇ ἕκτῃ τοῦ Θαργηλιῶνος ἱσταμένου τὴν Σωκράτους
ἀγαγόντες γενέθλιον τῇ ἑβδόμῃ τὴν Πλάτωνος ἤγομεν,
καὶ τοῦτο πρῶτον λόγους ἡμῖν παρεῖχε τῇ συντυχίᾳ
πρέποντας, ὧν κατῆρξεν Διογενιανὸς ὁ Περγαμηνός.
ἔφη γὰρ οὐ φαύλως εἰπεῖν Ἴωνα περὶ
τῆς τύχης ὅτι πολλὰ τῆς σοφίας διαφέρουσα πλεῖστ´
αὐτῇ ὅμοια ποιεῖ· τοῦτο μέντοι μουσικῶς ἔοικεν ἀπαυτοματίσαι
τὸ μὴ μόνον οὕτω σύνεγγυς, ἀλλὰ καὶ πρότερον
τῇ τάξει γεγονέναι τὸν πρεσβύτερον καὶ καθηγητήν.
ἐμοὶ δὲ πολλὰ λέγειν ἐπῄει τοῖς παροῦσι τῶν εἰς ταὐτὸ
καιροῦ συνδραμόντων· οἷον ἦν τὸ περὶ τῆς Εὐριπίδου γενέσεως
καὶ τελευτῆς, γενομένου μὲν ἡμέρᾳ καθ´ ἣν οἱ
Ἕλληνες ἐναυμάχουν ἐν Σαλαμῖνι πρὸς τὸν Μῆδον, ἀποθανόντος
δὲ καθ´ ἣν ἐγεννήθη Διονύσιος ὁ πρεσβύτερος
τῶν ἐν Σικελίᾳ τυράννων· ἅμα τῆς τύχης, ὡς Τίμαιος
ἔφη, τὸν μιμητὴν ἐξαγούσης τῶν τραγικῶν
παθῶν καὶ τὸν ἀγωνιστὴν ἐπεισαγούσης. ἐμνήσθησαν δὲ
καὶ τῆς Ἀλεξάνδρου τοῦ βασιλέως τελευτῆς καὶ τῆς Διογένους
τοῦ Κυνὸς ἡμέρᾳ μιᾷ γενομένης. καὶ τὸν μὲν
Ἄτταλον ἐν τοῖς ἑαυτοῦ γενεθλίοις τὸν βασιλέα τελευτῆσαι
συνεφωνεῖτο· Πομπήιον δὲ Μᾶγνον οἱ μὲν ἐν τοῖς γενεθλίοις
ἔφασαν, οἱ δὲ πρὸ μιᾶς ἡμέρας τῶν γενεθλίων ἀποθανεῖν
περὶ Αἴγυπτον. ἧκεν δὲ καὶ Πίνδαρος ἐπὶ μνήμην ἐν
Πυθίοις γενόμενος, πολλῶν καὶ καλῶν ὕμνων τῷ θεῷ
χορηγός.
Ὁ δὲ Φλῶρος οὐδὲ Καρνεάδην ἀπαξιοῦν ἔφη μνήμης
ἐν τοῖς Πλάτωνος γενεθλίοις, ἄνδρα τῆς Ἀκαδημίας
εὐκλεέστατον ὀργιαστήν· Ἀπόλλωνος γὰρ ἀμφοτέρους
ἑορτῇ γενέσθαι, τὸν μὲν {γὰρ} Θαργηλίοις Ἀθήνησιν, τὸν
δὲ Κάρνεια Κυρηναίων ἀγόντων· ’ἑβδόμῃ δ´ ἀμφοτέρας
ἑορτάζουσιν, καὶ τὸν θεὸν ὡς ταύτῃ γενόμενον ὑμεῖς‘
εἶπεν ’οἱ προφῆται καὶ ἱερεῖς Ἑβδομαγενῆ καλεῖτε. διὸ
τοὺς Ἀπόλλωνι τὴν Πλάτωνος τέκνωσιν ἀνατιθέντας οὐκ
ἂν οἶμαί τινα φάναι καταισχύνειν τὸν θεόν, ἐπὶ μείζονα
πάθη καὶ νοσήματα τοῦτον ἡμῖν διὰ Σωκράτους ἰατρὸν
ὥσπερ ἑτέρου Χείρωνος ἀπειργασμένον.‘ ἅμα δὲ τῆς λεγομένης
Ἀρίστωνι τῷ Πλάτωνος πατρὶ γενέσθαι καθ´ ὕπνον
ὄψεως καὶ φωνῆς ἀπαγορευούσης μὴ συγγενέσθαι τῇ
γυναικὶ μηδ´ ἅψασθαι δέκα μηνῶν ἐμνημόνευσεν.
Ὑπολαβὼν δὲ Τυνδάρης ὁ Λακεδαιμόνιος ’ἄξιον
μέν ἐστιν‘ ἔφη ’περὶ Πλάτωνος ᾄδειν καὶ λέγειν τὸ
‘οὐδὲ ἐῴκει
ἀνδρός γε θνητοῦ πάις ἔμμεναι ἀλλὰ θεοῖο·’
τοῦ δὲ θείου δέδια μὴ δόξῃ τῷ ἀφθάρτῳ μάχεσθαι τὸ
γεννῶν οὐχ ἧττον ἢ τὸ γεννώμενον· μεταβολὴ γάρ τις
καὶ αὐτὴ καὶ πάθος· ὥς που καὶ Ἀλέξανδρος ὑπενόησεν,
εἰπὼν μάλιστα θνητὸν καὶ φθαρτὸν ἐπιγινώσκειν ἑαυτὸν
ἐν τῷ συγγίνεσθαι γυναικὶ καὶ καθεύδειν, ὡς τὸν μὲν
ὕπνον ἐνδόσει γινόμενον ὑπ´ ἀσθενείας, γένεσιν δὲ πᾶσαν
οἰκείου τινὸς εἰς ἕτερον ἔκστασιν καὶ φθορὰν οὖσαν. | ἀναθαρρῶ
δὲ πάλιν αὐτοῦ Πλάτωνος ἀκούων
πατέρα καὶ ποιητὴν τοῦ τε κόσμου καὶ τῶν ἄλλων γεννητῶν
τὸν ἀγέννητον καὶ ἀίδιον θεὸν ὀνομάζοντος, οὐ διὰ
σπέρματος δήπου γενομένων, ἄλλῃ δὲ δυνάμει τοῦ θεοῦ
τῇ ὕλῃ γόνιμον ἀρχήν, ὑφ´ ἧς ἔπαθεν καὶ μετέβαλεν,
ἐντεκόντος·
‘λήθουσι γάρ τοι κἀνέμων διέξοδοι
θήλειαν ὄρνιν, πλὴν ὅταν παρῇ τόκος’·
καὶ οὐδὲν οἴομαι δεινόν, εἰ μὴ πλησιάζων ὁ θεὸς ὥσπερ
ἄνθρωπος, ἀλλ´ ἑτέραις τισὶν ἁφαῖς δι´ ἑτέρων καὶ ψαύσεσι
τρέπει καὶ ὑποπίμπλησι θειοτέρας γονῆς τὸ θνητόν.
‘καὶ οὐκ ἐμὸς ὁ μῦθος’ εἶπεν ’ἀλλ´ Αἰγύπτιοι
τόν τ´ Ἆπιν οὕτως λοχεύεσθαί φασιν ἐπαφῇ τῆς
σελήνης, καὶ ὅλως ἄρρενι θεῷ πρὸς γυναῖκα θνητὴν ἀπολείπουσιν
ὁμιλίαν· ἀνάπαλιν δ´ οὐκ ἂν οἴονται θνητὸν
ἄνδρα θηλείᾳ θεῷ τόκου καὶ κυήσεως ἀρχὴν παρασχεῖν
διὰ τὸ τὰς οὐσίας τῶν θεῶν ἐν ἀέρι καὶ πνεύμασιν καί
τισι θερμότησι καὶ ὑγρότησι τίθεσθαι.‘
| [8,1] QUESTION I :
Sur les jours où sont nés certains personnages illustres. Il y est
aussi parlé des hommes que l'on appelle «enfants des dieux.»
PERSONNAGES DU DIALOGUE :
DIOGÉNIEN - PLUTARQUE - FLORUS - TYNDARÉS.
1. Après avoir, le six du mois de Thargélion , fêté
l'anniversaire de la naissance de Socrate, nous célébrâmes,
le sept, celui de la naissance de Platon. Ce fut tout d'abord
un texte d'entretiens appropriés à la circonstance; et le premier
d'entre nous qui les entama fut Diogénien de Pergame.
«Ce n'est pas à tort, dit-il, qu'en parlant de la Fortune,
Ion a fait remarquer que, tout en différant de la Sagesse
sous beaucoup de points, elle produit pourtant des effets
analogues à celle-ci. Il semble, tout au moins, que la Fortune
ait voulu ménager par un harmonieux à-propos le
concours de ces deux naissances. Non seulement elles se
trouvent ainsi rapprochées l'une de l'autre; mais encore
celui qui est le premier en gloire est né le premier, servant
comme d'introducteur au second.
Il me vint alors à l'esprit, de rappeler aux personnes qui
étaient là plusieurs exemples d'événements simultanés : celui,
entre autres, de la naissance et de la mort d'Euripide.
Ce poète naquit le jour où les Grecs combattaient sur mer
à Salamine contre le Mède, et il mourut le jour où naissait
Denys l'Ancien, tyran de Sicile : de telle sorte, pour emprunter
les paroles de Timée, qu'au moment où la Fortune
retirait hors du monde celui qui représentait des événements
tragiques, elle y introduisait celui qui devait en accomplir de
nouveaux. On mentionna pareillement la fin d'Alexandre,
le roi de Macédoine, et celle du cynique Diogène, lesquelles
arrivèrent en un même jour. On s'accorda à constater que
le roi Attale était mort à un retour de l'anniversaire de sa
naissance. Pour Pompée le Grand, les uns voulaient que
ce fût le jour de sa nativité, les autres, un jour auparavant,
qu'il avait trouvé le trépas sur le rivage d'Egypte. On vint
aussi à se rappeler Pindare, né pendant la célébration des
jeux Pythiques, lui qui contribua par tant et de si belles
hymnes aux fêtes solennelles du dieu.
2. Florus ajouta, qu'il ne croyait pas la mémoire de Carnéade
indigne d'être citée dans un anniversaire de la naissance
de Platon, puisque Carnéade était un des plus glorieux
desservants de l'Académie. Ils naquirent tous les deux
à l'époque de la fête d'Apollon : l'un pendant les Thargélies,
à Athènes, l'autre au moment où les Cyrénéens célébraient
les Carnéennes, double solennité qui tombe le
septième jour du mois de Thargélion. «Précisément, continua
Florus, vous autres, prêtres et prophètes d'Apollon,
vous dites que le dieu est né ce jour-là, et vous lui donnez
le nom d'Hebdomagène. Aussi, quand on attribue à Apollon
la naissance de Platon, je ne pense pas que personne
puisse y trouver rien qui soit indigne du dieu, Celui-ci, en
effet, nous a créé dans la personne du philosophe un médecin
qui par les leçons de Socrate, comme à l'école d'un
autre Chiron, apprit l'art de guérir des affections et des
maladies plus graves que celles du corps. A ce même propos,
n'oublions pas de mentionner la vision qu'avait eue,
à ce que l'on a rapporté, Ariston, père de Platon : à savoir,
qu'une voix avait en songe défendu à cet Ariston de s'approcher
de sa femme et de la toucher durant un laps de dix mois.
3. Tyndarès le Lacédémonien prit alors la parole : «Il y
a bien lieu, dit-il, de chanter et de dire de Platon :
"On eût cru voir le fils d'un dieu, non d'un mortel".
Car je crains que le fait d'engendrer ne paraisse aussi
incompatible avec l'immortalité d'un dieu, que celui d'être
engendré : puisque le premier de ces deux actes constitue,
aussi bien que l'autre, un changement et une passion.
C'est ce qu'Alexandre me paraît avoir également insinué,
quand il disait "qu'à deux choses surtout il se reconnaissait
mortel et périssable : à ce qu'il se rapprochait des
femmes et à ce qu'il dormait". Il est certain, en effet, que le
sommeil est un relâchement produit par la faiblesse. Il est
certain, d'autre part, que tout acte de génération est une
transmigration de soi-même en un autre, et une déperdition
de sa propre substance. Mais je reprends courage, lorsque
j'entends Platon lui-même appeler "père et créateur du
monde et de tout ce qui existe" le Dieu incréé et éternel.
Non pas que rien soit créé par semence, mais parce qu'en
Dieu réside un autre pouvoir, imprimant à la matière une
vertu génératrice qui la modifie et la change.
"Le vent, même le vent, peut, du sein de la nue,
Féconder les oiseaux avant que soit venue
L'époque de la ponte ...".
«Je ne trouve donc rien d'étrange à ce que Dieu se rapproche
d'une mortelle aussi bien que le fait un homme.
Seulement, c'est par des étreintes d'un autre genre, par
d'autres organes, par d'autres contacts qu'il la subjugue,
pour déposer dans les flancs d'une créature humaine un
germe plus divin. Ce n'est pas là une fable de mon invention,
ajouta Tyndarès. Les Égyptiens prétendent que leur
Apis fut ainsi engendré par l'influence de la Lune. Ils
accordent complétement à un dieu mâle la faculté de cohabiter
avec une femme ; mais ils ne pensent pas que réciproquement
un mortel puisse communiquer à une déesse un
principe de grossesse et de génération : parce que, selon eux,
la substance des déesses est seulement un composé d'air,
d'esprits, de certaines chaleurs et de certaines humidités.»
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